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samedi 29 septembre 2012

Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire- 30 septembre 2012

Jean, un des douze apôtres, n’en revenait pas ! Il avait vu quelqu’un qui chassait les démons et les esprits mauvais, sans être mandaté par Jésus. Un concurrent, somme toute ! Et Jean le dénonçait et réclamait des sanctions. Car seuls les Douze avaient reçu ce pouvoir de Jésus, lorsque celui-ci les avait envoyés deux par deux au devant de lui, dans les bourgades où lui-même devait ensuite aller. Voyez-vous, dans l’Eglise à peine naissante, - dans ce petit noyau que le Christ a réuni autour de lui, - il y a déjà la tentation du pouvoir, réservé à un groupe d’élite. Clan des purs et des durs, qui sont convaincus d’être du bon côté, d’être propriétaires de l’esprit même de Dieu

Et ce n’est pas nouveau. C’est même une vieille histoire, puisque c’était déjà le cas au temps de Moïse. L’événement nous est raconté dans la première lecture. Moïse a convoqué 72 anciens sur la montagne, des hommes sages parmi le peuple, pour qu’ils reçoivent l’Esprit de Dieu, en même temps que lui. Or, deux d’entre eux ne sont pas au rendez-vous. Ils sont restés dans le camp. Et voici que ces deux-là se mettent à prophétiser eux aussi, autant que les 70 autres. Josué, un peu jaloux, s’en inquiète et vient réclamer près de Moïse. Alors celui-ci a une parole merveilleuse : « Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! ». Ce souhait de Moïse est toujours d’actualité. Plaise à Dieu qu’il répande encore sur nous son Esprit pour faire de nous tous un peuple de prophètes. Mais comment être prophète aujourd’hui ?

L’Esprit de Dieu est répandu dans l’univers. Il agit à travers le monde. Il inspire tous les hommes au cœur droit et sincère. N’est-il pas vrai que beaucoup de non-chrétiens peuvent découvrir Dieu présent, dans la beauté de la nature, dans l’immensité des univers astraux et la grandeur des espaces et des galaxies, aussi bien que dans la complexité des organismes infiniment petits, observables seulement au microscope ? Beaucoup d’hommes de part le monde reconnaissent le Dieu créateur et l’honorent, selon la fidélité à leur propre conscience, ou selon leurs propres religions, dans le contexte de leur propre culture. Qui sommes-nous donc, nous les chrétiens, pour être aujourd’hui jaloux et ne pas reconnaître que tous ceux-là possèdent également l’Esprit de Dieu ? Cela ne veut pas dire que toutes les religions se valent et qu’il n’est pas important pour notre identité chrétienne de penser que nous sommes dans la vérité, car Dieu révélé en Jésus est Vérité. Dieu décide de se donner et il le fait en son Fils. Son Eglise est dépositaire de cette Vérité, non pour la garder pour elle-même, mais avec l’ordre de la partager pour que tous arrivent à la connaissance de Dieu. Il ne s’agit pas de prosélytisme. Il s’agit d’ouvrir des chemins dans les cœurs, conscients du don immense qui nous est fait.

Malgré tout cela, la tentation d’exclure ceux qui ne sont pas de notre bord est toujours là bien ancrée dans nos cœurs. Nous n’aimons pas que d’autres partagent nos champs de mission et fassent aussi bien que nous, voire mieux. Nous n’acceptons pas facilement que d’autres agissent pour Dieu, en dehors des normes imposées et des limites tracées. Nous n’admettons pas facilement les croyants qui ne sont pas en règle. « Ne les empêchez pas », a répondu Jésus. Car s’ils libèrent leurs frères, s’ils les remettent debout, s’ils font entendre la voix de l’amour, loin de l’intolérance, l’Evangile est en marche. Comment pourrait-on croire qu’ils le font contre moi ?

Oui, ce que Jésus demande à ses disciples, aujourd’hui comme hier, c’est d’être tolérants, vis à vis des autres. C’est d’accepter que le bien se fasse autrement et par d’autres chemins que ceux que nous avons prévus. La tolérance est galvaudée aujourd’hui par l’emploi que nous faisons de ce mot, comme s’il fallait tout accepter, tout relativiser, promouvoir des vérités parallèles, rester dans le politiquement correct, être partisan d’une vérité qui serait le fruit d’un consensus ou d’une majorité. La tolérance à laquelle appelle Jésus se fonde, non dans la victoire de l’un sur l’autre, d’un dominant sur un dominé, mais dans le respect des consciences. Il n’est pas antinomique de savoir que nous sommes dans la Vérité parce que Dieu est vérité et d’inviter les autres à la partager. Ce ne sera pas là l’exercice d’un pouvoir, bien plutôt celui d’un service. La Vérité de Dieu n’est pas un dû, elle est toujours un don. Elle est plus grande que nous et ne nous faisons que de l’accueillir comme tel.

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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