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samedi 22 septembre 2012

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (B) - 13 mai 2012

« Dieu est amour » écrit Saint Jean, voilà qui résume tout l’Evangile. Nous sommes toujours émerveillés devant une telle déclaration. Alors qu’il vit ses derniers instants privilégiés avec ses disciples, Jésus les invite à demeurer dans l’amour comme ils ont demeuré avec lui. Tout cela nous plaît mais la culture ambiante ne nous aide pas forcément à aller jusqu’au bout de cette dimension humaine et mystique. Notre société a tendance à renverser les termes. On passe alors de « Dieu est amour » vers l’amour est dieu. En effet, les images et les discours nous focalisent sur la puissance du désir et du sentiment. On est appelé à ressentir, à exprimer nos désirs qui deviennent un peu un nouvel absolu. Les sentiments sont présentés comme le fondement unique aux liens et aux engagements. Que fait-on alors lorsqu’il y a des interruptions, des nuages, des remises en question ?

Le mot « amour » est très beau et en même temps tellement complexe. Pourtant, nous n’avons qu’un seul mot pour dire une réalité qui a différentes dimensions. La langue grecque, qui est celle de l’évangile, distingue différents types d’amour. D’abord, il y a le désir, la passion, l’éros qui nous pousse vers autrui. Ensuite, on a l’amour d’amitié (philia) qui introduit dans la relation une égalité, une réciprocité et une fidélité. Enfin, il y l’amour dont nous parle Jésus, l’agapè (charité). C’est l’amour qui suppose une volonté, un respect décidé et assuré. C’est ce qu’a rappelé le pape Benoît XVI dans son encyclique intitulée « Dieu est amour ». Avec intelligence, il reconnaît la place de l’éros tout en reliant celle-ci aux autres dimensions. N’est-ce pas un peu ce que Jésus nous invite à faire ?

Le Christ lui-même se positionne en disant : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ». En vivant avec ses disciples, Jésus a fait connaître ce qui l’habitait, dans un partage amical. C’est donc lors d’un repas, en signe d’amitié, que Jésus insiste pour dire que les disciples ne sont pas des serviteurs à commander mais des amis qui sont ses égaux. « Je vous appelle amis ». Ceci a inspiré les grands auteurs spirituels de tout les temps. Pensons à Maître Eckhart, ce dominicain médiéval qui voyait la relation entre l’homme et Dieu comme une relation d’égalité et d’amitié. Dieu veut devenir l’ami de chaque être humain, plus encore il nous entrer dans son intimité au point de se donner à nous.

Très bien, mais le plus bizarre reste que Jésus nous parle de l’amour comme d’un commandement. « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ». Est-ce qu’on peut aimer sur ordre ? Est-ce que l’amour n’est pas plutôt spontané que commandé ? Pourtant Jésus insiste : « vous êtres mes amis si vous faites ce que je vous commande ». C’est peut-être là une originalité du christianisme : l’amour est un commandement, un « tu dois ». Ici, on peut avoir envie de fuir. C’est pourtant un sommet : à côté d’un amour spontané, il y a un amour décidé. C’est le fruit d’un engagement, d’une volonté de respect et reconnaissance. Sinon, comment répondre à cet appel qu’on retrouve ailleurs et qui dit « aimez vos ennemis ». Aimer, ce n’est donc pas seulement une affaire de passion et de désir. Jésus nous pousse à aller plus loin : demeurer dans son amour en prenant une décision. C’est un acte de foi aussi difficile que celui de croire en Dieu aujourd’hui. Encore une fois, la proposition chrétienne nous provoque au défi.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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