Quand on souligne de quelqu’un
qu’il a de l’esprit, c’est plutôt flatteur. L’expression commune, qui reprend
le sens figuré, signifie qu’avoir de l’esprit ou faire de l’esprit, c’est avoir
de l’humour, c’est-à-dire être capable de saisir de façon spirituelle et
pertinente des situations. Le sens littéral de l’expression signifierait être
capable de montrer que l’on possède une capacité de raisonnement, de faire
usage de son esprit de façon rationnelle et raisonnable. En fait, avoir de l’esprit
(au sens figuré) implique d’avoir de l’esprit (au sens littéral), c’est-à-dire
être capable de faire usage de façon rapide et pertinente de sa capacité de
raisonnement. Le problème est alors celui de savoir dans quelle mesure l’esprit
peut être à la hauteur de ses prétentions, est capable de dominer toute
situation et de trouver une solution à tout problème. En effet, dans l’expression
littérale (et même figurée) « avoir de l’esprit » indique le fait que
l’esprit permet de prendre du recul et de la distance par rapport à une
situation donnée de telle sorte que cette situation est relativisée et pensée
de façon plus intelligente et plus large. Or, qu’est-ce qui nous garantit une
telle maîtrise de l’esprit ? Il est vrai qu’on ne saurait peut-être pas
dire de tout chrétien qu’il a de l’esprit, mais tout baptisé a l’Esprit. Tout
baptisé possède ce don inestimable d’avoir en germe en lui ce qui permet à la
fois d’appréhender les choses de la vie avec sagesse, conseil et discernement,
de raisonner non selon l’esprit du monde mais selon l’Esprit de Dieu, et d’arriver
à une intelligence spirituelle, qui n’a rien à voir avec l’acquisition de
savoirs. Elle est une intelligence fine et perçante qui vient de cœur parce que
ce cœur est éclairé par l’Esprit.
« Les hommes en qui l’Esprit
est venu et a fait sa demeure sont transformés. », ainsi que l’écrit saint
Cyrille d’Alexandrie. « […] Vous voyez comment l’Esprit transforme pour
ainsi dire en une autre image ceux en qui on le voit demeurer. Il fait passer
facilement de la considération des choses terrestres à un regard exclusivement
dirigé vers les réalités célestes ; d’une lâcheté honteuse à des projets
héroïques. […] C’est absolument indubitable. Elle est donc bien vraie, la
parole du Sauveur : C’est votre intérêt que je retourne au ciel. Car, c’est le
moment de la descente de l’Esprit. » Viens, Esprit de Dieu !
AMEN.
Michel
Steinmetz †