Comment Dieu peut-il permettre cela ? Si Dieu est bon,
pourquoi tout cette souffrance ? On se pose ces questions depuis toujours
et vous découvrez peut-être aujourd’hui qu’on interroge déjà Jésus sur ce
point. Ces gens relatent à Jésus un terrible événement qui s’est produit à
Jérusalem. Des pèlerins de Galilée, la terre natale de Jésus, furent soupçonnés
d’être des terroristes, des révolutionnaires, des opposants à l’occupation
romaine. Le gouverneur Ponce Pilate les fit tous massacrer dans le Temple si bien
que « leur sang se mêlait à celui des animaux sacrifiés ».
Cette brutalité, on le comprend, a manifestement choqué
beaucoup de monde, même si de telles cruautés n’étaient pas moins rares qu’aujourd’hui
dans cette région. Comment ne pas penser aux nouvelles qui nous arrivent
régulièrement du Moyen et du Proche-Orient, de nos frères et sœurs chrétiens
persécutés ? Comment Dieu peut-il permettre de telles horreurs ?
Cette question, nous nous la posons nous-mêmes. La réaction des gens était
différente à l’époque de Jésus : ils pensent que ces Galiléens avaient sûrement
commis de graves péchés, si bien que Dieu les a punis.
La souffrance est-elle une punition de Dieu ? Ou bien
Dieu est-il si impuissant qu’il ne peut pas empêcher la souffrance ? Ou
bien est-il tellement sans cœur, qu’il ne veut pas l’empêcher ? La réponse
de Jésus est surprenante. Il n’aborde pas du tout la question de savoir si ces
Galiléens assassinés étaient des pécheurs, ou si Dieu les a punis, ni pourquoi
il n’a pas empêché le mal. Jésus nous renvoie à nous-mêmes.
Cette nouvelle terrifiante doit vous amener à réfléchir. Elle
doit m’amener à me poser cette question : quelle est ma situation en face
de Dieu ? Qu’est-ce qui adviendrait de moi si tout à coup j’étais victime
de violence et que, là, je devais comparaître devant Dieu ?
La question de la souffrance des autres est toujours une
question qui s’adresse à moi : qu’est-ce que Dieu veut me dire à travers
cette nouvelle ? Et Jésus donne une réponse claire : toi, tu dois te
convertir, tu dois changer ta vie. Pour expliquer cela il raconte une
catastrophe qui, à l’époque, était sur toutes les lèvres : la chute de la
tour de Siloé qui a coûté la vie à dix-huit personnes. Quand vous entendez ce
genre de catastrophe, dit essentiellement Jésus, vous devez saisir cette
occasion pour rendre grâce et donc aussi pour changer votre conduite. Vous aussi,
on ne sait pas, vous auriez pu être parmi les victimes. Vous n’en avez pas été.
Parce que vous comprenez une avec une acuité renouvelée que la vie ici peut être
brève et que « vous ne connaissez ni le jour ni l’heure », vous devez
examiner le fond de votre cœur. Si ma vie devait se terminer maintenant, dans
quelques heures ou dans quelques jours, comment me présenterais-je à Dieu ?
Que pourrais-je lui offrir, lui rendre de l’amour dont Il m’aime ?
La question du mal demeure. Pourquoi la vie doit-elle se
terminer ? Pourquoi arrive-t-il qu’elle se termine dans la souffrance et
avec le sentiment pour nous troublant d’une flagrante injustice ? A cette
question, on ne peut répondre dans l’abstraction, ni théoriquement, mais par la
vie même. Il ne s’agit pas de la souffrance en général, mais de ceci,
simplement : qu’as-tu à me dire, mon Dieu, à travers cette souffrance ?
Quel enseignement puis-je en tirer ? Comment, au cœur de ce mal pour moi
et dont toi, Dieu, tu souffres aussi, comment partages-tu ma souffrance ou le
sentiment d’abandon ?
Jésus donne la réponse avec la petite parabole du vigneron
patient. L’arbre planté dans une vigne ne donne plus de fruits depuis trois
ans. Qu’on le coupe ! S’il n’est pas rentable, il nuit ?, dit le maître.
– Quel écho, ne trouvez-vous pas ?, dans nos préoccupation contemporaines...
Mais le vigneron veut essayer une fois encore : donner chance à l’arbre. Lui
laisser un peu de temps. C’est
exactement ce que Dieu fait : j’ai échappé à un malheur : Dieu me
donne patiemment encore une chance à changer ma vie, aujourd’hui.
AMEN.
Michel Steinmetz †