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samedi 21 mars 2009

Homélie du 4ème dimanche de Carême (B) - 22 mars 2009

En méditant les lectures de ce 4ème dimanche de Carême qui nous invite à la joie dès l’introït et la prière d’ouverture de la messe, nous trouvons la clé de réussite de ce Carême. Deux regards se côtoient : celui de l’homme et celui de Dieu. L’homme, bien souvent, regarde vers le bas, il se focalise sur sa condition humaine, la subit dans l’opacité de son mystère. Dieu lui regarde d’en haut : il met toutes choses à leur place, connaît le fond des cœurs, apporte la lumière. Quand ces deux visions viennent à se croiser, à se rencontrer l’homme est sauvé. Il comprend son existence à la lumière de la bonté de Dieu et il permet à Dieu de lui donner, à lui homme, la force dans la tentation, la joie de la liberté.

I.- La vision de l’homme.

Face au traumatisme de l’exil à Babylone d’une partie du peuple, face à la destruction du Temple par les Assyriens en 587 av. J.-C., l’auteur du Livre des Chroniques – un des livres historiques de l’Ancien Testament – se livre à une relecture a posteriori. Il ne s’agit pas tant de relater des évènements dans le cours de leur histoire ou même de faire œuvre d’historien ; il s’agit bien plus de les comprendre, de les interpréter et d’en tirer une leçon de foi et au profit de la foi.
Le premier constat dressé ici est celui de l’infidélité des générations entière « imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes » et profanant ainsi le temple de Jérusalem.
Le deuxième constat, exprimé comme une conviction, est bien que Dieu, malgré tout, n’a cessé d’envoyer à son peuple des messagers, des prophètes pour l’avertir et l’inviter à ce détourner de sa conduite mauvaise. Remarquez, si l’on voulait schématiser, qu’en se tournant vers les pratiques païennes, le peuple d’Israël se détourne automatiquement de Dieu et qu’au lieu de tourner son regard vers le Dieu de ciel, il réduit sa vision à celle terreuse, bassement tournée vers les idoles.
Le troisième constat est celui de l’analyse. Le peuple rejetant et méprisant les envoyés de Dieu se condamna lui-même. L’auteur des Chroniques interprète la chute de Jérusalem comme la conséquence logique de la colère exacerbée de Dieu.
Il serait bien sûr trop rapide et faux de surcroît d’affirmer que la manière de procéder des Chroniques est dépourvue de foi : bien au contraire, c’est la confiance en l’amour pardonnant et miséricordieux qui s’y exprime à travers la sombre histoire du peuple élu. Elle met de même en lumière la constante d’une vision de l’homme refermé sur lui-même et ne se comprenant qu’à travers lui.

II. La vision de Dieu.

Comme souvent, Paul chante la miséricorde infinie de Dieu. Quand l’homme se croit enfermé dans son péché, il doit se rappeler que « Dieu, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ ».
Oui, la grâce du pardon divin, c’est ce qui a bouleversé Paul. Il la confesse comme s’étendant, parce qu’infinie, à tous les âges. Contrairement à la vision que nous détaillions précédemment, celle de l’homme, Paul donne le sentiment d’un soulèvement, d’une assomption de cette même humanité dans la grâce de Dieu.
Comme jadis, tel que nous le raconte le Livre des Nombres, le serpent d’airain dressé par Moïse au désert pour guérir des morsures quiconque se tournerait vers lui, c’est vers la Croix que nous pouvons aujourd’hui nous tourner pour une guérison bien plus parfaite et durable d’un mal bien plus grave : le péché. Dans cette monstration est faite la démonstration de l’amour souverain de Dieu. Dans cette gloire manifestée sur la Croix se donne à voir l’amour de Dieu de manière la plus parfaite qui soit.

III.- La réconciliation.

Deux visions coexistent : celle de l’homme et celle de Dieu. Nous connaissons bien les difficultés, y compris de notre société actuelle à s’en remettre à la transcendance, à Dieu. Mais si, comme croyant, vous avez déjà fait un jour l’expérience de la rencontre du regard de Dieu, vous savez que le vôtre en a été changé. Des horizons nouveaux, inespérés s’ouvrent à vous, libérateurs et pacificateurs. Alors c’est peut-être le mot « réconciliation » qui résume le mieux le message de ce dimanche et qui traduit le mieux l’expérience proposée. Pensons à la joie, non seulement de ceux qui viennent de se réconcilier, mais de tous leurs amis qui souffraient de la séparation. Or la réconciliation se produit seulement si dans la pensée des deux parties l’amitié de l’autre devient plus précieuse que les motifs de leur rupture.
Quelque chose de semblable se produit lorsqu’il s’agit de nous réconcilier avec nous-mêmes, d’apprendre à nous aimer pour pouvoir aimer les autres : il faut découvrir que ce que nous détestons en nous, n’empêche pas que quelqu’un puisse nous aimer. Or l’Ecriture nous dit : « C’est cela qui existe du côté de Dieu ; vous avez tellement de prix pour lui qu’il oublie vos péchés ». Et c’est tellement dit de toutes les façons par chez les prophètes, dans l’Evangile et les lettres de Paul, qu’on se demande pourquoi tous ne sont pas bouleversés en lisant ou en entendant cette Parole.
La finale du passage de l’Evangile de Jean nous apporte alors un élément de réponse : « en effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées… ». Mais il y a aussi notre culture d’échange où la tendance est que tout se paie. Ce n’est pas le genre d’économie de Dieu. Son régime, c’est l’abondance gratuite : Paul en est bouleversé, transformé, converti. Avec lui, alors, je peux donc vous dire sans craindre : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! ».

AMEN.

Michel Steinmetz †