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Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

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vendredi 31 mai 2013

Homélie de la solennité du Corps et du Sang du Christ (C) - 2 juin 2013

« Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». On peut être surpris, voire choqués, par cet ordre de Jésus. Quelle manière de faire devant le désarroi des apôtres ! Les voilà, alors que le jour commence à baisser, face à une foule de plus de cinq mille hommes. Il y a urgence : qu’on renvoie ces gens pour qu’ils trouvent où manger et où dormir. Seul Jésus a suffisamment d’autorité pour cela. A la demande angoissée des disciples, Jésus répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». Il les renvoie à leur propre capacité et responsabilité.

Qui donne à manger ?
Jésus envoie les siens rassembler ce qu’ils ont avec eux : un maigre repas de cinq pains et deux poissons. Pas de quoi nourrir tant de monde. Les apôtres ne seront pas l’auteur du miracle. Ils n’en seront que les facilitateurs, les agents. Que font-ils ? Ils obéissent à l’ordre de leur Maître de faire asseoir la foule par groupes de cinquante et de lui amener les cinq pains et deux poissons. Mais c’est bien Jésus qui, priant et levant les yeux au ciel, les bénit, les rompt et les leur donne pour qu’ils les donnent à la foule. On reconnaît le geste eucharistique qui se reproduira tant au soir de la Cène, qu’à Emmaüs ou au bord du lac.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » : c’est ici l’invitation à participer à l’œuvre du Fils de Dieu. Les Apôtres ne s’installent pas à leur compte, ils travaillent avec le Christ et pour le Christ. Nous-mêmes, qui venons à Jésus angoissés devant la multitude qui désire la vraie vie et nous trouve parfois démunis et impuissants à la nourrir, nous ne devons avoir qu’un seul but : suivre l’exemple des Apôtres. Ils sont nombreux ceux qui, autour de nous, même confusément cherchent un sens à leur vie ou une espérance à laquelle se raccrocher.

Que donner à manger ?
Au premier abord, on a l’impression que les disciples ne font que soulager une faim physique. Il se fait tard et il est l’heure de dîner. En fait, ils font bien plus que cela. Ce qu’ils donnent à la foule n’est pas le simple résultat d’un miracle qui multiplie ce jour-là pains et poissons. Le geste que Jésus accompagne de sa prière au Père en annonce un grand bien plus grand. Il sera le grain tombé en terre qui donnera du fruit en abondance. Jésus devra mourir et être lui-même rompu sur la croix pour que tous aient la vie.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». Par cet ordre, Jésus enseigne à ses disciples qu’il leur faudra faire ce que lui-même a fait. Pour combler la faim de ces hommes et de ces femmes en attente de Dieu, ils ne pourront se satisfaire de quelques miettes ou d’une aide alimentaire. Ils devront se livrer eux-mêmes, jusqu’à devenir des hommes mangés.

Comment donner à manger ?
Même si les Apôtres peuvent inscrire à leur curriculum vitae une compagnonnage de trois années avec Jésus, c’est l’entrée progressive dans son intimité et dans sa vie qui leur permet de donner et de se donner. Souvent nous nous interrogeons trop – au point d’ailleurs de ne jamais rien faire – sur la manière dont nous pourrions témoigner de notre foi, nous réfléchissons à des stratégies pastorales, à ce qu’il faudrait créer. Nous en oublions que le premier témoignage ne vient pas de nous mais de Celui qui nous permet de témoigner de Lui. Comme les Apôtres, nous pouvons être anxieux face à l’avenir, nous pouvons être paralysés par l’ordre de Jésus : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». Mais cela n’a aucune raison d’être s’Il est à la source de notre vie et de notre action. Sans Lui, nous ne pouvons rien faire. Et Lui décide de ne rien faire sans nous.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». Cela résonne comme une nécessité de ne pas mettre en avant d’abord nos sentiments, nos idées, notre volonté, mais d’entrer dans le projet de Dieu. Voilà l’unique méthode.

C’est le Christ qui donne à manger ; c’est Lui qui se donne et nous invite nous donner ; c’est en faisant sa volonté que nous pouvons donner à manger. L’eucharistie que l’Eglise nous fait célébrer aujourd’hui est elle-même nourriture pour nous et appel pressant à devenir nous-mêmes nourriture, sans compter, jusqu’à se donner entièrement.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

vendredi 17 mai 2013

Homélie de la solennité de Pentecôte - 19 mai 2013

Une famille est rassemblée après un enterrement, en train de manger dans une petite salle. Mais ils mangent peu. Leur gorge est nouée. C’est l’enterrement du fils unique. Il n’y a que le pain des larmes sur la table. La maman est inconsolable. Et tout d’un coup, un vent énorme tombe sur cette petite pièce, avec une force inouïe. La porte s’ouvre, la fenêtre tombe. La table est renversée. Une tornade frappe la maison. Tout le monde qui était à l’intérieur, doit se raccrocher à quelqu’un d’autre. Le vent hurle. Il vient avec une telle force, une force si incroyable, qu’il faut vraiment se maintenir. Finie la tristesse ; tout d’un coup, il y a une autre priorité : survivre, se raccrocher à la vie.

Voilà ce qui s’est passé à Jérusalem. Le Fils unique était enterré. Ses disciples avaient peur. Ils ne savaient plus quoi faire. Et sa mère était parmi eux, mais avec une étrange confiance... Et puis ce coup de vent qui leur change les idées, ces langues de feu qui leur brûlent la peur. Tout est balayé. Finie la tristesse, adieu la peur. Il faut sortir.

Aujourd’hui le Saint-Esprit frappe nos maisons, balaye nos peurs et nos tristesses, nous brûle nos problèmes, nos inquiétudes, souffle dans nos idées, vide nos têtes et nos cœurs par un vent salutaire. Tout d’un coup, il n’y a encore qu’une seule priorité : c’est Dieu. A la Pentecôte, Dieu brûle dans nos cœurs. Et cela change tout. Qui possède Dieu, a tout.

Peut-être vous me direz que c’est de la rêverie, que cela ne se passe jamais, que cette histoire du vent est belle, mais invraisemblable. Pourquoi cela ne se fait jamais chez nous ? Pourquoi les choses restent toujours comme elles étaient ? Pourquoi la vie est si difficile, si lourde parfois ? Quand est-ce que ma tristesse sera balayée ? Quand est-ce que mes soucis seront brûlés ? Pourquoi ai-je toujours ce pessimisme dans mon cœur ? Pourquoi est-ce que je me bats avec la dépression ? Pourquoi toujours cette grisaille ? Où est il ton Esprit-Saint ?

C’est pour cela que la Pentecôte nous paraît si irréelle. Mais si nous devons dire que nous avons eu peut-être trop de phantasmes sur la Pentecôte, sur la descente de l’Esprit-Saint, il faut dire également qu’en fait, nous avons presque pas l’imagination de créer des pistes d’atterrissage pour qu’Il puisse réellement venir en nos vies.

Le problème de la Pentecôte, c’est le problème de notre auto-suffisance. Nous savons tout, nous savons comment gérer notre vie. Nous savons comment organiser les choses. Nous connaissons nos capacités. Nous avons créé des commissions pour réfléchir sur tout. Nous organisons tout. Nous préparons tout, même en certains endroits les textes de la messe que nous aimerions entendre... d’autres pas. Est-ce que l’Esprit-Saint a encore à dire quelque chose ? Est-ce que le Seigneur peut encore parler dans sa propre maison ? Ou est-ce que c’est nous qui avons préparé ses discours ? Est-ce que nous avons encore besoin de Lui ?

Mais tout d’un coup dans nos maisons, dans nos églises, dans nos églises, c’est le calme plat. Lourdeur et pesanteur. Et la où nous devenons trop humains, il ne reste que des conflits et de déceptions. Les apôtres étaient bien préparés à la descente de l’Esprit-Saint sans le savoir. Ils avaient perdu toutes leurs espérances, ils étaient totalement pauvres. Et l’Esprit-Saint, le Père des pauvres, est venu, de façon inattendu. Dieu ne se laisse pas manipuler. Il vient quand il veut.

N’attendons rien de nous-mêmes. Construisons des pistes d’atterrissage sur la ruine de nos rêves et Il balayera tout nos tristesses et nos peurs. Il nous brûlera les soucis et remplira nos cœurs d’une joie indicible et totalement inattendue. Vivons les mains ouvertes et Il nous comblera.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

vendredi 10 mai 2013

Homélie du 7ème dimanche de Pâques (C) - 12 mai 2013

Pour entrer dans cette prière extraordinaire de Jésus à son Père, je vous propose de vous interroger. Ma question, la voici : « Ai-je connu quelques instants de bonheur et à quelle occasion ? »
Si nous mettions en commun nos réponses, nous verrions – j’en suis sûr – que ces instants de joie profonde et de vrai bonheur correspondent toujours, presque toujours à une vie relationnelle riche, à un sentiment de communion, d’unité intense avec les autres, avec le monde et avec Dieu. Voilà ce qui nous comble et à quoi nous aspirons. Ce sentiment de communion et d’unité peut nous saisir en bien des occasions. On sent que la vraie vie est là et l’on aspire à y demeurer.

« Qu’ils soient un comme nous sommes un ».
Curieux paradoxe que celui de l’évangile : voici que l’on en vient à écrire « un » au pluriel. « Qu’ils soient », c’est au pluriel, « qu’ils soient un », c’est un pluriel qui n’empêche pas l’unité. C’est comme lorsqu’il nous arrive de dire « nous étions seuls ». Comment cela ? Ou bien vous étiez « seul », tout seul, ou bien vous étiez au moins deux et vous n’étiez pas seuls ! Mais on se comprend. Ici, on parle d’unité justement parce qu’il y a un pluriel et que ce pluriel est relié, unifié. Il ne s’agit pas d’une fusion, comme lorsque les grains de quartz fondent pour former un bloc de verre. Il s’agit d’une communion et la diversité est surmontée par quelque chose qui l’unifie et la transforme en richesse et en joie. « Qu’ils soient Un comme nous sommes un, moi en toi et toi en eux ».

Cette unité là, nous le savons, est impossible sans l’amour. Si l’amour n’est pas là, on n’a plus que l’uniformité impersonnelle, celle de l’armée et celle des règlements. Il y faut du cœur, il y faut de l’intelligence et du sens, il y faut de l’amour. L’unité dans la diversité, c’est le modèle même du Dieu chrétien. « Qu’ils soient un comme nous sommes un, afin que le monde croie ». L’humanité est à l’image de Dieu et quand l’humanité s’unifie, cette image réapparaît. Se produit alors l’inverse de la faute originelle. Rappelez-vous : dans la Genèse, le Malin arrive à créer la discorde ; à Babel, la volonté de monter aussi haut que Dieu amène la confusion dans le langage et personne ne se comprend plus, alors que l’Esprit de Pentecôte fera que tous se comprennent, chacun en sa propre langue.

Dieu est Trois et il est Un, Père, Fils et leur amour commun. L’Esprit Saint est cette relation qui unit le Père au Fils et qui se répand dans nos cœurs pour nous conformer à ce Fils pleinement accordé au désir de Dieu. L’Esprit Saint nous unit entre nous comme frères et sœurs d’un même Père. L’humanité n’est pas orpheline, elle n’est pas seule perdue dans l’univers infini, elle est habitée par un projet qui ne vient pas seulement d’elle-même et qui correspond entièrement à ce qu’elle est : son existence a un sens. Je suis vivant parce quelqu’un m’a aimé et m’a convoqué. Nous sommes ensemble parce que Dieu nous appelle à partager sa perfection. Et cette perfection, c’est le bonheur et ce bonheur, c’est d’être aimé, c’est d’aimer autant qu’on est aimé, c’est d’être relié, c’est de connaître la confiance et la réciprocité, c’est de ne faire qu’un avec d’autres êtres humains. C’est de vivre une communion dont l’eucharistie d’aujourd’hui est la nourriture discrète et cachée mais tout à fait vitale.

Il est clair que nos chants sont mieux articulés que les hurlements des stades, que notre silence, après les lectures ou la communion, est habité d’une présence qui va bien au-delà du bref silence des fins de concert. Notre communion nous unit de façon bien plus subtile que les mondanités d’un club ou la discipline d’un parti.

Que l’Esprit Saint nous aide à progresser en accord profond avec le Dieu qui nous habite et qui est déjà en lui-même cet amour, cette communion pleinement réalisée. Vivons la prière de Jésus : « Qu’ils soient un, comme nous sommes un ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

vendredi 3 mai 2013

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seigneur (C) - 9 mai 2013

Ferme les yeux et tu verras. Ferme les yeux si tu veux comprendre ce qu’ont vécu les disciples à partir du troisième jour après la mort de Jésus. Ferme les yeux ; n’essaie pas de te représenter la résurrection et, a fortiori, l’ascension comme une séquence de cinéma. Ferme les yeux et tu verras, voilà à quoi nous invite la fête de l’Ascension. « Jésus ressuscité apparaissait à ses disciples. » Avec l’arrestation de Jésus, les procès bâclés, les tortures, la mort et la mise au tombeau les disciples ont vécu trois journées terribles de désespérance. Dieu semble avoir vraiment abandonné, renié celui qui prétendait venir de lui et parler en son nom. Ensuite, à partir du matin de Pâques, des rencontres multiples, fortuites se succèdent ; des expériences que les disciples se transmettent les uns aux autres et qui entraînent une conviction de plus en plus profonde : « Il est vivant ! ».

Dieu ne l’a pas abandonné. Jésus reste présent, actif, attentif à tous ceux qu’il a connus auparavant. Alors, ils se rappellent les événements proches ou plus anciens de sa vie ; ils les mettent en relation avec ce que les Anciens ont transmis dans les livres saints entendus chaque sabbat à la synagogue : « il fallait que s’accomplisse ce qu’annonçait l’Ecriture ». C’est le mouvement que Jésus initie lui-même dès le soir de Pâques avec les compagnons d’Emmaüs : chemin faisant, il leur expliquait tout ce qui le concernait en reprenant avec eux les Ecritures. En l’espace de quelques jours, on constate dans la vie des disciples, un retournement total et subit de leurs comportements et de leur vision des choses. La plupart s’étaient enfuis et se cachaient, morts de peur. A partir de Pâques, bravant tout obstacle et toute crainte, ils proclamant : Il est Vivant ; « ce que nos yeux ont vu, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons » : Christ est ressuscité, Christ est vivant. En lui, vous aurez la vie.

Le mystère de la Résurrection a comme deux faces :
- la Résurrection proprement dite : Christ est sorti du tombeau ; il a vaincu la mort ; sur lui la mort n’a plus d’emprise ; il est désormais présent à chacun ; je serai avec vous.
- l’Ascension : Christ est entré dans la gloire du Père ; il est vivant en Dieu. Cette vie nouvelle il la communique à qui reçoit le message et croit en lui.
Résurrection et ascension sont deux facettes d’une unique réalité : Celui qui fut mis à mort est vivant ; il vit désormais en Dieu. L’Ascension est moins un événement qu’on pourrait dater dans l’histoire ; c’est plutôt l’expression, la représentation de cette réalité : il vit en Dieu. Les quarante jours qui séparent Pâques de l’Ascension sont à comprendre comme une période symbolique : temps privilégié de rencontres avec le Ressuscité, d’expériences qui ont fait entrer les disciples dans une vision nouvelle des choses, et qui ont totalement transformé leurs vies. « De cela nous sommes témoins ».

Apartir de là, le message s’est transmis de génération en génération, jusqu’à nous, qu’on pourrait appeler les disciples de deuxième main, tous ceux qui n’ont pas vu et touché, mais qui sont appelés à une expérience proche de celle des disciples : rencontre et certitude de la présence du ressuscité ; partage, avec lui, de la vie de Dieu : eucharistie, prière, le reconnaître dans un autre... Vivre cela, en être témoins. Le Christ fait entrer ses amis dans une nouvelle relation avec lui ; il les fait naître à ce qu’ils sont devenus, témoins du Ressuscité. Nous découvrons alors que le lien unissant Jésus à ses disciples – et nous aujourd’hui – n’est une simple amitié ou une séduction passagère, mais un engendrement et une mission. « Ils retournèrent à Jérusalem, replis de joie ». Vivre de la conscience et de la présence du Ressuscité dans nos vies ne transparaît pas nécessairement dans nos traits, mais bien dans nos façons de vivre, d’habiter un quotidien irradié de la présence vivante du Christ. Vivre de telle façon qu’à ma seule façon de vivre on pense que c’est impossible que Dieu n’existe pas. Ferme les yeux et tu verras ! Ferme les yeux, contemple et tu vivras !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (C) - 5 mai 2013

Chaque fois que nous faisons l’expérience d’un deuil, ici sur terre, nous sommes forcés de faire un chemin obligé pur survivre alors que souvent nous ressentons un vide, une grande absence, un profond silence. Suit alors le temps de l’apprentissage de l’absence, d’un deuil à devoir faire pour continuer à vivre. Il n’est plus de ce monde, il s’en est allé dans sa propre lumière. Nous entendent-ils, ceux qui sont de l’autre côté ? Y a-t-il vraiment quelque chose après cette vie ? Nous n’avons aucune certitude. Seulement une espérance. Seulement une foi en celui qui a dit à ses amis : « je m’en vais et je reviens vers vous ». Une phrase on ne peut plus paradoxale puisque le Christ dit en même temps : je pars et je ne pars pas. Nous avons l’impression qu’il dit une chose et son contraire. En tout cas, il ne nous a pas menti quand il a dit qu’il partait. Un peu comme s’il nous disait, aujourd’hui encore, vous ne me verrez plus. Faites-vous bien à cette idée. Vivez sans ma présence visible. Sans doute que je vous manque. Vous aimeriez peut-être voir mon visage, être certain de mon humanité et de ma divinité, contempler en mon regard toute la tendresse du Père pour ses créatures. Tout cela vous y aurez droit mais seulement dans l’éternité. D’ici là, le Christ nous laisse la place c’est-à-dire que tout ce que nous ne ferons pas nous-mêmes ici sur terre pour améliorer l’humanité, il ne viendra pas le faire à notre place. Il s’en est allé rejoindre le Père pour y préparer notre propre place, notre demeure éternelle.

Ne soyons pas bouleversés, nous vivons tout simplement la vie telle qu’elle a été envisagée dans le plan de Dieu. Il s’en est allé, c’est vrai. Mais en même temps, il reste à nos côtés. Il n’est pas tout à fait parti. Il est là, présent, proche de nous, nous accompagnant sur cette traversée. Il est maintenant présence invisible et pourtant perceptible. Sa présence est plus profonde, plus intérieure. Elle s’enracine au plus profond de ce que nous sommes. Dorénavant, par l’Esprit, Dieu a choisi de se poser en chacune et chacun de ceux qu’il aime. Attention, cependant, l’évangile le rappelle : celui qui l’aime, c’est celui qui garde ses paroles, ou plutôt qui les met en pratique. Sa vie dit quelque chose de la vie de Dieu qui est en lui. Un pu comme si la vie du Christ passait dorénavant en nous. Il vit en nous et reste vivant à jamais par ses paroles à méditer mais également au cœur de chacune de nos eucharisties. L’Esprit poursuit son œuvre divine : il est ce souffle qui nous pousse à retrouver Dieu dans les traits de celui qui s’est perdu dans sa vie, qui s’est enfermé dans une solitude de laquelle il n’arrive plus à sortir, qui dans le monde aujourd’hui a faim, ou souffre de la blessure infligée par d’autres. Oui, Dieu le Fils est là, bien là. Mais nous ne pouvons le découvrir et le rencontrer qu’avec l’aide de son Esprit, « lui qui, dit Jésus, vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». L’Esprit de Dieu est invisible et pourtant aussi fort que le vent (c’est ce que nous rappelle la seconde lecture). Ce vent, nous ne le voyons jamais que par ses effets : nous voyons les branches d’un arbre bouger…

Si Dieu est aujourd’hui encore à l’œuvre dans notre monde, c’est par l’intermédiaire de l’Esprit. Il qui nous accompagne et ne nous lâche pas. Il se réjouit avec nous dans le bonheur et nous soutient dans les moments plus difficiles. Il est douce présence de Dieu sur notre terre. Il s’accompagne du don de la paix. Cette paix nous est donnée « mais pas à la manière du monde ». En Dieu s’en est allé et pourtant il est toujours là. Il s’en est allé pour que nous puissions le chercher librement, l’aimer sans contrainte. Selon lui, notre dépendance à son égard n’a de sens que si elle est librement consentie, que si cet amour réciproque est une réponse personnelle liée à ce désir de vivre en lui. Mais en attendant un tel jour, Dieu ne souhaite pas nous laisser dans une absence insupportable, insoutenable c’est pourquoi, depuis ce jour, Dieu l’Esprit est à nos côtés. A chacune et chacun de le trouver. Ne le cherchez pas au loin. Dieu l’Esprit est en vous et chez votre voisin.

AMEN.

Michel STEINMETZ †