Il nous arrive souvent de nous poser des questions pour
savoir ce que cela veut dire que d’être chrétien dans le monde de ce temps. Comment
pouvons-nous identifier ce que Dieu attend de nous ? Quand nous nous posons ces
questions, nous percevons qu’elles sont souvent en même temps l’expression de
notre duplicité, car à force d’imaginer qu’être chrétien est très compliqué,
les détails étant nombreux et difficiles à cerner, nous pourrions avoir une
excuse de ne pas y satisfaire… Un peu comme les gens qui, pour se donner bonne
conscience de ne pas aller à la messe, vous trouveront toutes les bonnes
raisons du monde de ne pas y aller : le lieu, l’horaire, la durée, le prêtre,
le chauffage… Or l’épître de saint Jean nous révèle le cœur de la foi, et cela
tient en quelques mots : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ
et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Il ne peut pas y
avoir de communion avec Dieu, il ne peut pas y avoir d’entente avec Dieu, il ne
peut pas y avoir de prière exaucée par Dieu si nous ne vivons pas dans la foi à
son Fils Jésus-Christ. L’image de la vigne que Jésus emploie dans l’évangile de
saint Jean renforce encore cette prise de conscience. Il est le seul à pouvoir
établir une communion réelle entre Dieu et les hommes.
A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !
Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !
vendredi 27 avril 2018
Homélie du 5ème dimanche du Temps pascal (B) - 29 avril 2018
vendredi 20 avril 2018
Homélie du 4ème dimanche de Pâques (B) - 22 avril 2018
Ce quatrième dimanche de Pâques est celui que
l’on appelle un peu rapidement le dimanche du Bon Pasteur. Cela n’est pas
sans lien, évidemment, avec l’évangile que nous venons d’entendre. Dans cette
longue déclaration de Jésus, et que saint Jean nous rapporte, il nous est dit
quelque chose de fondamental. Jésus emploie une image, bien commune et donc
connue en son temps : celle d’un berger. Nous avons sans doute plus de mal
à nous représenter les choses aujourd’hui. Cependant ce qu’il ressort comme une
évidence des paroles que nous entendions, c’est le lien du pasteur, du berger,
avec chacune des brebis. Il n’est pas anodin que la liturgie propose ce passage
de l’évangile dans la lumière de Pâques. Nous comprenons aussi mieux pourquoi
Jésus est ressuscité d’entre les morts : non pas d’abord pour lui, comme
une récompense de ses mérites ou comme une reconnaissance de sa dignité, mais
pour nous, pour nous entraîner et guider vers ces verts pâturages du Royaume
des cieux.
Il faut que nous revenions peut-être de façon
brève sur la figure du pasteur qu’est Jésus lui-même. Il l’explique lui-même en
posant une différence entre le « berger mercenaire » et le
« pasteur ». Le berger mercenaire est un employé ; il est
ambaûché par le propriétaire du troupeau pour faire le « job », comme
on dit. Ni plus, ni moins. On n’attend pas de lui une vertu particulière, mais
de bien faire son travail. Ce qui explique aussi que, dans survient le danger –
le loup –, il pense avant tout à sauver sa peau. Il n’a pas un intérêt à sauver
le troupeau : il ne lui appartient pas. Le pasteur, quant à lui, se sent
lié à son troupeau. Ses brebis sont un peu de lui. Quand l’une d’elle est en
danger, son cœur frémit et il désire la sauver. Cette brebis en danger n’est
pas pour lui un steak sur pattes, ou un pullover en devenir. La preuve :
il la connaît par son nom.
Jésus, le bon Pasteur, nous sauve. Qu’est-ce
que cela veut dire ? Dans les Actes des Apôtres, Pierre conclut son
discours en disant : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le
ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac
4,12) Cette phrase très simple exprime quelque chose de tout à fait central
dans la foi catholique et dans notre expérience chrétienne. Il y a un sauveur,
et il n’y en n’a qu’un seul : c’est Jésus lui-même ! Pourquoi ? C’est
uniquement en nous agrippant à Lui, en Le suivant sans le lâcher, que nous
pouvons traverser cette chose ultime qui voudrait mettre une fin à toutes
choses : la mort. Il est l’unique sauveur parce qu’il est le seul qui fait
l’offrande de sa vie pour le salut des hommes. Il ne se suicide pas, il ne
cherche pas à mourir dans la « dignité », il ne cherche pas à mourir en
héros. Il se laisse conduire à la mort en faisant l’offrande de sa vie par
amour pour les hommes, et par obéissance à Dieu. Il est le seul par qui nous
puissions être sauvés, non pas seulement parce qu’il a donné sa vie pour nous,
parce qu’après tout, il aurait pu donner sa vie et l’histoire aurait pu
s’arrêter là ! Il est notre sauveur parce qu’il a donné sa vie et qu’il a le
pouvoir de la recevoir à nouveau, c’est-à-dire que Dieu l’a ressuscité. Il
montre ainsi que la puissance de Dieu est plus grande que les forces du mal et
de la mort.
Par l’Eglise aujourd’hui, l’annonce de cette
bonne nouvelle se poursuit. Et le Seigneur nous donne même dans ses sacrements
des moyens pour ne faire qu’un avec Lui et passer la mort en Lui. Au milieu du
peuple que nous formons, ils appellent des hommes à le suivre, non pas pour
qu’ils le remplacent mais pour qu’ils poursuivent sa mission. C’est le
ministère des prêtres. Nous le savons, cette mission et ce chemin, nous les
parcourons comme des pécheurs ; nous ne sommes pas toujours à la hauteur de la
mission qui nous est confiée, mais ce n’est pas parce que nous sommes faibles
que la mission est mauvaise, ce n’est pas parce que nous avons du mal à
l’accomplir que Dieu s’est trompé.
Réjouissons-nous ensemble aujourd’hui d’avoir
un tel Seigneur, qui nous aime, qui nous connaît par notre nom et veut nous
conduire. Prions pour les prêtres et pour ceux que le Seigner appelle !
AMEN.
vendredi 13 avril 2018
Homélie du 3ème dimanche du Temps pascal (B) - 15 avril 2018
Les disciples sur le chemin d’Emmaüs ont été témoins des événements de Jérusalem,
comme ils le disent à Jésus en marchant avec lui. Les disciples auxquels Jésus
apparaît ensuite ont été eux aussi témoins des événements de Jérusalem. Ils ont
vu ce qui s’est passé. Et même si Jésus leur apparaît ressuscité, leur fait
toucher son corps, leur montre qu’il mange comme eux, on sent bien que derrière
cette expérience, il reste toujours une sorte de zone floue. Bien sûr, c’est
lui. Bien sûr, ils le reconnaissent, ils
le touchent, ils le voient manger. Bien sûr, ils l’entendent. Il demeure quelque
chose de prodigieusement troublant : c’est Jésus, le même au point de le
reconnaître avec assurance et d’être sûr qu’il ne s’agit ni d’un fantôme si d’une
hallucination collective suscitée par l’émotion de leur deuil ; et
pourtant, ce Jésus est différent. Ce corps de gloire avec lequel il converse,
partage le repas leur apparaît comme inouï : il est ressuscité d’entre les
morts.
Qu'est-ce qui va devenir l’élément déterminant de leur reconnaissance ? Ce sera
d’abord le rappel de tout ce qui a été annoncé à son sujet dans la loi de
Moïse, les Prophètes et les Psaumes. La collection mise bout à bout comme
autant d’indices concordants des passages de l’Ecriture qui s’accomplissent en
Lui leur permet de reconnaître qu’en Lui se révèle le Messie attendu et espéré.
Sans le cheminement à travers les Ecritures, celui que nous avons fat ensemble
dans un long déploiement lors de la Vigile pascale, celui que nous faisons
chaque dimanche dans la liturgie de la Parole, il est impossible de reconnaître
Jésus de Nazareth comme Messie. Il est impossible de faire abstraction des
prophéties qui l’ont annoncé, de l’histoire qui l’a préparé, du peuple qui l’a
nourri. Et donc, nous pouvons déjà imaginer que dans notre propre
reconnaissance du Christ ressuscité la référence aux prophéties, à la loi, à la
prière d’Israël sont des éléments constitutifs de notre acte de foi. Voilà
pourquoi aussi les chrétiens que nous sommes ne peuvent se dispenser de scruter
les Ecritures et de les fréquenter avec passion.
Le deuxième élément qui ressort ici, c’est, comme les disciples au retour d’Emmaüs
le racontent à leurs compagnons, que le Seigneur s’est fait reconnaître par eux
à la fraction du pain. Nous avons en mémoire le passage de l’Évangile qui
précède dans lequel les disciples prient le Christ de rester avec eux à
l’auberge et comment au moment où il bénit et partage le pain, leurs yeux
s’ouvrent et ils comprennent que l’inconnu avec lequel ils ont cheminé est le
même qu’ils avaient connu avant. Cela veut dire pour nous que l’expérience
sacramentelle de la fraction du pain, l’eucharistie que nous célébrons semaine
après semaine, mais aussi toute l’expérience sacramentelle de l’Église, fait
partie de la reconnaissance du Christ ressuscité. C’est ce geste, pourtant si
discret, mais si plein de sens parce que posé par Jésus à la veille de sa
Passion pour en donner clé de compréhension, qui permet de reconnaître Jésus
comme Ressuscité. Plus encore, croire à la résurrection, cela veut dire que
nous sommes capables de reconnaître dans le pain qu’il nous partage le corps
qu’il a livré pour nous.
Enfin
le troisième élément constitutif de cette reconnaissance, c’est évidemment la
communion des disciples. Les deux disciples qui ont cheminé sur la route
d’Emmaüs avec Jésus reviennent à Jérusalem pour raconter leur aventure mais ils
ont une surprise quand ils arrivent à Jérusalem. Les autres qui étaient restés
là ont eu eux aussi la visite du Christ ressuscité. C’est donc la convergence,
l’addition de toutes ces expériences fragmentaires portées dans la communion de
l’Église des onze Apôtres et de leurs compagnons qui constituent le témoignage
communautaire de l’Église au sujet du Christ. Ce n’est pas chacun pris
isolément qui devient témoin de la résurrection. C’est le corps ecclésial tout
entier qui est comme constitué par la présence du Christ ressuscité et envoyé
comme nous le dit l’Évangile : « la conversion serait proclamée en
son nom à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les
témoins. »
A nous donc d’en être les témoins et de le
reconnaître comme vivant au milieu de nous en ce jour.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
jeudi 5 avril 2018
Homélie du 2ème dimanche de Pâques et de la Miséricorde divine - in albis - 8 avril 2018
Arrivons-nous à
croire sans voir ? Mais si nous voulons voir à tout prix, est-ce que nous
avons vraiment la foi ? Thomas avait besoin de voir pour croire. À travers
son dialogue avec lui, Jésus nous fait comprendre que croire ce que l’on voit,
ce n’est pas vraiment la foi. Si l’évangile peut dire « Heureux ceux qui
croient sans avoir vu » (Jn 20, 29), c’est parce que croire sans voir,
c’est réellement faire confiance à celui qui nous appelle. C’est se fier
réellement à la Parole de Dieu qui nous est donnée, « pour que nous
croyons que Jésus est le Messie le Fils de Dieu et afin que par notre foi, nous
ayons la vie en son nom » (Jn 20, 31).
C’est là quelque
chose de tout à fait original, que beaucoup autour de nous ne comprennent pas,
et que nous-même ne saisissons pas complètement. Nous pensons que la
connaissance que nous pouvons acquérir par nos sens et notre entendement est
plus fiable que celle que nous avons du Christ que nous n’avons jamais vu. Et
nous pouvons envier les disciples qui l’on vu ressuscité. Nous pouvons même
penser que s’il apparaissait, tout le monde croirait. Mais ce n’est pas vrai,
et Jésus le dit lui-même dans l’Évangile : « Même s’ils voyaient
quelqu’un revenir d’entre les morts, ils ne croiraient pas ! » (Lc
16, 31).
Ce n’est pas à cause
de ce que nous voyons ou de ce que nous connaissons par notre intelligence que
nous croyons. Le fondement premier de la foi, c’est la confiance que nous
mettons dans la Parole de Dieu. Certes, notre foi ainsi fondée s’enrichit et se
fortifie par le travail de notre connaissance. Mais pour nous, cette
connaissance ne porte pas sur la personne historique de Jésus, que personne n’a
vue de ses yeux depuis l’Ascension et que personne ne verra jusqu’à son retour.
Nous croyons sans avoir vu le Christ. Comme saint Pierre l’écrit dans sa
première épitre : « Nous l’aimons sans l’avoir vu. Nous croyons en
lui sans le voir encore » (1 P l, 8). Cependant, nous avons tout de même
quelque chose à voir. Notre foi n’est pas aveugle. Ce n’est pas parce qu’elle
ne s’appuie pas sur l’expérience sensible, qu’elle ne s’en nourrit pas !
L’histoire de la
communauté chrétienne depuis la résurrection nous donne à contempler des
réalités et des expériences. Il y a notamment le signe du pardon, de la
réconciliation et de la miséricorde. C’est la mission que le ressuscité confie
à ses apôtres, et pour laquelle il leur donne l’Esprit-Saint. L’efficacité de
ce pouvoir extraordinaire donné par Jésus à ses disciples devient, par la
puissance de son Esprit, un signe sensible de l’action du Christ ressuscité au
cœur de l’humanité. Tous, nous pouvons découvrir que l’amour de Dieu est plus
grand que le mal que nous pouvons faire, que sa volonté de réconciliation est
plus forte que l’endurcissement de nos cœurs, que la haine n’est pas le dernier
mot de l’histoire humaine. De tout cela nous pouvons faire l’expérience
sensible : nous connaissons des gens (nous d’abord !) qui sont des
pécheurs et nous vérifions que leur foi devient une force, qui leur permet de
surmonter la faiblesse de leur cœur.
Thomas était devenu
un isolé. Il s’était mis à part du groupe, de la petite Eglise des Apôtres,
claquemurée « par peur des Juifs » ; Plus que son absence
physique au soir de Pâques quand Jésus apparaît aux siens, c’est son
scepticisme qui le met à part. Là encore Jésus ressuscité prend le soin de le
réconcilier, c’est-à-dire de le réintégrer. Nous-même, il peut nous arriver de
douter, de nous demander si tout cela est vrai, et à chaque fois le Christ nous
invite à reprendre place dans la communauté de « ceux qui croient sans
avoir vu ». Non pas qu’il s’agirait d’une démission de notre part, de notre
intelligence, mais du fait que nous nous reposons sur la foi de nos frères
quand la nôtre viendrait à défaillir.
Alors, oui, nous
croyons sans avoir vu le Christ, nous croyons plus fermement en voyant les
fruits de la puissance du Christ agissant par son Esprit. La mission que nous
avons reçue est de manifester les fruits de sa grâce à travers notre manière de
vivre, de faire confiance, de manifester la force du pardon. Notre vie peut
témoigner que le Christ est vainqueur de la mort.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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