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Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

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vendredi 27 avril 2018

Homélie du 5ème dimanche du Temps pascal (B) - 29 avril 2018

Il nous arrive souvent de nous poser des questions pour savoir ce que cela veut dire que d’être chrétien dans le monde de ce temps. Comment pouvons-nous identifier ce que Dieu attend de nous ? Quand nous nous posons ces questions, nous percevons qu’elles sont souvent en même temps l’expression de notre duplicité, car à force d’imaginer qu’être chrétien est très compliqué, les détails étant nombreux et difficiles à cerner, nous pourrions avoir une excuse de ne pas y satisfaire… Un peu comme les gens qui, pour se donner bonne conscience de ne pas aller à la messe, vous trouveront toutes les bonnes raisons du monde de ne pas y aller : le lieu, l’horaire, la durée, le prêtre, le chauffage… Or l’épître de saint Jean nous révèle le cœur de la foi, et cela tient en quelques mots : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Il ne peut pas y avoir de communion avec Dieu, il ne peut pas y avoir d’entente avec Dieu, il ne peut pas y avoir de prière exaucée par Dieu si nous ne vivons pas dans la foi à son Fils Jésus-Christ. L’image de la vigne que Jésus emploie dans l’évangile de saint Jean renforce encore cette prise de conscience. Il est le seul à pouvoir établir une communion réelle entre Dieu et les hommes.
 
Être disciple du Christ, c’est d’abord reconnaître ce rôle incontournable de Jésus de Nazareth pour établir une relation entre Dieu et les hommes. Il ne s’agit pas simplement d’une relation virtuelle comme nous pouvons en établir à travers des réseaux sociaux ou d’une relation vaguement sentimentale comme il peut nous arriver de l’expérimenter quelquefois, mais d’une relation qui touche au plus profond de notre être, et que l’évangile de saint Jean exprime par le mot de « demeurer ». Regardez nos vignes : la manière dont le sarment est lié au cep et communie à sa vigueur. De même que le Fils demeure dans le Père et que le Père demeure dans le Fils, et que cette communion du Père et du Fils établit une vie commune entre le Père et le Fils, c’est la vie du Père qui est transmise par le Fils, et c’est dans cette vie du Père que le Fils puise sa propre vie. De même, Jésus dit à ses disciples qu’il ne peut pas y avoir de véritable vie de disciple si nous ne demeurons pas en Lui et s’il ne demeure pas en nous. C’est-à-dire, ultimement, que par la médiation du Fils, c’est Dieu lui-même qui vient demeurer en chacun d’entre nous, et c’est en Dieu que nous sommes appelés à demeurer.
 
On peut comprendre que pour beaucoup d’hommes et de femmes cela reste mystérieux, obscur, voire scandaleux. Que peut-il y avoir en effet de commun entre Dieu et nous ? Comment peut-on imaginer qu’il existe une sorte de sève conductrice de la vie qui circule entre Dieu et l’humanité ? La création, le monde que nous connaissons, et notre propre vie dans ce monde, sont comme une prolongation, un reflet, une expression de la vie de Dieu lui-même. Le Dieu créateur ne reste pas extérieur à sa création : Il lui donne la vie en s’impliquant ! La communion que le Christ exprime en disant qu’il demeure dans le Père et que le Père demeure en lui et que nous sommes appelés nous aussi à demeurer dans le Christ, et par le Christ à demeurer dans le Père, nous fait comprendre que rien ce qui fait notre vie, jusque dans les détails, ne reste étranger à Dieu. Dans tout cela, Dieu est impliqué, ou du moins il veut être impliqué si nous lui en laissons l’espace.
 
Demeurer dans le Christ et que le Christ demeure en nous ! Pour cela il faut suivre ses commandements. Non pas simplement acquérir une sorte de sagesse bienveillante ou un catalogue de choses interdites ou autorisées, mais passer de la parole aux actes, comme nous le dit l’épître de Jean : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité » (1 Jn 3,18). C’est ce désir, cette volonté de notre part, qui exprime l’inclination de notre cœur. Dieu n’attend pas forcément de nous une obligation de résultats, mais de moyens. Il n’attend pas de nous que nous soyons parfaits mais qu’en vérité nous le désirions. Alors sa vie passe dans la nôtre. Alors « si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. »
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

vendredi 20 avril 2018

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (B) - 22 avril 2018

Ce quatrième dimanche de Pâques est celui que l’on appelle un peu rapidement le dimanche du Bon Pasteur. Cela n’est pas sans lien, évidemment, avec l’évangile que nous venons d’entendre. Dans cette longue déclaration de Jésus, et que saint Jean nous rapporte, il nous est dit quelque chose de fondamental. Jésus emploie une image, bien commune et donc connue en son temps : celle d’un berger. Nous avons sans doute plus de mal à nous représenter les choses aujourd’hui. Cependant ce qu’il ressort comme une évidence des paroles que nous entendions, c’est le lien du pasteur, du berger, avec chacune des brebis. Il n’est pas anodin que la liturgie propose ce passage de l’évangile dans la lumière de Pâques. Nous comprenons aussi mieux pourquoi Jésus est ressuscité d’entre les morts : non pas d’abord pour lui, comme une récompense de ses mérites ou comme une reconnaissance de sa dignité, mais pour nous, pour nous entraîner et guider vers ces verts pâturages du Royaume des cieux.
 
Il faut que nous revenions peut-être de façon brève sur la figure du pasteur qu’est Jésus lui-même. Il l’explique lui-même en posant une différence entre le « berger mercenaire » et le « pasteur ». Le berger mercenaire est un employé ; il est ambaûché par le propriétaire du troupeau pour faire le « job », comme on dit. Ni plus, ni moins. On n’attend pas de lui une vertu particulière, mais de bien faire son travail. Ce qui explique aussi que, dans survient le danger – le loup –, il pense avant tout à sauver sa peau. Il n’a pas un intérêt à sauver le troupeau : il ne lui appartient pas. Le pasteur, quant à lui, se sent lié à son troupeau. Ses brebis sont un peu de lui. Quand l’une d’elle est en danger, son cœur frémit et il désire la sauver. Cette brebis en danger n’est pas pour lui un steak sur pattes, ou un pullover en devenir. La preuve : il la connaît par son nom.
 
Jésus, le bon Pasteur, nous sauve. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans les Actes des Apôtres, Pierre conclut son discours en disant : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac 4,12) Cette phrase très simple exprime quelque chose de tout à fait central dans la foi catholique et dans notre expérience chrétienne. Il y a un sauveur, et il n’y en n’a qu’un seul : c’est Jésus lui-même ! Pourquoi ? C’est uniquement en nous agrippant à Lui, en Le suivant sans le lâcher, que nous pouvons traverser cette chose ultime qui voudrait mettre une fin à toutes choses : la mort. Il est l’unique sauveur parce qu’il est le seul qui fait l’offrande de sa vie pour le salut des hommes. Il ne se suicide pas, il ne cherche pas à mourir dans la « dignité », il ne cherche pas à mourir en héros. Il se laisse conduire à la mort en faisant l’offrande de sa vie par amour pour les hommes, et par obéissance à Dieu. Il est le seul par qui nous puissions être sauvés, non pas seulement parce qu’il a donné sa vie pour nous, parce qu’après tout, il aurait pu donner sa vie et l’histoire aurait pu s’arrêter là ! Il est notre sauveur parce qu’il a donné sa vie et qu’il a le pouvoir de la recevoir à nouveau, c’est-à-dire que Dieu l’a ressuscité. Il montre ainsi que la puissance de Dieu est plus grande que les forces du mal et de la mort.
 
Par l’Eglise aujourd’hui, l’annonce de cette bonne nouvelle se poursuit. Et le Seigneur nous donne même dans ses sacrements des moyens pour ne faire qu’un avec Lui et passer la mort en Lui. Au milieu du peuple que nous formons, ils appellent des hommes à le suivre, non pas pour qu’ils le remplacent mais pour qu’ils poursuivent sa mission. C’est le ministère des prêtres. Nous le savons, cette mission et ce chemin, nous les parcourons comme des pécheurs ; nous ne sommes pas toujours à la hauteur de la mission qui nous est confiée, mais ce n’est pas parce que nous sommes faibles que la mission est mauvaise, ce n’est pas parce que nous avons du mal à l’accomplir que Dieu s’est trompé.
 
Réjouissons-nous ensemble aujourd’hui d’avoir un tel Seigneur, qui nous aime, qui nous connaît par notre nom et veut nous conduire. Prions pour les prêtres et pour ceux que le Seigner appelle !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

vendredi 13 avril 2018

Homélie du 3ème dimanche du Temps pascal (B) - 15 avril 2018

Les disciples sur le chemin d’Emmaüs ont été témoins des événements de Jérusalem, comme ils le disent à Jésus en marchant avec lui. Les disciples auxquels Jésus apparaît ensuite ont été eux aussi témoins des événements de Jérusalem. Ils ont vu ce qui s’est passé. Et même si Jésus leur apparaît ressuscité, leur fait toucher son corps, leur montre qu’il mange comme eux, on sent bien que derrière cette expérience, il reste toujours une sorte de zone floue. Bien sûr, c’est lui. Bien sûr, ils le reconnaissent,  ils le touchent, ils le voient manger. Bien sûr, ils l’entendent. Il demeure quelque chose de prodigieusement troublant : c’est Jésus, le même au point de le reconnaître avec assurance et d’être sûr qu’il ne s’agit ni d’un fantôme si d’une hallucination collective suscitée par l’émotion de leur deuil ; et pourtant, ce Jésus est différent. Ce corps de gloire avec lequel il converse, partage le repas leur apparaît comme inouï : il est ressuscité d’entre les morts.
 
Qu'est-ce qui va devenir l’élément déterminant de leur reconnaissance ? Ce sera d’abord le rappel de tout ce qui a été annoncé à son sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. La collection mise bout à bout comme autant d’indices concordants des passages de l’Ecriture qui s’accomplissent en Lui leur permet de reconnaître qu’en Lui se révèle le Messie attendu et espéré. Sans le cheminement à travers les Ecritures, celui que nous avons fat ensemble dans un long déploiement lors de la Vigile pascale, celui que nous faisons chaque dimanche dans la liturgie de la Parole, il est impossible de reconnaître Jésus de Nazareth comme Messie. Il est impossible de faire abstraction des prophéties qui l’ont annoncé, de l’histoire qui l’a préparé, du peuple qui l’a nourri. Et donc, nous pouvons déjà imaginer que dans notre propre reconnaissance du Christ ressuscité la référence aux prophéties, à la loi, à la prière d’Israël sont des éléments constitutifs de notre acte de foi. Voilà pourquoi aussi les chrétiens que nous sommes ne peuvent se dispenser de scruter les Ecritures et de les fréquenter avec passion.
 
Le deuxième élément qui ressort ici, c’est, comme les disciples au retour d’Emmaüs le racontent à leurs compagnons, que le Seigneur s’est fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Nous avons en mémoire le passage de l’Évangile qui précède dans lequel les disciples prient le Christ de rester avec eux à l’auberge et comment au moment où il bénit et partage le pain, leurs yeux s’ouvrent et ils comprennent que l’inconnu avec lequel ils ont cheminé est le même qu’ils avaient connu avant. Cela veut dire pour nous que l’expérience sacramentelle de la fraction du pain, l’eucharistie que nous célébrons semaine après semaine, mais aussi toute l’expérience sacramentelle de l’Église, fait partie de la reconnaissance du Christ ressuscité. C’est ce geste, pourtant si discret, mais si plein de sens parce que posé par Jésus à la veille de sa Passion pour en donner clé de compréhension, qui permet de reconnaître Jésus comme Ressuscité. Plus encore, croire à la résurrection, cela veut dire que nous sommes capables de reconnaître dans le pain qu’il nous partage le corps qu’il a livré pour nous.
 
Enfin le troisième élément constitutif de cette reconnaissance, c’est évidemment la communion des disciples. Les deux disciples qui ont cheminé sur la route d’Emmaüs avec Jésus reviennent à Jérusalem pour raconter leur aventure mais ils ont une surprise quand ils arrivent à Jérusalem. Les autres qui étaient restés là ont eu eux aussi la visite du Christ ressuscité. C’est donc la convergence, l’addition de toutes ces expériences fragmentaires portées dans la communion de l’Église des onze Apôtres et de leurs compagnons qui constituent le témoignage communautaire de l’Église au sujet du Christ. Ce n’est pas chacun pris isolément qui devient témoin de la résurrection. C’est le corps ecclésial tout entier qui est comme constitué par la présence du Christ ressuscité et envoyé comme nous le dit l’Évangile : « la conversion serait proclamée en son nom à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. »
A nous donc d’en être les témoins et de le reconnaître comme vivant au milieu de nous en ce jour.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

jeudi 5 avril 2018

Homélie du 2ème dimanche de Pâques et de la Miséricorde divine - in albis - 8 avril 2018

Arrivons-nous à croire sans voir ? Mais si nous voulons voir à tout prix, est-ce que nous avons vraiment la foi ? Thomas avait besoin de voir pour croire. À travers son dialogue avec lui, Jésus nous fait comprendre que croire ce que l’on voit, ce n’est pas vraiment la foi. Si l’évangile peut dire « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29), c’est parce que croire sans voir, c’est réellement faire confiance à celui qui nous appelle. C’est se fier réellement à la Parole de Dieu qui nous est donnée, « pour que nous croyons que Jésus est le Messie le Fils de Dieu et afin que par notre foi, nous ayons la vie en son nom » (Jn 20, 31).
 

C’est là quelque chose de tout à fait original, que beaucoup autour de nous ne comprennent pas, et que nous-même ne saisissons pas complètement. Nous pensons que la connaissance que nous pouvons acquérir par nos sens et notre entendement est plus fiable que celle que nous avons du Christ que nous n’avons jamais vu. Et nous pouvons envier les disciples qui l’on vu ressuscité. Nous pouvons même penser que s’il apparaissait, tout le monde croirait. Mais ce n’est pas vrai, et Jésus le dit lui-même dans l’Évangile : « Même s’ils voyaient quelqu’un revenir d’entre les morts, ils ne croiraient pas ! » (Lc 16, 31).
 

Ce n’est pas à cause de ce que nous voyons ou de ce que nous connaissons par notre intelligence que nous croyons. Le fondement premier de la foi, c’est la confiance que nous mettons dans la Parole de Dieu. Certes, notre foi ainsi fondée s’enrichit et se fortifie par le travail de notre connaissance. Mais pour nous, cette connaissance ne porte pas sur la personne historique de Jésus, que personne n’a vue de ses yeux depuis l’Ascension et que personne ne verra jusqu’à son retour. Nous croyons sans avoir vu le Christ. Comme saint Pierre l’écrit dans sa première épitre : « Nous l’aimons sans l’avoir vu. Nous croyons en lui sans le voir encore » (1 P l, 8). Cependant, nous avons tout de même quelque chose à voir. Notre foi n’est pas aveugle. Ce n’est pas parce qu’elle ne s’appuie pas sur l’expérience sensible, qu’elle ne s’en nourrit pas !
 

L’histoire de la communauté chrétienne depuis la résurrection nous donne à contempler des réalités et des expériences. Il y a notamment le signe du pardon, de la réconciliation et de la miséricorde. C’est la mission que le ressuscité confie à ses apôtres, et pour laquelle il leur donne l’Esprit-Saint. L’efficacité de ce pouvoir extraordinaire donné par Jésus à ses disciples devient, par la puissance de son Esprit, un signe sensible de l’action du Christ ressuscité au cœur de l’humanité. Tous, nous pouvons découvrir que l’amour de Dieu est plus grand que le mal que nous pouvons faire, que sa volonté de réconciliation est plus forte que l’endurcissement de nos cœurs, que la haine n’est pas le dernier mot de l’histoire humaine. De tout cela nous pouvons faire l’expérience sensible : nous connaissons des gens (nous d’abord !) qui sont des pécheurs et nous vérifions que leur foi devient une force, qui leur permet de surmonter la faiblesse de leur cœur.
 

Thomas était devenu un isolé. Il s’était mis à part du groupe, de la petite Eglise des Apôtres, claquemurée « par peur des Juifs » ; Plus que son absence physique au soir de Pâques quand Jésus apparaît aux siens, c’est son scepticisme qui le met à part. Là encore Jésus ressuscité prend le soin de le réconcilier, c’est-à-dire de le réintégrer. Nous-même, il peut nous arriver de douter, de nous demander si tout cela est vrai, et à chaque fois le Christ nous invite à reprendre place dans la communauté de « ceux qui croient sans avoir vu ». Non pas qu’il s’agirait d’une démission de notre part, de notre intelligence, mais du fait que nous nous reposons sur la foi de nos frères quand la nôtre viendrait à défaillir.  
 

Alors, oui, nous croyons sans avoir vu le Christ, nous croyons plus fermement en voyant les fruits de la puissance du Christ agissant par son Esprit. La mission que nous avons reçue est de manifester les fruits de sa grâce à travers notre manière de vivre, de faire confiance, de manifester la force du pardon. Notre vie peut témoigner que le Christ est vainqueur de la mort.

 
AMEN.
 

Michel Steinmetz