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samedi 29 septembre 2012

Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire- 30 septembre 2012

Jean, un des douze apôtres, n’en revenait pas ! Il avait vu quelqu’un qui chassait les démons et les esprits mauvais, sans être mandaté par Jésus. Un concurrent, somme toute ! Et Jean le dénonçait et réclamait des sanctions. Car seuls les Douze avaient reçu ce pouvoir de Jésus, lorsque celui-ci les avait envoyés deux par deux au devant de lui, dans les bourgades où lui-même devait ensuite aller. Voyez-vous, dans l’Eglise à peine naissante, - dans ce petit noyau que le Christ a réuni autour de lui, - il y a déjà la tentation du pouvoir, réservé à un groupe d’élite. Clan des purs et des durs, qui sont convaincus d’être du bon côté, d’être propriétaires de l’esprit même de Dieu

Et ce n’est pas nouveau. C’est même une vieille histoire, puisque c’était déjà le cas au temps de Moïse. L’événement nous est raconté dans la première lecture. Moïse a convoqué 72 anciens sur la montagne, des hommes sages parmi le peuple, pour qu’ils reçoivent l’Esprit de Dieu, en même temps que lui. Or, deux d’entre eux ne sont pas au rendez-vous. Ils sont restés dans le camp. Et voici que ces deux-là se mettent à prophétiser eux aussi, autant que les 70 autres. Josué, un peu jaloux, s’en inquiète et vient réclamer près de Moïse. Alors celui-ci a une parole merveilleuse : « Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! ». Ce souhait de Moïse est toujours d’actualité. Plaise à Dieu qu’il répande encore sur nous son Esprit pour faire de nous tous un peuple de prophètes. Mais comment être prophète aujourd’hui ?

L’Esprit de Dieu est répandu dans l’univers. Il agit à travers le monde. Il inspire tous les hommes au cœur droit et sincère. N’est-il pas vrai que beaucoup de non-chrétiens peuvent découvrir Dieu présent, dans la beauté de la nature, dans l’immensité des univers astraux et la grandeur des espaces et des galaxies, aussi bien que dans la complexité des organismes infiniment petits, observables seulement au microscope ? Beaucoup d’hommes de part le monde reconnaissent le Dieu créateur et l’honorent, selon la fidélité à leur propre conscience, ou selon leurs propres religions, dans le contexte de leur propre culture. Qui sommes-nous donc, nous les chrétiens, pour être aujourd’hui jaloux et ne pas reconnaître que tous ceux-là possèdent également l’Esprit de Dieu ? Cela ne veut pas dire que toutes les religions se valent et qu’il n’est pas important pour notre identité chrétienne de penser que nous sommes dans la vérité, car Dieu révélé en Jésus est Vérité. Dieu décide de se donner et il le fait en son Fils. Son Eglise est dépositaire de cette Vérité, non pour la garder pour elle-même, mais avec l’ordre de la partager pour que tous arrivent à la connaissance de Dieu. Il ne s’agit pas de prosélytisme. Il s’agit d’ouvrir des chemins dans les cœurs, conscients du don immense qui nous est fait.

Malgré tout cela, la tentation d’exclure ceux qui ne sont pas de notre bord est toujours là bien ancrée dans nos cœurs. Nous n’aimons pas que d’autres partagent nos champs de mission et fassent aussi bien que nous, voire mieux. Nous n’acceptons pas facilement que d’autres agissent pour Dieu, en dehors des normes imposées et des limites tracées. Nous n’admettons pas facilement les croyants qui ne sont pas en règle. « Ne les empêchez pas », a répondu Jésus. Car s’ils libèrent leurs frères, s’ils les remettent debout, s’ils font entendre la voix de l’amour, loin de l’intolérance, l’Evangile est en marche. Comment pourrait-on croire qu’ils le font contre moi ?

Oui, ce que Jésus demande à ses disciples, aujourd’hui comme hier, c’est d’être tolérants, vis à vis des autres. C’est d’accepter que le bien se fasse autrement et par d’autres chemins que ceux que nous avons prévus. La tolérance est galvaudée aujourd’hui par l’emploi que nous faisons de ce mot, comme s’il fallait tout accepter, tout relativiser, promouvoir des vérités parallèles, rester dans le politiquement correct, être partisan d’une vérité qui serait le fruit d’un consensus ou d’une majorité. La tolérance à laquelle appelle Jésus se fonde, non dans la victoire de l’un sur l’autre, d’un dominant sur un dominé, mais dans le respect des consciences. Il n’est pas antinomique de savoir que nous sommes dans la Vérité parce que Dieu est vérité et d’inviter les autres à la partager. Ce ne sera pas là l’exercice d’un pouvoir, bien plutôt celui d’un service. La Vérité de Dieu n’est pas un dû, elle est toujours un don. Elle est plus grande que nous et ne nous faisons que de l’accueillir comme tel.

AMEN.

Michel STEINMETZ †



mercredi 26 septembre 2012

Le dimanche et les célébrations de la Parole de Dieu

Ce texte vise à poser théologiquement la question du dimanche et des célébrations de la Parole de Dieu afin d’en repérer les enjeux pastoraux et les répercussions pour une juste compréhension du mystère du Christ et de l’Eglise.

Le dimanche, jour de l’eucharistie
L’histoire du dimanche montre que dès les origines du christianisme les chrétiens ont célébré le dimanche, jour de la Résurrection, premier jour de la semaine, jour de la nouvelle création, par la célébration de l’eucharistie. Ce rassemblement hebdomadaire est donc étroitement lié à la mémoire eucharistique de l’Eglise qui actualise ainsi l’évènement pascal, comme fondement de sa foi (cf. 1 Co 15,14). Le dimanche apparaît comme une Pâque hebdomadaire avant même l’instauration de la célébration annuelle des fêtes pascales. C’est également ce qui ressort de l’enseignement de Vatican II notamment n. 106 de la Constitution sur la liturgie. Dissocier la célébration dominicale de sa dimension eucharistique revient donc à s’écarter de la Tradition de l’Eglise sur un point fondamental.
On notera ici que la relation entre Eucharistie, Assemblée et Dimanche fut au cœur de la réflexion menée il y a environ 10 ans par le CNPL sous la responsabilité de la CELPS.

Ne pas céder à la pression de l’urgence
Certes, les questions posées aujourd’hui à la pastorale interrogent fortement les pratiques ecclésiales. Et les questions se multiplient. Que faire par exemple quand il n’est matériellement pas possible de célébrer l’eucharistie ? Quid de l’existence et de la survie des communautés locales ? Comment penser le rôle des ministres ordonnés dans un temps de mutations accélérées ? « Quel avenir pour la paroisse ? » pour reprendre la formule du P. Arnaud Montoux, prêtre de Sens-Auxerre dans un livre récent.
Mais si ces questions peuvent susciter l’inquiétude surtout lorsqu’on se projette dans l’avenir, ne serait-ce qu’à l’horizon des dix prochaines années, on peut souligner qu’elles désignent surtout un paysage assez brouillé, qui rend la prise de décision difficile.
Par ce que la tentation est grande de vouloir trouver des solutions rassurantes, il est essentiel que par des réactions trop rapides, la pression du quotidien et le souci d’un avenir incertain et difficilement imaginable, ne conduisent pas à aggraver les difficultés en voulant y porter remède. Il faut éviter notamment de vouloir « anticiper la crise », par exemple en travaillant sur la base de projections statistiques, une attitude qui risque de défaire l’existant sous prétexte de préparer l’avenir.
La situation actuelle de fragilisation du tissu ecclésial invite au contraire à garder la tête froide pour regarder sereinement ce qui est en train d’émerger et discerner ce qui est en train de mourir et ce qui peut être porteur d’avenir.

Lex orandi, lex credendi
Cet adage célèbre souligne combien les formes liturgiques sont liés à la compréhension de la foi. La liturgie est célébration de la foi et les formes liturgiques façonnent les itinéraires croyants (cf. sur ce point la réflexion qui a conduit au Texte National d’Orientation sur la catéchèse).
En retour, c’est dans la liturgie que s’exprime la foi de l’Eglise. Il faut donc veiller à ce que les formes liturgiques ne viennent pas « déformer » la relation des fidèles aux données fondamentales de la foi. Les options liturgiques et pastorales emportent également des conséquences sur la manifestation en liturgie du mystère de l’Eglise, mais aussi sur la conception des ministères dans l’Eglise.
Parce que la liturgie édifie l’Eglise comme peuple de Dieu et corps du Christ, un corps structuré par les charismes et les ministères, dans les discernements en cours, il est absolument nécessaire d’être attentifs à prendre en compte trois dimensions fondamentales :
1) la relation entre célébration du mystère du Christ et manifestation du mystère de l’Eglise (cf. SC 2) ;
2) l’articulation entre sacerdoce commun des fidèles et ministères des évêques, des prêtres et des diacres (cf. LG 10-11) ;
3) la structuration sacramentelle de la foi chrétienne en tant que les sacrements de l’Initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie) sont le fondement de l’identité chrétienne.

Célébrations de la Parole et Eucharistie
Promouvoir des célébrations de la Parole implique par conséquent de peser les enjeux pour une juste perception de la foi de l’Eglise :
- Pour une juste compréhension de la relation entre Parole et Eucharistie : Parole et Eucharistie sont inséparables comme le souligne Vatican II non seulement dans Dei Verbum 21 qui parle d’une seule table sous deux formes (comme l’avait fait le P. Congar dans les mélanges offerts à Mgr Weber) mais aussi dans Sacrosanctum Concilium n. 56 qui insiste sur le fait qu’il s’agit d’un « seul acte de culte » ; c’est pourquoi si les ADAP peuvent être une pratique d’exception, comme son nom l’indique, elle ne peut devenir une pratique habituelle,
- Pour une juste compréhension de l’eucharistie comme sommet et source de la vie de l’Eglise (Lumen Gentium, n. 11) : on connaît l’adage forgé par le P. de Lubac : « L’Eglise fait l’eucharistie, mais surtout l’eucharistie fait l’Eglise ». S’il n’en faut pas conclure à une sorte d’automatisme sacramentelle, il faut se rappeler que la célébration de l’Eucharistie (avec ses « deux parties » cf. SC 56) et elle seule, manifeste l’Eglise comme sacrement procédant du mystère de la croix, car « c’est du côté du Christ endormi sur la Croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église toute entière » (SC 5).
- Pour une juste compréhension de la notion de communauté chrétienne : en contexte catholique, l’assemblée liturgique structurée par les différents ministères (SC 29 attribue aux lecteurs, à la schola un « véritable ministère liturgique ») est ce qui manifeste à la communauté qu’elle n’est pas fondée sur des liens de conviction ou de solidarité mais qu’elle se reçoit d’un appel de Dieu (le mot assemblée désigne une convocation) aussi bien que de la célébration des sacrements et au plus haut point de l’eucharistie.

L’eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11)
La promotion des célébrations de la Parole est l’occasion de mettre en œuvre l’esprit du Concile qui présente l’eucharistie comme source et sommet :
La liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu. […]C’est donc de la liturgie, et principalement de l’eucharistie, comme d’une source, que la grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette sanctification des hommes dans le Christ, et cette glorification de Dieu, que recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Eglise. SC 10
Or si l’eucharistie apparaît comme le seul élément de la ritualité catholique, elle ne peut en être ni la source ni le sommet. Redécouvrir la richesse de la tradition liturgique et des formes de prière, sans confusion ni concurrence, permettrait de remettre les choses en perspective et de chercher un nouvel équilibre.
Pastoralement, au niveau de leur démarche de foi, ce déploiement des différentes propositions liturgiques de l’Eglise serait profitable à ceux qui ne peuvent participer pleinement à la célébration eucharistique : ils pourraient ainsi se sentir plus profondément partie prenante de la vie de l’Eglise et de la vie de foi (cf. sur ce point, Jean Paul II, Familiaris Consortio, nn. 83-84). Pour ceux qui accèdent régulièrement à la table eucharistique, ce déploiement de la vie liturgique rappellerait que l’eucharistie est un sommet, qui appelle selon la belle formule de St Augustin à désirer devenir ce que nous recevons, c’est-à-dire le Corps du Christ.

L’action eucharistique
L’enseignement de Vatican II a permis de retrouver l’unité entre trois dimensions que le Concile de Trente avait de fait séparées : sacrement, sacrifice et communion, chacune de ces dimensions faisant l’objet d’un texte particulier. Le P. Gy a souvent rappelé que l’œuvre de Trente avait sur ce point été marquée par les circonstances, et qu’elle ne résultait pas d’une volonté de principe.
En redécouvrant la place centrale de la prière eucharistique, la réforme liturgique a permis de retrouver « l’unité de l’Eucharistie » selon la belle formule du Cardinal Kasper (Sacrement de l'unité, eucharistie et Église, Cerf, 2005).
C’est donc sur ces bases qu’il convient d’aborder la question de la communion eucharistique qui ne peut être pensée comme une question indépendante. Le pain et le vin consacrés sont donnés en partage dans une célébration unique où ils apparaissent en même temps comme « fruit de la terre et du travail des hommes », corps livré et rompu apportant la vie du ressuscité et la grâce de la rédemption, mais aussi pain partagé pour que grandisse la communion ecclésiale.
La tradition ancienne de l’Eglise réservait la communion en dehors de l’eucharistie aux malades (la réserve eucharistique trouve ici son origine), afin que ceux-ci ne soient pas « durablement » privés du pain de la vie. Cette pratique ne peut donc être étendue sans changer de sens. Séparer le geste de communion de la dynamique pascale et ecclésiale de l’Eucharistie, risque de faire apparaître l’hostie comme simple support de la Présence réelle. Communier, ce n’est pas seulement recevoir l’hostie et boire au calice, c’est entrer en communion avec Dieu en devenant toujours plus profondément membre du corps du Christ.
L’enseignement de Sacrosanctum Concilium (n. 7) sur les différentes modalités de la présence du Christ dans la liturgie, enseignement déjà exposé par Pie XII dans Mediator Dei, tend à desserrer une vision réductrice de la présence à la seule présence sous les espèces mais aussi valorise les autres aspects de la vie liturgique (par exemple les célébrations de la Parole ou la liturgie des Heures) comme célébrations plénières en Eglise du Mystère du Christ.
Enfin sur ce point, il est difficile de ne pas penser qu’une extension trop large de la distribution de la communion conduirait à renforcer une sorte de banalisation de la communion qui apparaît de plus en plus de nos jours comme un geste systématique et donc anodin et sans véritable portée.

Pour une pastorale liturgique
Plus que jamais, le concept de pastorale liturgique retrouve tout son sens et son actualité dans la vie de l’Eglise. Au lieu de penser séparément « des » pastorales spécialisées, les urgences actuelles invitent plutôt à songer à une pastorale unifiée, comme on en voit le souci exprimé dans le Texte National sur la catéchèse en France. Cette vision d’ensemble est seule capable de donner force et cohérence à la proposition de la foi dans le monde contemporain. Il nous faut aujourd’hui penser à des chemins d’accès à la liturgie et à l’eucharistie et abandonner les schémas qui ne considèrent que l’acte en soi, ou le terme sans son cheminement.


La meilleure pédagogie est celle de l’exemple : pourquoi les évêques, lors des visites pastorales, ou même lors d’inaugurations en tous genres, ne présideraient-ils pas des célébrations de la Parole ou de la Liturgie des Heures ? Le peuple chrétien ne pourrait qu’y grandir dans la foi de l’Eglise.

Père Michel STEINMETZ
Directeur du service diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle,
de musique sacrée et d’art sacré

Message au Deutsches Liturgisches Institut - 23 juillet 2012

Message prononcé à Trèves le 23 juillet 2012 à l'occasion de la remise du prix Balthasar Fischer décerné par le Deustsches Liturgisches Institut

Sehr geehrte Damen und Herren,

"MUNUS MUSICÆ SACRÆ MINISTERIALE" (ZWEITES VATIKANISCHES KONZIL, Sacrosanctum Concilium, n.112) Ein neuartiger Ausdruck des Zweiten Vatikanischen Konzils: Geschichtlicher Ursprung, Bezugsrahmen, Bedeutung.
Nach erfolgreichem Abschluß dieser Dissertationsschrift unter der Betreuung der Doktorväter Patrick Prétot und Jean-Marie Salamito wurde mir im Oktober 2010 vom Institut Catholique de Paris das Doktorat der Theologie und von der Université Paris IV-Sorbonne das Doktorat der Geschichte der Religionen und der Religionsanthropologie verliehen.

Heute wird diese Arbeit durch die Verleihung des Balthasar-Fischer Preises geehrt. Diese Auszeichnung nehme ich mit größter Freude entgegen und bin dem Deutschen Liturgischen Institut in tiefer Dankbarkeit verbunden. Dankbarkeit dafür, dass meine Arbeit als grundlegend für die aktuelle liturgiewissenschaftliche Forschung anerkannt wird. Dankbarkeit auch dafür, dass der Beitrag eines Elsässers zur Zusammenarbeit unserer beiden Länder und Kulturen öffentlich wertgeschätzt wird. Dabei ist mir auch bewusst, dass die engen Verbindungen der deutschen und der französischen Liturgiewissenschaft, wie sie seit der Liturgischen Bewegung schon in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts bestehen, ein wichtiges Element waren, um die Liturgiereform des Zweiten Vatikanischen Konzils vorzubereiten und sie anschließend in das Leben der Kirche umzusetzen. Balthasar Fischer, nach dem der verliehene Preis benannt ist, war mit seinen theologischen und historischen Kenntnissen genauso wie mit seinem pastoralen Gespür eine der wichtigsten Gestalten, der dabei zeit seines wissenschaftlichen Wirkens die deutsch-französischen Verbindungen gepflegt hat. Deswegen freue ich mich umso mehr, diesen Preis entgegennehmen zu können.

Meine wissenschaftliche Forschungsarbeit möchte erschließen, wie auf dem Zweiten Vatikanischen Konzil - dank einer in der Formulierung einzigartigen Definition im Artikel 112 der Liturgiekonstitution - die Kirchenmusik durch ihre ekklesiologischen Resonanzen als theologischer Ort beschrieben wird.
Infolge meiner Aufgaben, die ich gleichzeitig im pastoralen, musikalischen, und akademischen Bereich hatte, war ich bestrebt nachzuweisen, dass die Kirchenmusik kein zweitrangiges Requisit des christlichen Gottesdienstes ist, sondern einer der Orte, wo sich das Geheimnis Christi und der Kirche in Ton und Klang offenbart.

Gegenwärtig stehen Kirche und Liturgie vor schwerwiegenden Entscheidungen, was ihre weitere Entwicklung und den Fortbestand ihrer Formen betrifft. Die Zukunft steht offen. Die liturgischen Formen divergieren voneinander und leiden oft unter der Subjektivität der Mitwirkenden jeglicher Prägung, auch jener, die sich an der liturgischen Tradition der Kirche festklammern.
In diesem Umfeld scheint mir eine grundsätzliche theologische Überlegung unumgänglich, die über die heutige liturgische Gestalt hinaus eben diese Formen neu beseelt.
Der grundlegende Befund der Liturgischen Bewegung lautet: die Liturgie ist nicht mehr als ausschließlich formelle Übung mit stereotyper Durchführung festumrissener Vollzüge zu betrachten, sondern als ein Sich-Versenken in die Teilhabe und das Mysterium Christi und der Kirche.
In diesem Zusammenhang werden Habitus und Gebärde zurücktreten: In den Mittelpunkt rückt nämlich das Sein.Meine auf historischer Forschung basierende Arbeit will verdeutlichen, welche Dimension die Kirchenmusik dabei einnimmt.

Diese Worte des Dankes für die Überreichung des Preises möchte ich auch im Namen der anderen Preisträgerin, Julia Knop, aussprechen. Gern drücke ich nochmals in unser beider Namen unsere Freude aus, dass wir für unsere theologischen Studien diesen angesehenen Preis erhalten haben. Wir bedanken uns für Ihre Anerkennung und für Ihr Vertrauen, das Sie uns damit entgegengebracht haben.






Homélie du 25ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 23 septembre 2012

L’écoute de cette page d’évangile nous atteint certes, mais, pour ne pas nous sentir trop concernés, nous prenons avec humour et condescendance l’attitude carriériste des apôtres, nous voyons avec étonnement ou tendresse cet enfant érigé là en modèle. C’est vrai… ce que dit Jésus est vrai. Mais, nous, Seigneur, nous n’en sommes plus là ! Et pourtant…
Jésus, encore, annonce sa mort et sa résurrection. Nous recevons cette annonce comme un évènement extérieur, historique, comme quelque chose qui s’est passé un jour, il y a très longtemps.
Prenez garde ! Jésus ne dit pas : « Le Fils de l’Homme sera livré », mais bel et bien : « Le Fils de l’Homme est livré ». Des neuf annonces de la Passion dans les Evangiles, c’est la seule qui soit au présent de l’indicatif. Vertigineux présent, n’est-ce pas ? Concerne-t-il seulement le présent de Jésus et des apôtres, ce jour-là, ou concerne-t-il aussi le nôtre ?
Oui, frères et sœurs, à cette question toujours actuelle et à nous toujours adressée : « De quoi discutiez-vous en chemin ? », il nous faut nous souvenir de ce présent de l’évangile, il nous faut, enfin, toujours mieux nous disposer à accueillir le Christ.

I.- Le Fils de l’Homme est livré aujourd’hui.

Il n’en va pas d’un effet d’annonce, d’un effet de rhétorique, comme on sait en faire. Quand nous recevons la Parole de Dieu comme telle, quand elle nous rejoint dans la célébration liturgique, elle est pour nous présence du Christ vivant. Nous n’entendons pas un texte ; nous écoutons une Parole, celle vivante d’un Dieu à nos côtés. Quand Jésus parle dans l’évangile, c’est aujourd’hui que cette Parole nous rejoint. Ainsi quand il dit : « Le Fils de l’Homme est livré aux mains des hommes », c’est ici et maintenant que cela s’accomplit.
Christ en agonie jusqu’à la fin du monde, disait le philosophe Pascal. Aujourd’hui, toujours, continûment, le Christ est livré. Le Christ est livré au sarcasme quand on tue l’innocent. Le Christ est livré au massacre quand on tue l’innocent. Le Christ est livré à l’abandon quand on n’accueille pas l’enfant…
Est-il nécessaire de donner des exemples ? Pensez aux guerres fratricide, aux souffrances infligées de par le monde à des croyants à cause de leur foi… Il ne nous est pas difficile de croire que les souffrances de la Passion se prolongent, que la vie, la vie de Dieu, est en butte à la barbarie humaine, aux forces du mal et de la mort. Mais aujourd’hui, le Christ se remet en nos mains ; si les grâces de sa Résurrection nous sont acquises, il nous faut toujours œuvrer au cœur du monde, là où Dieu nous place, pour que son Règne d’amour et de paix progresse.

II.- « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

L’annonce de la Passion de Jésus bouleverse certes les Apôtres mais ouvre pour eux une perspective d’avenir. S’il n’est plus là, qui prendra la place ? Qui est le plus grand, le plus digne, le plus capable ? Et tant qu’il est encore là, n’est-il pas temps d’asseoir son pouvoir de manière légitime vis-à-vis du reste de la bande ? Quel réflexe humain… Allez ! Avouons-le. Ils ne sont pas bien différents de nous.
Ne vous êtes-vous jamais pris à ce jeu malsain, que ce soit dans vos engagements religieux, communautaires, familiaux, professionnelles, associatifs, paroissiaux ? A quel moment dois-je me faire voir ? Quand dois-je crier le plus fort ? Comment consolider mon influence ? Et si j’avais encore un peu plus de pouvoir, de gloriole à mon actif ?
Sans aller jusque là, ne croyez-vous pas qu’on perde un temps fou, une énergie démesurée à se battre pour des détails, à créer ou entretenir des structures, à négocier des futilités, quand autour de nous règne la violence, la foi est attaquée, quand nous sommes confrontés à de vraies et profondes questions, comme celle du témoignage que nous pouvons donner autour de nous ? Saint Jacques nous le rappelle : « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous les instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? […] Vous n’obtenez rien parce que vous ne priez pas. »

III.- Ce qui compte c’est d’accueillir le Christ.

La prière, en effet, quel plus beau moyen pour accueillir le Christ en vérité, c’est-à-dire en étant débarrassés de tous ces instincts qui nous entravent, qui nous paralysent. En priant, non en marchandant avec le bon Dieu, mais en nous ouvrant à sa volonté, nous nous mettons dans l’attitude de recevoir la sagesse qui vient de lui, elle qui est « droiture », « paix, tolérance, compréhension, pleine de miséricorde et féconde en bienfaits, sans partialité et sans hypocrisie ».
Et si nous devions avoir du mal à comprendre ce que cela signifie, Jésus appelle pour nous cet enfant, inconsidéré de la société juive d’alors, le met sous nos yeux et l’érige en modèle. Ne soyez pas comme cet enfant, ne restez pas enfant toute votre vie, mais comme lui, gardez cette innocence, cette spontanéité. N’ayez pas peur de vous en remettre à plus grand que vous pour exister ! Comme Jésus se reçoit du Père, et sait que tout pouvoir vient de lui en n’étant que service, il nous invite à l’accueillir, à ouvrir nos cœurs à cette Parole vivante qui ne cesse de s’accomplir ici et maintenant. Si nous arrivons à cette ouverture, à cette qualité d’accueil, alors, assurément, notre vie se focalisera plus sur l’essentiel que sur tous ces détails au demeurant bien contingents et futiles.

Puisse notre prière se purifier, puisse notre attention rester vive face aux grands enjeux de la foi, puisse notre vie servir, même modestement, aux progrès du Royaume ! Quand Jésus a annoncé qu’il lui faudrait mourir mais qu’au troisième jour il ressusciterait, les Apôtres ont eu peur de l’interroger parce qu’ils ne comprenaient pas, alors ils se sont rabattus sur de futiles plans de carrière ! N’ayons pas peur d’approfondir notre foi par tous les moyens mis à notre disposition. Plus on réfléchit sa foi, plus on la comprend, plus on l’estime, plus on en témoigne !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 24ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 16 septembre 2012

Depuis les premiers moments où des chrétiens se retrouvent pour la prière, ils utilisent des psaumes. Rien d’étonnant à cela puisque c’était là aussi la prière même de Jésus. Tout bon Juif connaît l’ensemble des 150 psaumes par cœur et sa prière en est ainsi tout naturellement enrichie. Il ne cherche pas ses mots, ne se demande pas comment prier Dieu : telle une langue maternelle les paroles de la Bible jaillissent spontanément. Nous savons aujourd’hui que dans les premiers siècles, il en était de même pour les chrétiens : ils connaissaient par cœur la totalité des psaumes, c’est du moins ce que nous rapporte Augustin. Ils y avaient recours dans les célébrations et, de la sorte, jaillissait unanime et spontané le chant de l’Eglise.
Les psaumes font appel à tous les sentiments humains : joie, peur, colère, confiance, doute, et que sais-je d’autres encore. Chacun peut s’y retrouver et retrouver son état d’âme du moment. Mais les psaumes sont aussi une prière : ce sont les mots que Dieu nous donne dans sa bonté pour pouvoir lui parler. Il nous rassure : rien de ce qui fait notre existence ne saurait être caché devant lui – même les moments où nous nous en prenons à lui ! –, rien de tout cela ne saurait être transformé par sa grâce.
Si, durant la célébration de l’eucharistie, nous pouvons chanter un psaume pendant la procession d’entrée ou celle de communion, il est un moment où le psaume est prévu par la liturgie : c’est en réponse à la première lecture. Quoi de plus beau que de pouvoir répondre à la Parole de Dieu avec nos mots, qui sont aussi les mots de Dieu ?

Je vous propose donc, brièvement, de méditer ensemble le beau psaume 114 de ce jour et d’y voir combien tout le message des lectures de la messe y trouve un écho.

J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille ;
toute ma vie, je l’invoquerai.

Si le psalmiste peut faire une telle déclaration d’amour, c’est bien parce qu’il a fait l’expérience de la proximité du Seigneur qui entend le cri de sa prière ; Isaïe aussi proclame : « Le Seigneur Dieu vient à mon secours… Il est proche celui qui me justifie ». Ce grand Dieu, comme dit l’Ancien Testament, est si bon au point de pencher l’oreille vers sa petite créature pour mieux l’entendre encore. Fort de cette confiance, le psalmiste n’hésite pas à dire qu’il passera sa vie à l’invoquer.

J’étais pris dans les filets de la mort,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »

Nous sommes parfois enfermés dans des situations, pris dans des filets dont nous ne pouvons nous défaire. Pensez aux fauves qu’on capture ainsi. C’est le cas du Serviteur de Dieu dans la Livre d’Isaïe. Et ne croyez-vous pas que ce furent les sentiments et l’attitude de Jésus alors qu’il entrevoyait l’issue de sa mission comme sanctionnée par la mort ? Ne croyez-vous pas que ces paroles du psaume aient pu lui revenir au point d’en nourrir sa prière ? Assurément.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.

« Pour vous, qui suis-je ? », demande Jésus. « Le Messie », « le Saint de Dieu », pouvons-nous répondre avec de belles formules bien huilées de catéchisme. Bien sûr, toutes ces réponses sont vraies. Mais sont-elles habitées de notre foi ? Car, quand le psalmiste affirme avec force que le Seigneur est tendresse et pitié, qu’Il défend les petits, il confesse sa foi mais une foi sous-tendue par une expérience personnelle : « j’étais faible, il m’a sauvé ». Il habite ces paroles ou plutôt il permet à Dieu de les habiter parce qu’il lui a fait une place dans sa vie et sa détresse.

Il a sauvé mon âme de la mort,
gardé mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.

Expérience pascale que fait là le psalmiste ! Son âme est sauvée de la mort et, désormais, son avenir se conjugue avec la présence du Seigneur sur la terre des vivants. Mais peut-on ainsi marcher « en présence du Seigneur » au milieu de ses frères et sœurs en humanité sans rayonner de cette présence, sans témoigner de l’expérience ainsi vécue ? Le vrai langage de la foi, c’est l’acte de foi. Tu dis : « J’ai la foi » ? Moi je te dis : « Montre-moi les œuvres de ta foi ! ». N’est-ce pas cela qui distingue fondamentalement la foi des croyances ? « Celui qui n’agit pas, dit l’apôtre Jacques, sa foi est bel et bien morte ».

Cette invitation, cette nécessité, que dis-je ?, ce défi nous rejoint toutes et tous aujourd’hui. « Pour toi, qui suis-je ?, dit le Seigneur. Toi, baptisé, que dis-tu de moi ? Qu’est-ce que ta vie, ta charité, ton engagement proclament de moi ? Qu’est-ce qu’un observateur extérieur apprendrait de moi en te regardant ? Vis-tu de telle manière que ta vie soit inexplicable si Jésus n’est pas le Christ, le Fils du Dieu vivant ? Oui, marche en ma présence sur la terre des vivants ! ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 9 septembre 2012

A part un bref passage en Décapole, territoire au nord-est du lac, Jésus n’a d’abord exercé sa mission que dans sa province de Galilée. Tout à coup il entreprend un long voyage à l’étranger : il entraîne ses disciples en Phénicie, le pays des grands navigateurs et du commerce de la pourpre, avec ses grands ports célèbres de Tyr et Sidon (aujourd’hui le Liban). Il entend bien y passer incognito mais sa réputation l’a précédé : une femme, à force d’insistances, parvient à lui arracher la guérison de sa petite fille (7, 24-30). Alors que, dans son pays, tant de scribes et de pharisiens le critiquent parce qu’il en prend à son aise avec les observances du shabbat et les pratiques rituelles, souvenez l’évangile de dimanche passé ; Jésus a découvert une païenne qui lui fait confiance ! La porte de la mission universelle s’entrouvre !

Ce dimanche Jésus, de retour en Décapole, rencontre un autre païen, un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui. Là également Jésus est reconnu comme thaumaturge : on lui présente un handicapé de la parole. Car en réalité, Marc écrit : « un sourd qui, de plus, parlait difficilement » : or ce dernier verbe n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, en Isaïe 35, 5-6, que la liturgie nous fait entendre en 1ère lecture. Nous verrons la raison de cette référence. Jésus accède à la demande mais curieusement, au lieu d’opérer la guérison d’un mot et sur-le-champ, il entreprend une démarche mystérieuse. Alors que, si souvent, Jésus guérit d’une parole, ici il semble se heurter à un obstacle difficile qui d’abord exige le secret : l’homme doit expérimenter une rencontre seul à seul avec Jésus. Puis il faut des contacts, des touchers avec les organes malades. On sait par ailleurs que de tels gestes étaient également pratiqués par les guérisseurs de l’époque. A juste titre, Jésus guérit d’abord l’ouïe car c’est à cause de la déficience de ce sens que l’homme ne parvient pas à s’exprimer. Le langage correct vient d’une écoute normale. Ensuite Jésus fait appel à la force divine : « les yeux au ciel, il soupire… » : il invoque « le Père qui est aux cieux » et appelle le Souffle de l’Esprit. Enfin il prononce un ordre que Marc a conservé dans la langue originale : « Effata ». L’homme était enfermé en lui-même : n’entendant pas, il ne pouvait bien s’exprimer, il bredouillait des sons informes. Jésus lui rend la communication, le langage, la parole. Alors Jésus lui recommanda de n’en rien dire à personne ; « mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient ».

Pourquoi Jésus interdit-il de propager ses guérisons ? Parce que les gens n’y voient que le côté miraculeux, la santé rendue. D’un côté ces gestes sont nécessaires puisque, avec Jésus, le Royaume de Dieu est survenu et que la Présence de Dieu doit rendre la vie à tout l’homme donc aussi à son corps ; mais d’un autre côté leur aspect sensationnel bloque les spectateurs dans l’admiration devant le merveilleux. D’où l’interdiction – sans guère d’effet – de Jésus qui ne veut pas être réduit à la figure d’un messie bienfaiteur. Ses actions ne sont que des « signes » qui attirent l’attention mais qui doivent conduire à demander une guérison beaucoup plus essentielle, celle du cœur. Au lieu de s’extasier devant les exploits d’un guérisseur exceptionnel, les foules devraient s’interroger en profondeur : quelle est donc la surdité qui frappe le païen ? Pourquoi le païen ne parvient-il pas à s’exprimer avec justesse sur Dieu ? Pourquoi bégaie-t-il des mythes, des fables, des négations ? N’est-ce pas parce qu’il n’a pas entendu la Révélation reçue par Israël ? Jésus n’est-il pas l’Envoyé qui vient l’« ouvrir », lui donner une ouïe neuve qui va lui permettre de s’exprimer en toute justesse et de louer Dieu en joignant sa voix à celle d’Israël ?

Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets ». Très astucieusement Marc termine son petit récit en plaçant dans la bouche des païens la phrase d’Isaïe 35. En fait ce texte évoquait l’allégresse du Liban lorsque les Judéens exilés revinrent de Mésopotamie (6ème siècle avant Jésus-Christ). Pour l’évangéliste, l’événement passé n’est pas qu’un souvenir à rappeler : il devient une promesse de l’avenir. En Jésus, effectivement, c’est bien Dieu qui, aujourd’hui, vient répandre ses bienfaits : enfin les aveugles voient et « les oreilles des sourds s’ouvrent ». « Effata » : le pays qui gisait dans l’ombre de l’incroyance découvre la lumière ; les captifs de l’incrédulité s’ouvrent à la lumière de la foi ; la tristesse de la fatalité se mue en joie folle devant Jésus. Juifs et païens qui suivaient, depuis des siècles, des routes différentes se rejoignent maintenant sur « la voie sacrée », le chemin de l’Evangile, Bonne Nouvelle de la libération universelle.

En racontant cette scène, Marc nous invite de la sorte à poursuivre aujourd’hui ce travail d’« ouverture ». L’heure est venue de sortir de notre enfermement et de remarquer les « sourds ». Ne soyons pas scandalisés par les propos parfois odieux, parfois obscènes, par les affirmations d’athéisme. Ces gens « parlent mal » parce qu’ils n’ont pas entendu la Bonne Nouvelle. L’ouïe, bouchée par les décibels déchaînés ou les slogans menteurs d’une société fermée sur elle-même, ne peut entendre la douce voix de l’Evangile. Mais parmi ces jeunes que l’on dit perdus, il en est qui attendent que quelqu’un vienne les prendre par la main et les conduise à la rencontre du Seigneur. Que nos communautés s’ouvrent, elles aussi, qu’elles les accueillent avec allégresse. Alors le chœur de la louange s’agrandira et ensemble nous proclamerons tout joyeux : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets ! »

AMEN.

Michel STEINMETZ †

lundi 24 septembre 2012

Homélie du 22ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 2 septembre 2012

Une lecture rapide et réductrice de l’évangile de ce jour pourrait faire passer Jésus pour un révolutionnaire qui nous libérerait de toute contrainte, de toute règle, de tout rite. Il n’en est rien.
Le Christ se situe et nous situe par rapport à la loi, quelle qu’elle soit, même celle qui provient de Dieu, celle dont Moïse nous parle dans la première lecture. Les scribes et pharisiens honoraient Dieu des lèvres, mais leurs cœur était loin de Lui. Comme si la loi était, pour Jésus, non pas un commandement mais plutôt un processus, une lente maturation qui nous invite à intérioriser celle-ci, à se la réapproprier pour véritablement la faire nôtre. Une loi des lèvres et loin du cœur est une loi sèche, sans fondement. Elle ne vit pas et conduit souvent l’autre à une mort spirituelle certaine. En effet nous laisse entrevoir l’Ecriture, peu à peu, au fil des générations, de Moïse à Jésus, les hommes n’ont plus compris le sens de la loi. La loi est alors vidée de son contenu. C’est ce que Jésus nous invite à vivre ce matin : redonner tout simplement sens à toutes ces lois dont nous avons besoin pour vivre d’abord avec nous-mêmes et puis avec les autres.

Pour ce faire, il y a lieu de d’abord tenter de comprendre le pourquoi de la loi ? En s’incarnant dans notre monde, en prenant notre condition, Dieu a voulu nous permettre de comprendre le sens premier de la Vie, de notre Vie. Dans sa générosité, il nous a laissé une recette miracle, c’est-à-dire la loi par excellence, la seule véritable, celle de laquelle découle toutes les autres : la loi d’Amour. Notre expérience de tous les jours nous fait découvrir que cette loi est bien difficile à pouvoir réaliser et à suivre à chaque instant. Nous nous laissons souvent dépasser par la vie. Or c’est cette loi de nous aimer les uns les autres qui est la plus importante. C’est elle qui demande à être méditée, intériorisée, ruminée même pour faire partie intégrante de notre cœur. Si nous avions la certitude que Dieu était au milieu de nous et qu’il se cachait derrière les traits de l’un ou l’une d’entre nous, ne croyez-vous pas que nous changerions d’attitude les uns vis-à-vis des autres ? L’être ne serait plus simplement perçu comme humain mais comme lieu possible où se révèle le divin.

Nous insérant dans la chaîne de l’humanité, recevant des traditions, en plus de lois, nous vivons également de rites, comme le rappelle l’évangile. Il n’y a pas lieu de les sous-estimer, de les mépriser. Nos vies en sont remplies. Alors êtes-vous en droit de vous demander, pourquoi Jésus est-il si dur avec les scribes et les pharisiens ? Ils accomplissaient les rites et les commandements. Il n’y avait pas lieu d’avoir une telle attitude à leur égard. La réponse à une telle question peut vraisemblablement se trouver dans la phrase suivante : « ce peuple m’honore avec ses lèvres, mais son cœur est loin de moi ».

Puisque la loi est d’abord loi d’amour, c’est dans le cœur que celle-ci doit résider. Cependant, comme elle nous semble si difficile à réaliser dans notre quotidienneté, nous sommes heureux d’avoir ces garde-fous, ces balises que nous appelons commandements et rites. Ils sont importants car ils nous permettent de nous évaluer nous-mêmes. Ils sont donc avant tout des critères d’auto-évaluation que nous nous donnons à nous mêmes. Nous avons besoin de lois et de rites mais d’abord pour nous.
Si nous pratiquons notre foi par notre présence en ce lieu, par des moments de prière, des gestes de solidarité et de tendresse, nous le faisons car nous avons la conviction qu’ils sont les signes extérieurs de ce qui habite au plus profond de nous-mêmes. Nos paroles, nos gestes, nos actions sont en cohérence avec ce que nous sommes. Il n’y a pas de fracture. Mais en est-il toujours ainsi ?

Ainsi, l’évangile de ce jour nous invite cependant à vivre un chemin d’introspection. Jésus nous convie à ce chemin de vérité. Suis-je en accord avec moi-même ? Suis-je juste dans mes relations, dans mes paroles ? Suis-je apôtre de Dieu par le témoignage de ma vie dont mes pensées, mes actes traduisent la foi qui m’habite ? Les réponses à ses différentes questions sont essentielles pour la transmission de la foi. Si celle-ci se transmet par contagion, il ne s’agit plus de beaux discours, de belles affirmations sans lendemain. Non la foi devient plutôt une manière d’être et de vivre. A ces questions, je ne puis répondre à votre place. Donnons-nous alors le temps d’envoyer notre réponse à Dieu. C’est une affaire personnelle entre Lui et chacune et chacun de nous.

Comme l’évangile nous l’a dévoilé aujourd’hui, Dieu semble ne pas aimer l’hypocrisie. Il attend de nous une certaine vérité. Que jamais nous n’oublions que la vraie foi ne se contente pas seulement de bons sentiments. Elle se traduit dans nos actes et nos attitudes.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 21ème idmanche du Temps ordinaire (B) - 26 août 2012

« Soyez soumis les uns aux autres... pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Eglise, le Christ est la tête. »

Le monde de la Bible n’est pas le nôtre. Les cultures ne sont pas les mêmes ; nous ne pouvons pas lire la Bible comme si elle avait été écrite il y a deux ans. Les images employées ne sont pas immédiatement transposables ; il faut avouer que, aujourd’hui, certains passages de la Bible sont difficiles à entendre. Ils le sont d’autan plus dans un monde qui se complait volontiers dans la polémique. Ce passage de Paul est du pain béni pour les défenseurs d’un féminisme acharné ou pour les ténors récents d’une prétendue liberté qui veulent défendre l’union de deux hommes ou de deux femmes dans le mariage. Nous lisons cependant la Bible dans l’Eglise d’aujourd’hui, parce que nous croyons que, à travers et au delà des différences et des difficultés, ces textes anciens nous parlent de Dieu. Plus encore, par delà les contingences de l’Histoire, nous voulons y trouver quelle est la volonté de Dieu, une volonté qui dépasse et transcende les modes d’un monde qui passe.

Il en est ainsi pour la deuxième lecture d’aujourd’hui, où Paul nous parle du mariage et de l’amour de Dieu. « Par respect pour le Christ », dit-il « soyez soumis les uns aux autres. » C’est très bien, mais il continue : « ... les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’église, le Christ est la tête. » Paul écrit dans et pour une autre culture où la supériorité de l’homme et la soumission de la femme allaient de soi, où on croyait que cette hiérarchie était de l’ordre de la nature. Il ne faudrait pas faire dire à l’Apôtre ce qu’il n’a pas voulu dire. Dans le monde d’aujourd’hui, en Occident du moins, un sentiment pareil est devenu quasiment inacceptable. Plus personne ne veut devoir dépendre d’un autre. Et nous constatons les limites d’une telle prétention dans la sécularisation de la société qui s’arroge le droit de se passer de Dieu et même de la chasser. Pour nous – et heureusement – il est acquis qu’il y a une égalité fondamentale entre homme et femme. Cette égalité n’est pas synonyme de confusion. L’homme n’est pas la femme, mais tous deux sont complémentaires, tel que nous le décrit déjà le Livre de la Genèse.

L’Apôtre aborde certes le mariage, mais le découpage du texte pour la lecture liturgique nous fait peut-être perdre le contexte de la Lettre aux Ephésiens. Paul parle du mariage pour nous instruire sur le mystère de l’Eglise ; il invite les chrétiens d’Ephèse à bâtir le corps du Christ dans l’unité. Notons d’abord que, si Paul croit que la femme doit être soumise à son mari, ce n’est pas pour que le mari en profite en dominant la femme. Au contraire : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’église, il s’est livré pour elle. » Chaque époux doit aimer son épouse jusqu’au point d’être prêt à mourir pour elle, comme le Christ était prêt à mourir pour nous tous. Même si le monde de Paul est un monde hiérarchique, c’est une hiérarchie qui doit être animée uniquement par l’amour, l’amour du Christ : la femme doit être soumise par amour du Christ, le mari doit se donner à sa femme comme le Christ s’est donné à nous. C’est l’amour divin qui doit régner dans le mariage, ce même amour qui nous a conduits à rejeter, à l’époque moderne, cette hiérarchie qui est presque omniprésent dans le monde antique. Ainsi, pour Paul, toute institution, quelle qu’elle soit, doit être animée et sous-tendue par l’amour du Christ, cet « amour qui ne passera jamais ». Sans l’amour nous ne sommes rien.

Mais il faut aller encore plus loin. Si Paul parle du mariage, il parle plus fondamentalement de Dieu. Pour lui, le mariage n’est finalement qu’un symbole, une image de l’amour que Dieu porte pour nous. Il cite le livre de la Genèse, le récit de la création d’Adam et Ève : « à cause de cela, l’homme quitte son père et sa mère, il s’attache à sa femme, et tous deux ne font plus qu’un. » La Genèse parle de l’origine du mariage, mais Paul change totalement le sens du texte : « Ce mystère est grand, » dit-il, « je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise. » Pour lui, le vrai mariage, le vrai mystère d’amour, c’est l’amour du Christ ; c’est lui, l’homme qui quitte le sein de son Père pour s’attacher par amour à l’humanité. Le premier amour, le grand amour, c’est l’amour du Christ pour nous. Le vrai mariage, c’est l’unité entre le divin et l’humain que crée cet amour. Le mariage humain n’est qu’un reflet, une image, de cet amour divin ; il doit nous rappeler cet amour, nous diriger vers lui.

Le mariage n’est donc qu’un exemple. Il y a d’autres reflets, d’autres images de l’amour de Dieu : l’amour d’un parent pour son enfant, l’amour d’un ami pour son ami. Chaque vrai amour humain parle au fond de l’amour divin et nous dirige vers Dieu. C’est pourquoi l’amour de charité, non celui qui se résume à la passion amoureuse ou à une noble amitié, mais l’amour qui est Celui même du Christ, est tellement important dans le christianisme. Il est important au plan humain, bien sûr, mais il est une sorte de sacrement ou de prédication ; il nous montre Dieu, il nous parle de Dieu. C’est en voyant et en vivant un vrai amour humain empreint de l’amour de charité que nous commençons à comprendre Dieu.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 20ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 19 août 2012

Avoir un petit creux, c’est avoir faim de quelque chose. Quand nous venons à l’église, nous avons un petit creux, une faim d’autre chose. Beaucoup disent qu’ils viennent chercher ici une nourriture spirituelle. La plupart d’entre nous, nous quittons cette église pour aller partager le repas en famille ou entre amis. Donc, nous arrivons avec notre faim d’autre chose, et nous repartons avec une faim précise. Même si en nous quittant, beaucoup auront encore faim, ce sera surtout une faim matérielle : un appétit d’un repas qui attend encore ailleurs. En fait, je pense que cela n’est pas tout à fait exact.

Il est vrai que c’est une faim ou une soif de recueillement, de méditation, d’écoute et de paroles qui nous motivent à mettre les pieds dans ce lieu. Nous avons envie d’entendre une parole qui nous interpelle, qui éclaire notre route, qui nous apporte un supplément de sagesse. Nous ne sommes pas fous, peut-être seulement un peu dur d’oreille, lent à croire, au prise avec les doutes et les questions. Si nous avons soif de réponses toutes faites, nous serons vite déçus. Nous n’aurons pas la démonstration scientifique de l’existence de Dieu, tout comme nous n’aurons aucun reportage sur l’au-delà. Nous avons soif de sens, faim d’une parole qui suscite en nous la confiance en la vie et le vouloir aimer. Nous sommes tous affamés d’espérance, de liberté et de relations harmonieuses. A cette faim aux multiples couleurs, pas de réponse clé-sur-porte mais du pain et du vin. Pas de démonstration mais un bouquet de paroles et de prières. Est-ce que cela nous fait vivre ? Si oui, nous repartons léger et revigorés. Si ce n’est pas le cas, et cela arrive, c’est que nous avions peut-être faim que de nous-mêmes. En effet, pour avoir un petit creux, il faut parfois prendre le temps de creuser. Le « tout, tout de suite » ne fonctionne pas souvent en matière de foi et de prière. Voilà aussi pourquoi beaucoup se découragent : plein d’eux-mêmes, plongés dans leurs préoccupations, ils ne sont pas capables de faire encore une place à autre chose qui pourrait les nourrir. D’autres s’imaginent être immédiatement rassasiés, et pour toujours : ils seront déçus.

Le petit creux, c’est avoir faim de l’autre. Si je suis conscient qu’un autre peut me nourrir, je vois que je suis relié à lui. Quand Jésus se présente à nous comme le Pain Vivant, c’est pour dire cela. Nous avons besoin de lui comme d’une nourriture pour vivre. Manger le pain, boire le vin, qui sont pour nous corps et sang du Christ, c’est vivre par lui et demeurer en lui comme il demeure lui-même dans le Père. La communion exprime que nous ne sommes pas des êtres autosuffisants mais que nous existons grâce à autrui. Et nous continuons à exister dans l’éternité grâce à Dieu. Ce n’est pas facile de nous en remettre à un autre que nous-mêmes. C’est pourtant le chemin que propose la Bonne nouvelle annoncée par Jésus. Dans l’Evangile, s’ouvrir à Dieu s’accompagne d’une mission particulière : devenir pain de vie pour autrui. Autrement dit, la faim existentielle qui nous conduit à Dieu ne va pas être simplement rassasiée par la communion eucharistique. Au contraire, nous allons découvrir une faim supplémentaire : celle de communiquer aux autres le goût de Dieu. En quittant cette église, nous aurons peut-être faim mais nous aurons aussi faim de donner aux autres une joie de vivre, une confiance en la vie, une espérance malgré le découragement. C’est à cela que Jésus passait son temps : rendre confiance à une femme adultère, relever celui qui n’a plus le courage d’avancer, rendre une dignité à celui qui est considéré comme un voleur. Il ne comptabilisait pas les fautes de chacun mais il donnait le goût de Dieu en même temps que le goût de la vie. Il a voulu que cette mission continue à travers ces disciples : prendre du pain et du vin, se nourrir de la Vie même de Dieu, faire cela en mémoire de lui. Ensuite, partir sur les routes, annoncer la Bonne nouvelle.

En quittant cette église, nous aurons encore faim. Le pain de la vie aura même renforcé la faim d’être disciple pour ceux que nous rencontrerons. Dans le respect et la douceur, nous pouvons leur offrir un don de Dieu.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

dimanche 23 septembre 2012

Homélie de la solennité de l'Assomption de la Vierge Marie - 15 août 2012

« Mon âme exalte le Seigneur ; Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles : saint est son Nom. » (Lc 1, 46-55)

Nous aurions tort de comprendre ces mots qui nous sont si familiers comme une sorte d’improvisation où la Vierge Marie ferait des confidences sur son état d’esprit. Si vous regardiez attentivement votre bible, vous verriez dans la marge une colonne entière de références de citations de l’Ancien Testament. Le langage du Magnificat est totalement biblique. Et si vous en aviez le temps, il vaudrait la peine de relire dans la Bible ces différents passages et de découvrir pourquoi la Vierge Marie a retenu ces mots qui ne sont pas d’elle mais qui ont nourri sa prière.

C’est elle qui parle d’une manière très personnelle et pourtant c’est la Parole de Dieu qui est sa parole. Nous sommes à l’opposé de l’entreprise poétique quand nous cherchons à dire les choses et à traduire nos sentiments avec une expression neuve et originale. Marie représente le destin le plus singulier dans toute l’histoire de l’humanité, au centre de l’œuvre du salut. Or son langage est celui que Dieu lui-même a mis sur ses lèvres au jour unique de la Visitation et qu’il ne cesse de mettre sur les lèvres des croyants. Le « je » du Magnificat est celui de Marie. Et par le « je » de Marie, c’est toute l’histoire d’Israël qui nous est rappelée. Le « je » de Marie c’est le « je » de tous les croyants qui l’ont précédée. Mais, le « je » de Marie, c’est aussi le nôtre. Par sa bouche, c’est l’Eglise entière qui parle, l’Eglise concrète constituée « d’âge en âge », de « génération en génération » par ces hommes et ces femmes qui se sont succédés dans l’histoire et dont nous faisons partie. Quel bel idéal, quel noble objectif que d’aspirer à ce que nos paroles, celles que nous prononçons jour après jour, soient empreintes de la Parole de Dieu ! Quelle allégresse si nous arrivions à connaître assez profondément la Bible, parce que nous l’aurions assez lue et méditée, de sorte que nos paroles soient les paroles que Dieu lui-même met sur nos lèvres !

Qui a chanté ce chant du Magnificat ? Marie, une fois ou plusieurs fois, nous n’en savons rien. Mais combien plus, des milliards de fois plus, les générations successives de chrétiens qui ont pris ces mots, en ont reçu une lumière et ont trouvé le sens de leur vie dans ce mystère donné à chacun de nous en Marie. Le Magnificat, loin d’être une projection sur Marie toute seule, nous prend, avec Marie, dans le faisceau lumineux de l’histoire du salut et nous fait entrer dans notre vocation, alors même que nous rendons grâce à Dieu pour l’appel qu’elle a reçu et la grâce qui lui est faite, à elle, pour nous. Quand, à notre tour, nous reprenons donc ce cantique d’action de grâce, nous ne nous focalisons pas sur Marie. Bien au contraire, à travers elle, comme un spectre, comme si elle était des lunettes pour bien voir la foi, nous contemplons ce que Dieu ne cesse de faire en faveur de son peuple. Plus encore que de rester de simples spectateurs d’un si grand mystère, nous unissons notre pauvre voix à celle de tous qui « d’âge en âge » ont repris le Magnificat, de tous ceux qui l’ont vécu.

Enfin, lorsque Marie prononce ces paroles, elle porte Jésus en son sein. Le récit de la Visitation est cet extraordinaire dialogue sans paroles des deux enfants dans le sein de leur mère, enfants-prophètes qui tressaillent de joie l’un à l’égard de l’autre. Les merveilles que chante Marie, elles lui sont d’abord données, en sa chair et son cœur. Si Mari tressaille de joie, c’est parce que le Christ a fait sa demeure en elle. Elle le porte en son sein. Plus profondément encore, Marie vibre, consonne au Verbe fait chair. Sa parole devient celle de Dieu lui-même, à la fois parole humaine d’une mère dans l’attente joyeuse de son enfant à naître, et parole divine d’une croyante tout entière donnée à la volonté de Dieu. Le Magnificat propose à notre méditation et à notre adoration le plus extrême réalisme de l’Incarnation dans sa condition la plus secrète et la plus fragile. Il nous place devant la réalité charnelle, humaine du Verbe de Dieu fait homme : Dieu lui-même veut se rendre présent parmi nous en celle qui, en ce moment précis de l’histoire du salut, est « la Demeure de Dieu parmi les hommes » (Ap 21,3), figure de l’Eglise. Le « je » de Marie, c’est à la fois elle, Marie ; c’est la Parole de Dieu, l’histoire d’Israël, toute l’Eglise. Les merveilles que Dieu fait pour elle sont les merveilles qu’il fait pour nous et pour toute l’humanité appelée à la sainteté. Et ce « je » de Marie est totalement centré sur Dieu. Le sujet du verbe, c’est le Seigneur (« il fit », « il s’est penché »).

« Le Puissant fit pour moi des merveilles : saint est son Nom. »

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 8 juillet 2012

L’évangile de Marc est admirablement agencé. Le chapitre quatrième est construit en deux temps :
- Dans le premier, Jésus parle. Il révèle en paraboles, en quoi consiste ce mystérieux Royaume présent dans l’humanité,
- Dans le second, Jésus agit. Il accomplit certains actes qui manifestent la puissance de guérison de ce Royaume.
Ces deux moments sont encadrés par deux scènes surprenantes qui soulignent combien les plus proches de Jésus demeurent sceptiques devant son comportement :
- ses parents (y compris sa mère) surviennent pour le récupérer et le ramener à la maison, se demandant s’il n’a pas perdu la tête (3, 20-21) Il refuse de les suivre. (3, 31-35),
- son village de Nazareth se braque devant lui. C’est ce dernier texte que nous écoutons aujourd’hui (6, 1-6).

I.- Jésus de Nazareth parmi les siens

Pour le culte du shabbat, le chef de la synagogue invite Jésus à prêcher. Il fait son retour au pays, après l’avoir quitté pour rejoindre Jean le Baptiste. Il revient, entouré de disciples ; sa renommée ne cesse de grandir. Ce matin de l’office, tout le village, intrigué, curieux, se presse dans le petit édifice. Et Jésus enseigne comme il le fait depuis le début à Capharnaüm (2, 13). Que dit-il ? De quoi parle-t-il ? Marc se garde de rapporter le contenu des enseignements de Jésus. L’essentiel, c’est le mode de sa parole : « il parle avec autorité » c’est-à-dire de lui-même, sans s’appuyer sur des maîtres, sans enfiler des citations savantes (1, 22). Si bien que la question n’est pas « Que dit-il ? » mais « Qui est cet homme qui ose s’exprimer de la sorte ? ». Marc souligne très fortement l’ébahissement de l’auditoire : « frappé…scandalisé ». Complètement « soufflé » dirait-on. « D’où ça lui vient-il ? ». Quelle est l’origine de sa prédication, comment peut-il accomplir ces miracles, dont on parle partout ? C’est un artisan, un manuel, toujours resté au village, pieux certes, mais n’ayant jamais suivi la formation savante des scribes. On connaît bien sa famille. Jésus formule un constat général : Un prophète est méprisé, non reconnu, dans son pays et chez les siens.
Manque d’accueil, de reconnaissance, de foi ! Jésus est impuissant à accomplir des miracles. En effet son « autorité » n’est pas mécanique, elle ne viole pas les consciences. De même qu’une maison doit ouvrir ses volets pour que la lumière y pénètre, ainsi l’homme doit être humble, prêt à demander, accessible, afin que la force du Royaume puisse se déployer en lui. Sinon Jésus serait un magicien qui joue des tours, qui s’amuse de la crédulité du public.

II.- Sommes-nous de Nazareth ?

Pas question de se mettre en colère, d’accabler ces gens de reproches cinglants ni de les condamner à l’enfer. Inutile de s’acharner, de vouloir à tout prix obtenir des résultats. Jésus ne se décourage ni ne s’arrête jamais : il reprend sa route et s’en va porter la Parole ailleurs. Avant de nous disperser pour le temps de l’été, il nous faut nous interroger : sommes-nous de ces habitants de Nazareth ? Accueillons-nous encore la parole d’autorité de Jésus ou l’empêchons-nous de faire des miracles ?
Le christianisme trop bien connu ? Aujourd’hui les pays occidentaux avec une grande majorité de baptisés et des vestiges chrétiens prestigieux semblent devenus allergiques à un message qui a fait vivre les générations de leurs ancêtres et les lieux de culte deviennent espaces culturels.
Alors que beaucoup se plaignent de l’affadissement de la foi, que d’autres s’érigent contre une prétendue christianophobie naissante, nous autres, Occidentaux, ne sommes-nous pas tous devenus comme les villageois de Nazareth, des chrétiens blasés qui disent « je sais », qui croient connaître Jésus, qui répètent des formules figées une fois pour toutes et ronronnent les mêmes cantiques ? N’avons-nous pas « momifié » Jésus ? Son « enseignement » doit à nouveau résonner chez nous « avec autorité » : non comme une pommade émolliente qui adoucit les blessures, non comme un opium qui endort et transporte dans un rêve de salut. Mais comme une Parole forte, pure, qui dénonce l’avidité consommatrice, les rites hypocrites, l’engourdissement des consciences. Une Parole qui appelle à croire.
Dans la société, les échecs sont causes de tristesse, sources de découragement, occasions de démission. En Eglise, il n’y a pas d’échecs mais une « résilience », un appel à rebondir, à ouvrir des missions ailleurs. La foi nous appelle résolument à être des hommes et des femmes tournés vers l’avenir, parce que Dieu est notre avenir. En lui seul, il y a une possibilité d’avenir. Avoir peur de l’avenir, même troublé et incertain tel qu’il se dessine pour l’heure à nous, c’est manquer de foi. Les solutions d’hier nous enseignent à préparer l’avenir. Les conditions nouvelles de la mission nous appellent à une audace renouvelée et confiante.

Resterons-nous à Nazareth refusant d’entendre ou suivrons-nous le Christ sur des chemins inconnus ?

AMEN.

Michel STEINMETZ †



Homélie de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul - 29 juin 2012

L’Eglise nous invite à nous souvenir dans une même fête de deux tempéraments fort divers, ceux de Pierre et de Paul. Ils sont appelés « colonnes de l’Eglise » parce que c’est bien sur leur témoignage, jusqu’au sang du martyre, que nous pouvons appuyer, aujourd’hui encore, notre foi.
Nous sommes réunis ce matin en cette antique église, au moins en ces fondations : la plus ancienne de notre région, et nous honorons ici, dans la lignée séculaire de croyants, Pierre, le prince des Apôtres. Dans l’évangile, le Christ confie son Eglise à Pierre, nous l’entendions : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». Mais les clefs reçus, Jésus ne les confie pas à un homme en propre, mais à celui qui sera le garant de l’unité entre tous.

 I.- Une figure réconfortante

Aujourd’hui notre Eglise est toujours guidée par le successeur de Pierre, le pape, et par les pasteurs qui en reçoivent la charge de par leur ordination. La figure de Pierre, ici loin d’écraser, est réconfortante. L’apôtre doute et s’enfonce dans les eaux juste après que Jésus ait calmé la tempête, il proclame sa foi dans l’extrait d’évangile que nous venons d’entendre, il ne comprend pas toujours qui est le Fils de Dieu est c’est la raison pour laquelle Jésus lui dira « arrière Satan » et enfin, il reniera le Christ. Par ces différentes attitudes, Pierre me semble tellement proche de nos réalités personnelles et pourtant c’est avec lui et par lui, que Jésus construit les fondations de son Eglise. Le Père n’attend donc pas d’avoir un être parfait pour conduire le peuple de Dieu. Il semble préférer un être profondément humain avec ses questions, ses doutes, ses déceptions, ses blessures. Pierre ne semble pas être quelqu’un d’extraordinaire. Il brille plutôt par sa propre humanité à l’image de la nôtre vraisemblablement.

 II.- Une figure proche de nos existences

C’est à partir de ce que nous sommes devenus que Dieu nous attend pour poursuivre l’œuvre de sa Création. En effet, beaucoup d’entre nous avons traversé et traverserons peut-être les différentes phases par lesquelles Pierre est passé. De temps à autre, le doute peut nous envahir, nous nous enfonçons dans les eaux de nos interrogations tellement ce mystère semble impossible. Il suffira parfois d’une rencontre, d’un événement pour que la dimension de la foi se mette à chanter à nouveau autrement dans nos vies qui deviennent ainsi plus vivantes encore. De plus, face à certains drames de l’existence tels que la maladie, la souffrance ou la perte d’un être cher, nous pouvons nous aussi soit nous détourner du regard de Dieu et penser que tout cela n’est qu’une pure construction de l’esprit ou soit, nous l’imaginer de telle sorte qu’il pourrait changer le cours des événements. Enfin, il y a les périodes où nous en arrivons nous aussi à le renier lorsque nous laissons l’autre calomnier notre foi sans que nous réagissions pour autant. Si Pierre est bien celui qui est décrit de la sorte dans les évangiles, alors sans doute possédons-nous aussi, toutes et tous, les capacités nécessaires pour participer à la construction de l’Eglise et répondre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! ».

III.- Une figure qui nous apprend à répondre

C’est à Pierre ou mieux encore à chacune et chacun d’entre nous que le Christ s’adresse au plus intime de notre intime pour nous demander au creux de notre cœur : « et vous, qui dites-vous que je suis ? ». Il n’y a pas de réponse toute faite qui conviendrait à tout un chacun. Dieu se laisse plutôt découvrir lorsque nous marchons à sa suite, c’est-à-dire lorsque nous acceptons de nous laisser toucher par lui dans toutes les dimensions de sa divinité. Il nous permet d’avancer à notre propre rythme sur le chemin de notre foi. Notre réponse dépendra dès lors de la manière dont nous le ressentons et cette perception pourra évoluer au cours de nos histoires respectives. Dieu est Dieu, le Dieu des vivants. « Et pour vous qui suis-je ? » Une réponse possible, un cri de foi, une réponse ultime : « tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! ». Oui, Seigneur tu es pleinement toi dans le mystère de la foi. Aucun concept ne nous permet de t’enfermer dans nos images réductrices. Tu es tout simplement celui que tu dois être, comme tu nous demandes d’être qui nous avons à devenir.
Oui, Seigneur, « Tu es », puisse ton Esprit nous aider à oser nous reconnaître comme un « je suis », c’est-à-dire un être humain qui se décline dans toutes les composantes de son être, un être humain qui veut marcher à la suite du Fils car il a compris que c’est en Lui qu’il pourra donner sens à sa destinée, un être humain enraciné en ce Dieu de la Vie qui fait de chacune et chacun de nous, quelle que soit notre situation, de véritables vivants. N’ayons pas peur d’avancer au large et de risquer cette réponse, celle de l’unité dans la foi ! Elle s’appuyera sur la pierre de l’Eglise, plus forte que toutes les forces du mal qui l’attaquent et tentent de la déstabiliser encore récemment dans nos propres communautés !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Homélie de la solennité de la Nativité de saint Jean-Baptiste - 24 juin 2012

Homélie donnée à l'occasion du centenaire de la statue du Sacré-Coeur, au Horn

Avec la Vierge Marie, Jean-Baptiste est le seul saint dont on fête la naissance. Cela vient du fait que leur vie ne s’explique pas en dehors de leur référence à Jésus. Ils sont nés pour Jésus, Marie pour être sa mère, Jean pour lui préparer la route. C’est avec eux que se réalise l’accomplissement des promesses de Dieu en faveur de son peuple.
Se demandant pourquoi le Christ était né au solstice d’hiver et Jean à l’équinoxe d’été, saint Augustin remarque que celui qui a dit : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue « (Jn 3, 29-30) naît au moment où les jours commencent à diminuer, alors que le Christ surgit dans le monde comme « l’astre d’en haut qui vient nous visiter pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort « (Lc 1, 78-79). « Quel est ce mystère, conclut l’évêque d’Hippone, si ce n’est celui de notre humiliation, comme la naissance du Christ est pleine du mystère de notre élévation ? ». Entendez, la naissance de Jean-Baptiste nous invite à nous faire petit et humble devant le Seigneur, à lever notre regard vers Lui, comme nous le faisons ici au pied de la statue du Horn. Jean le Précurseur est comme présent au milieu de nous ; ainsi que l’art l’a abondamment représenté, il pointe son doigt vers Jésus. Que voyons-nous ? Un Christ resplendissant, et pourtant à figure humaine, proche et aimante, un Christ qui tend les bras. Triple geste d’accueil, de bénédiction et d’envoi.

I.- Un geste d’accueil

Pour mieux comprendre le message de l’évangile que nous entendions à l’instant, il faut aussi connaître la signification des noms. Celui de Zacharie signifie : « Dieu se souvient ». C’est important de nous en imprégner. Parfois, nous avons l’impression que Dieu nous a oubliés. Quand on voit toute cette violence dans le monde, beaucoup se demandent où est Dieu et ce qu’il fait. C’était déjà vrai à l’époque. Le pays d’Israël était occupé par l’armée romaine. Aujourd’hui, Dieu nous dit qu’il ne nous oublie pas. Il a toujours été du côté des opprimés et de tous ceux et celles qui souffrent. Il leur annonce que le mal n’aura pas le dernier mot. L’important est de tenir bon et de rester fermes dans la foi. Il y a cent ans, alors que le bruit de la guerre commençait à se rapprocher, des hommes ont voulu signifier que le Christ est proche de son peuple. Ici, au sommet du Horn, la statue du Sacré-Cœur devenait un signe dressé de la proximité de Dieu face aux installations militaires menaçantes. Quand bien même les heures sombres de l’Histoire pourraient apporter leur cortège de malheur, Dieu ne cesserait d’accueillir ceux qui se tournent vers Lui.
Aujourd’hui, le signe demeure dressé et à nouveau étincelant. Aurons-nous le même désir d’aller au Christ et de nous sentir accueilli dans un amour sans partage ?

II.- Un geste de bénédiction

Le nom de Jean signifie « Dieu fait grâce ». C’est ce qui s’est réalisé : Dieu a fait grâce à Elisabeth et Zacharie. Il leur a donné la joie d’avoir un fils. Dieu fait grâce à son peuple et à toute l’humanité. Il voit les souffrances de son peuple. Beaucoup sont enfermés dans la violence, la haine, l’égoïsme, la rancune. Tout cela ne fait qu’enfoncer l’homme dans son malheur. Mais comme il l’a fait au temps de Moïse, Dieu intervient pour lui ouvrir un chemin de libération. Au temps de Moïse, Dieu a libéré le peuple hébreu. Désormais, il va le faire pour tous les hommes de tous les temps.
Il y a cent ans, ici même, la statue du Christ se voulait un signe de bénédiction et de grâce pour tous les habitants de Wolxheim. L’ensemble des familles, des maisons, des champs et des vignes était placé sous sa protection. Rien ne devait échapper au regard plein de bonté du Seigneur. Dominant et surplombant le village, il devait le dominer par la force de son amour et de sa bénédiction.
Aujourd’hui, la bénédiction du Seigneur demeure. Sommes-nous prêts à l’accepter, c’est-à-dire, avons-nous assez de foi pour le laisser être présent à l’ensemble de nos activités, pour croire que rien ne lui est impossible ?

III.- Une geste d’envoi

La mission de Jean sera précisément d’annoncer et de préparer la venue du Sauveur. Dieu fait grâce, oui, mais sa grâce invite à la conversion, au retournement. On ne peut accueillir le Christ Sauveur qu’en accueillant le message de Jean Baptiste : « Convertissez-vous », disait-il. C’est ainsi que Jean Baptiste a préparé la venue du Christ sauveur. Il l’a montré aux foules de son temps et il les a renvoyés vers lui. Tout au long de son ministère, Jean insistait sur le partage, la justice et le respect de l’autre. C’était une première étape car il fallait faire une place nette à celui qui vient.
Il y a cent ans, en une période difficile et troublée de l’Histoire, la conversion des cœurs devenait urgente. Pour autant, nos aïeux ne craignaient pas de témoigner de leur foi, à leur manière et dans leur époque.
Aujourd’hui, à la suite de Jean Baptiste, nous sommes tous appelés à préparer la venue du Sauveur dans nos vies, nos familles, nos associations et nos divers lieux de travail et de loisirs. Préparer les chemins du Seigneur c’est enlever toutes les pierres qui font mal, c’est aplanir toutes les montagnes d’égoïsme, c’est combler tous les fossés creusés par l’indifférence.
Fêter la naissance de Jean Baptiste nous prépare à fêter celle de Jésus. C’est ce qui se passera à Noël. Mais nous ne devons pas oublier que c’est en nous, dans nos vies, que le Christ veut naître. Et il nous envoie dans le monde pour annoncer à tous que Dieu fait grâce. Nous sommes nés pour être disciples de Jésus et pour préparer le cœur des hommes à l’accueillir. A l’exemple de Jean Baptiste, nous sommes appelés à donner le meilleur de nous-mêmes à cette mission en évitant de nous disperser dans des futilités. C’est en vue de cette mission que nous sommes invités à nous nourrir de la Parole du Christ et de son Corps. Dieu nous accueille, nous bénit et nous envoie en mission. Il a besoin de chacun d’entre nous pour faire connaître son salut. Voilà pourquoi cet anniversaire nous tourne vers l’avenir.

AMEN.

Michel STEINMETZ †