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dimanche 23 septembre 2012

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 8 juillet 2012

L’évangile de Marc est admirablement agencé. Le chapitre quatrième est construit en deux temps :
- Dans le premier, Jésus parle. Il révèle en paraboles, en quoi consiste ce mystérieux Royaume présent dans l’humanité,
- Dans le second, Jésus agit. Il accomplit certains actes qui manifestent la puissance de guérison de ce Royaume.
Ces deux moments sont encadrés par deux scènes surprenantes qui soulignent combien les plus proches de Jésus demeurent sceptiques devant son comportement :
- ses parents (y compris sa mère) surviennent pour le récupérer et le ramener à la maison, se demandant s’il n’a pas perdu la tête (3, 20-21) Il refuse de les suivre. (3, 31-35),
- son village de Nazareth se braque devant lui. C’est ce dernier texte que nous écoutons aujourd’hui (6, 1-6).

I.- Jésus de Nazareth parmi les siens

Pour le culte du shabbat, le chef de la synagogue invite Jésus à prêcher. Il fait son retour au pays, après l’avoir quitté pour rejoindre Jean le Baptiste. Il revient, entouré de disciples ; sa renommée ne cesse de grandir. Ce matin de l’office, tout le village, intrigué, curieux, se presse dans le petit édifice. Et Jésus enseigne comme il le fait depuis le début à Capharnaüm (2, 13). Que dit-il ? De quoi parle-t-il ? Marc se garde de rapporter le contenu des enseignements de Jésus. L’essentiel, c’est le mode de sa parole : « il parle avec autorité » c’est-à-dire de lui-même, sans s’appuyer sur des maîtres, sans enfiler des citations savantes (1, 22). Si bien que la question n’est pas « Que dit-il ? » mais « Qui est cet homme qui ose s’exprimer de la sorte ? ». Marc souligne très fortement l’ébahissement de l’auditoire : « frappé…scandalisé ». Complètement « soufflé » dirait-on. « D’où ça lui vient-il ? ». Quelle est l’origine de sa prédication, comment peut-il accomplir ces miracles, dont on parle partout ? C’est un artisan, un manuel, toujours resté au village, pieux certes, mais n’ayant jamais suivi la formation savante des scribes. On connaît bien sa famille. Jésus formule un constat général : Un prophète est méprisé, non reconnu, dans son pays et chez les siens.
Manque d’accueil, de reconnaissance, de foi ! Jésus est impuissant à accomplir des miracles. En effet son « autorité » n’est pas mécanique, elle ne viole pas les consciences. De même qu’une maison doit ouvrir ses volets pour que la lumière y pénètre, ainsi l’homme doit être humble, prêt à demander, accessible, afin que la force du Royaume puisse se déployer en lui. Sinon Jésus serait un magicien qui joue des tours, qui s’amuse de la crédulité du public.

II.- Sommes-nous de Nazareth ?

Pas question de se mettre en colère, d’accabler ces gens de reproches cinglants ni de les condamner à l’enfer. Inutile de s’acharner, de vouloir à tout prix obtenir des résultats. Jésus ne se décourage ni ne s’arrête jamais : il reprend sa route et s’en va porter la Parole ailleurs. Avant de nous disperser pour le temps de l’été, il nous faut nous interroger : sommes-nous de ces habitants de Nazareth ? Accueillons-nous encore la parole d’autorité de Jésus ou l’empêchons-nous de faire des miracles ?
Le christianisme trop bien connu ? Aujourd’hui les pays occidentaux avec une grande majorité de baptisés et des vestiges chrétiens prestigieux semblent devenus allergiques à un message qui a fait vivre les générations de leurs ancêtres et les lieux de culte deviennent espaces culturels.
Alors que beaucoup se plaignent de l’affadissement de la foi, que d’autres s’érigent contre une prétendue christianophobie naissante, nous autres, Occidentaux, ne sommes-nous pas tous devenus comme les villageois de Nazareth, des chrétiens blasés qui disent « je sais », qui croient connaître Jésus, qui répètent des formules figées une fois pour toutes et ronronnent les mêmes cantiques ? N’avons-nous pas « momifié » Jésus ? Son « enseignement » doit à nouveau résonner chez nous « avec autorité » : non comme une pommade émolliente qui adoucit les blessures, non comme un opium qui endort et transporte dans un rêve de salut. Mais comme une Parole forte, pure, qui dénonce l’avidité consommatrice, les rites hypocrites, l’engourdissement des consciences. Une Parole qui appelle à croire.
Dans la société, les échecs sont causes de tristesse, sources de découragement, occasions de démission. En Eglise, il n’y a pas d’échecs mais une « résilience », un appel à rebondir, à ouvrir des missions ailleurs. La foi nous appelle résolument à être des hommes et des femmes tournés vers l’avenir, parce que Dieu est notre avenir. En lui seul, il y a une possibilité d’avenir. Avoir peur de l’avenir, même troublé et incertain tel qu’il se dessine pour l’heure à nous, c’est manquer de foi. Les solutions d’hier nous enseignent à préparer l’avenir. Les conditions nouvelles de la mission nous appellent à une audace renouvelée et confiante.

Resterons-nous à Nazareth refusant d’entendre ou suivrons-nous le Christ sur des chemins inconnus ?

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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