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jeudi 27 novembre 2014

Homélie du 1er dimanche de l'Avent (B) - 30 novembre 2014


Noël ! Depuis quelques jours l’effervescence va crescendo. Partout on se prépare à la fête et les commerces nous encouragent à consommer. Il ne me reste que quelques petites semaines pour trouver l’idée de chaque cadeau génial et pas cher, qui me permettra de faire plaisir à ceux que je voudrais honorer. De quoi ont-ils besoin ? Ou, s’ils n’ont besoin de rien, comment pourrais-je leur faire une surprise personnelle qui puisse les réjouir ? Comment rejoindre leur désir ? Comment les étonner ? Comment leur manifester mon affection ? L’amour ne peut pas se prouver, il peut quand même s’exprimer ! Ces questions-là, il me plaît d’imaginer que Dieu se les pose aussi, pour nous, et que, même s’il se les pose depuis une éternité, il n’a toujours pas vraiment trouvé.
 
A leurs enfants, les parents peuvent donner de l’argent, pour les soutenir dans leurs projets et pour qu’ils en fassent eux-mêmes ce qu’ils désirent. Une partie de cet argent permet ainsi aux enfants de faire des cadeaux en réciprocité, et des surprises aussi à leurs parents. Car, plus que l’argent, le petit cadeau symbolique comme l’on dit, a plus de valeur que ce qu’il est. Il n’est pas seulement un objet isolé, il est signe, rappel, témoin, d’un souci et d’une affection. Tout au long de son histoire, Dieu n’a jamais cessé de faire ce genre de cadeaux à l’humanité. Mais nous ne sommes toujours pas rassasiés... Et nous doutons toujours qu’Il existe vraiment pour nous, ou plutôt que nous existions vraiment pour Lui, ce qui revient au même, finalement. Pourtant Dieu est là. Il nous a tout donné : de quoi vivre et nous développer, des signes multipliés, et puis sa Parole, son Souffle... Il est ensuite parti, pour que ce soit vraiment à nous. Il s’est éclipsé et cette absence, c’est bien lui : cette surprise qu’il nous fait par son absence, c’est « tout lui » ! Il a disparu pensent certains. Il n’a jamais existé affirment d’autres. Il s’est effacé et nous sommes seuls, pensons-nous, pour un temps. Nous avons tout, et certains semblent s’en satisfaire. Nous avons tout et plus encore : nous avons aussi la promesse de son retour. Un retour que personne ne peut imaginer, ni prévoir. Auquel on peut se préparer. Qu’il faut éviter d’oublier. Il faut veiller.
 
Dieu nous assure de sa présence. Mieux, il promet son retour. Cette attention que suppose la veille s’oppose au sommeil. Il s’agit d’être prêt, comme tous les parents quand ils attendent l’enfant, ou les malades le visiteur, les amoureux le rendez-vous. Veiller, c’est désirer. Le don de Dieu est discret, car Dieu lui-même est pudique. Il peut passer inaperçu si l’homme ne creuse, dans les profondeurs de son être, cette douce et silencieuse attente qui fait de lui un éveillé. Comme des enfants, nous avons reçu des cadeaux, des cadeaux tout faits et des cadeaux à fabriquer, des trains, des ponts, des maisons, des instruments pour écouter de la musique ou pour en jouer. Mais au-delà des dons, n’oublions pas le donateur. Il y a quelque part le sourire de celui qui a donné ! Et ce sourire, un jour nous le verrons, comme le plus merveilleux cadeau, par-delà tous les cadeaux ! Tout ce qui est autour de nous, à portée de main, est signe, rappel, témoin que nous ne sommes pas orphelins.
 
Le temps de l’Avent voudrait réactiver en nous ce désir de l’attente. Déjà la fin de l’année liturgique, souvenez l’évangile de dimanche dernier, nous invitait à penser au retour du Christ à la fin des temps. Nous risquons toujours, si nous n’y sommes pas vigilants, d’oublier le Maître parti en voyage ; d’abandonner le message de l’Evangile ; de renoncer petit à petit à notre foi. Nous nous laissons aller à la facilité, au plaisir immédiat, à la récompense qu’offre ce monde. Ne connaître ni le jour ni l’heure ne doit pas nous démobiliser, au contraire. Dieu nous laisse le temps de l’apprivoiser. Et lui patiente de nous savoir prêts.
 
Alors, veillons ! C’est en veillant que nous le trouverons. Peut-être comme Jacob s’éveillant au sortir de son songe (Gn 28, 16), nous nous exclamerons : « Vraiment le Seigneur est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ». C’est cela le cadeau que Dieu nous prépare.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz X 

 

 

 

 

 

samedi 15 novembre 2014

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 16 novembre 2014

Langage bien étrange et déconcertant de l’évangile ; moins cependant si nous le relisons avec des images de nos journaux télévisés d’aujourd’hui, ou d’un hier plus ou moins proche mais toujours d’actualité. Vous vous souvenez des images d’un 11 septembre 2001, où l’ordre mondial semblait ébranlé. Vous avez à l’esprit les terrains de conflits présents : Syrie, Ukraine ; les terres convoitées par le fondamentalisme abject d’un Etat islamique du Levant. Vous connaissez la souffrance de nos frères chrétiens d’Irak et du Moyen-Orient. Malheureusement, nous pourrions encore continuer cette sombre liste.
« Vous entendrez parler de guerres » ; « on vous persécutera, on vous jettera en prison » ; « vous serez livrés par vos parents, votre famille ». Toutes ces paroles de l’évangile sont plus que jamais actuelles.
Hier comme aujourd’hui, les gens posent les mêmes questions que les disciples : quand Seigneur ? quel sera le signe que cela va se réaliser ? Quand ? Quels signes ? Nous trouvons toutes les réponses à ces deux questions dans les horoscopes, marcs de café, lignes de la main et autres prophéties (pas celles de la Bible, mais celles vendues par les charlatans du net et d’ailleurs). Mauvaises questions, aux yeux de Jésus ; questions sans réponse !
 
Quand ? Mais hier, aujourd’hui, demain. Quels signes ? Il n’y a pas de réponse évidente. Alors, dans l’incertitude, nous risquons de penser à autre chose, de passer à autre chose. C’est ce que font la plupart ; et toute la culture ambiante nous y pousse. Sitôt un évènement passé, les médias se mettent en quête d’un nouveau malheur, d’une nouvelle affaire à nous livrer en pâture. Cet enchaînement nous dédouane de nos responsabilités : que pouvons-nous y changer ? Alors, il vaut mieux pour nous jouir de la vie sans nous soucier de rien, et surtout pas de notre prochain.
 
Il faut que cela arrive ; mais ce ne sera pas tout de suite la fin. De génération en génération, nous vivons ces drames, ces violences. Voilà la vraie question qui nous est posée ! Il vaut la peine de l’affronter et d’écouter Jésus pour en avoir une vision juste.
Première évidence fondamentale. Tout sera détruit. Ce monde passera et notre petit monde personnel passera. A notre mort, déjà. Face à cette vérité, face à cette réalité inéluctable, Jésus nous propose quelques attitudes de base :
1.    Ne vous effrayez pas ! Quelques phrases plus loin, Jésus conclut son enseignement : « Quand tout cela arrivera, redressez-vous, relevez la tête ; car votre délivrance est proche. » Comment ne pas songer ici au redressement de Jésus lui-même au matin de Pâques ? Ce redressement de notre part sera communion à sa Pâque.
2.    Ne vous laissez pas égarer ; beaucoup viendront en mon nom en disant : le moment est tout proche. Ne marchez pas derrière eux ! Sans commentaire !
3.    Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. Moi-même, je vous inspirerai langage et sagesse, auxquels on ne pourra opposer ni résistance ni contradiction. Souci terriblement actuel : comment partager, communiquer nos raisons de croire à nos proches, nos amis, nos enfants, apparemment indifférents ?
4.    Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Dieu est là, toujours là ; même et surtout quand tu y penses le moins.
5.    Par votre persévérance, vous obtiendrez la vie ! La persévérance, c’est le courage de durer, de continuer de miser sur Dieu. Cette persévérance en lui est fidélité.
6.    Vous obtiendrez la vie ! La vie est plus que la vie ; elle est vie éternelle, déjà entamée ; pour déboucher en vie, de plus en plus vie, sans fin.
Le Royaume de Dieu vient ; il est tout proche ; il est déjà là ; il est au milieu de vous ; multiples facettes de l’unique royaume : pas encore ; et pourtant déjà là. Le Soleil de justice apporte la guérison dans le rayonnement de son corps livré pour nous, l’Eucharistie que nous allons offrir et partager.
AMEN.
 
Michel Steinmetz +

vendredi 7 novembre 2014

Homélie pour la fête de la Dédicace du Latran - 9 novembre 2014

 
" Dieu qui a choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire, fais abonder dans ton Eglise les fruits de l’Esprit que tu lui as donné : que le peuple qui t’appartient ne cesse pas de progresser pour l’édification de la Jérusalem céleste ».
Tels étaient les mots de notre prière alors que nous débutions cette eucharistie et voilà donné le sens de la célébration qui entend nous rassembler aujourd’hui.
 
 
La vision d’Ezékiel rend bien compte de la foi d’Israël : Dieu est et reste présent à son peuple au gré des vicissitudes de l’Histoire, sa gloire demeure dans la Temple de Jérusalem. Elle est le Seigneur au milieu de son peuple.
La source jaillissant de dessous le Temple montre que la présence du Seigneur est source de vie. Elle assainit en même temps qu’elle fait vivre. En Palestine, en effet, une source était fréquemment considérée comme un symbole de la puissance vivifiante de Dieu ; on construisait dans ses parages un sanctuaire. Ainsi en était-il à Jérusalem des fontaines du Gîhon et de Siloé. Dans la nouvelle Sion, celle d’après l’Exil, Ezékiel voit jaillir sous son Temple une nouvelle source. Désormais cette source qui jaillit, grandissante, de la nouvelle cité, s’en va, fertilisant la région la plus désertique du pays, manifester la puissance porteuse de vie et pleine de puissance du Seigneur, dont la gloire habite le Temple. Ce tableau d’une eau abondante et fertilisante reprend l’image du jardin d’Eden, merveilleusement irrigué, lui aussi, où germait, au milieu d’une luxuriante végétation « l’arbre de Vie ». « Il est avec nous, le Seigneur Dieu de l’univers, citadelle pour nous le Dieu de Jacob ! », voilà la foi d’Israël.
 
 
L’Evangile nous invite, quant à lui, à contempler Jésus comme le vrai Temple de Dieu. Désormais, à la lumière seulement de la résurrection au troisième jour, nous pouvons affirmer que Jésus est bien le lieu où Dieu se révèle dorénavant.
En chassant les marchands du Temple, en renversant les comptoirs des changeurs, Jésus manifeste que l’économie interne à ce lieu, dévoyée par les profits indus de certains, est désormais caduque. L’ « amour de la maison de son Père » le dévore. Aux yeux des Juifs, l’autorité que Jésus s’arroge dans les choses du Temple devait être authentifiée par un acte prodigieux. Jésus, lui, annonce un signe qui se situe à un tout autre plan que celui auquel se place ses interlocuteurs. Ses propos ne s’éclaireront en fait, même pour ses propres disciples, qu’après la Résurrection : Jésus est le lieu où Dieu choisit de faire sa demeure et de se révéler.
Si Dieu est, en Jésus, présent à tout homme, il l’est aussi de manière pleine, totale et entière à la « sainte Eglise de pécheurs » qu’ensemble nous formons. Avec le don de l’Esprit, à la Pentecôte, Jésus remet à la communauté de ses disciples la mission de l’annoncer par toute la terre. Le Corps du Christ est bien le corps charnel de Jésus, il est encore le pain consacré de l’Eucharistie, il est aussi l’Eglise, communauté de fidèles, qui se rassemble pour se nourrir du corps eucharistique et, ainsi, devenir ce qu’elle a reçu : précisément le Corps du Christ !
Nous sommes tous appelés à devenir des « pierres vivantes », quelle que soit la qualité de notre matériau et la beauté de nos finitions, pierres qui ne cessent de participer à la construction de ce génial édifice dépassant tous les autres. Car nous bâtissons sur les fondations de l’Evangile ; nous prenons comme piliers la foi des Apôtres ; nous avons pour maçonnerie la communion fraternelle qui nous relie les uns aux autres et qui relie entre elles les Eglises ; au cœur de cet édifice, il y a une clé de voûte, sans laquelle rien ne pourrait tenir : Jésus-Christ lui-même.

 
En cette fête de la dédicace de la basilique du Latran, ne doutons pas que Dieu nous est présent ! N’ayons pas peur de prendre notre part à ce  merveilleux chantier pour qu’en ce monde, en notre monde, s’édifie le plus bel édifice, celui du Corps du Christ pour que Dieu soit dit à l’homme d’aujourd’hui, pour que notre humanité soit transfigurée et rachetée ! Nous sommes le Temple de Dieu !
 
AMEN.

Michel Steinmetz