La Bible montre le cheminement séculaire qu’un petit peuple
a dû parcourir pour épurer peu à peu ses conceptions religieuses. Dieu n’est
pas un Baal qui assure fécondité des troupeaux et fertilité des champs ; Dieu
n’est pas un guerrier qui envoie son peuple exterminer tous ses ennemis ; Dieu
n’est pas un sadique qui demande aux pères de lui immoler leurs fils ; Dieu
n’est pas celui qui assure toujours la victoire ; Dieu n’est pas un regard
qui transperce le pécheur ; Dieu n’est pas un despote qui déchaîne sa colère
contre l’innocent (Job) ; Dieu n’est pas un Juge faisant le compte de nos
fautes pour nous envoyer en enfer. En Jésus, cette connaissance atteint son
accomplissement. Dieu se lie à notre humanité. Dieu révèle son visage : Il
est Amour. C’est le lien entre ce Dieu
et l’homme que les premiers chrétiens célébraient dans la joie - comme le
montre l’Evangile, finale de l’évangile de Matthieu, dont les trois
déclarations capitales sont à méditer.
Si l’idolâtrie est le péril capital où l’humanité s’enfonce
dans l’horreur et va à la perdition, la reconnaissance du Christ Seigneur est la
Bonne Nouvelle qui libère les hommes et les conduit à leur plénitude à la
rencontre de Dieu. La mission n’est pas recherche de pouvoir d’une religion qui
veut se soumettre le monde, elle n’est pas élan de fanatiques qui veulent
imposer leurs convictions : elle est comme la fleur qui s’ouvre, comme la vigne
qui offre ses fruits à tous, comme une joie qui se multiplie en se partageant,
comme un bonheur que l’on ne peut cacher, comme un soleil qui dissipe les
ténèbres.
« Allez, de
toutes les nations, faites des disciples… ». Cette mission est
universelle : elle s’adresse à tout être humain quelle que soit son statut
social, sa langue, sa culture. Dans tous les continents, dans les bidonvilles
crasseux comme dans les laboratoires en pointe, des temps apostoliques jusqu’à
la fin des temps, l’Evangile ne sera jamais dévalué, inadapté. Quels que soient
les refus auxquels il se heurte, le missionnaire sait que, au fond de tous les
cœurs, même les plus corrompus, il y a une attente du Christ.
« Baptisez-les
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » La mission reçue du Christ
est l’annonce de la Bonne Nouvelle et le baptême des nations au nom du
Dieu-Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit. Dès l’origine, ce rite a été proposé
et accompli pour tous ceux qui désiraient se convertir. On ne se confère pas ce
rite : il faut le demander à une Eglise que l’on sait pécheresse. Les premiers
convertis savaient que Pierre avait été un lâche : il ne se prétendait pas parfait
mais pardonné. En se laissant plonger dans l’eau, le païen meurt au péché et en
se relevant, il communie à la Résurrection du Christ ; il renaît, il devient
une créature nouvelle.
Il ne suffit évidemment pas d’être baptisé et inscrit dans
un registre : le rite inaugural est la porte qui ouvre le nouveau chemin où le
converti s’engage. Il a tout à apprendre : d’abord la vie de Jésus à travers
les évangiles car la foi n’est pas d’abord une morale mais un lien, un attachement
à une Personne. On n’exige pas du converti qu’il jure d’être un impeccable
pratiquant de la Loi chrétienne : il est invité à se laisser aimer par Jésus et
à l’aimer, à le reconnaître vraiment comme son Seigneur qui ne veut que son
bonheur mais qui ne cessera jamais d’imposer toutes ses exigences : « tout ce
que je vous ai commandé ».
« Et moi, je
suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». A partir de
la Galilée où ils avaient commencé à suivre le maître qui les appelait, les
disciples peuvent maintenant s’élancer sur tous les chemins du monde,
accompagnés invisiblement mais efficacement par ce même Jésus qui, ressuscité
et vivant, demeure en eux, avec eux. Ils ne sont plus un groupe d’hommes qui
suit un maître mais une communauté christique qui va essaimer, fonder ici et là
d’autres communautés, toutes unies par la même confession de foi et par le
partage du Pain et du Vin où se manifeste la présence du Dieu-avec-nous.
AMEN.
Michel
Steinmetz †