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samedi 27 octobre 2007

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 28 octobre 2007


«… ceux qui méprisaient tous les autres». Luc 18, 9

« Dis-moi comment tu pries et je te dirai qui tu es »… C’est la formule qu’on pourrait appliquer, n’est-ce pas ?, à ce cher pharisien et à son compère publicain. Mais nous savons aussi que « l’habit ne fait pas le moine », et qu’il faut prendre garde à ne se fier qu’aux apparences. Dieu, de toute façon, connaît, lui, le secret de notre cœur. Dans la parabole, Jésus ne se contente pas de l’apparence, il n’en reste pas aux attitudes ou aux paroles prononcées. Il prend deux exemples, force peut-être même le trait car il fait œuvre de pédagogue. Il veut faire comprendre quelque chose de fondamental à qui veut être juste et à qui veut prier sincèrement, authentiquement. Alors il décrit deux attitudes contradictoires jusqu’au paradoxe.
En marche vers sa Passion Jésus enseigne ses disciples – ceux qui le suivent ou le suivront – sur les pièges spirituels qu’eux-mêmes rencontreront sur leur chemin. La parabole de ce dimanche est donc bien autre chose qu’une exhortation à la modestie se concluant par des mots dont nous avons fait un dicton : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé… ».
Il faudra nous demander tout d’abord de quoi il s’agit au juste : quel est ce pharisien, quel est ce publicain. Ceci étant considéré, on pourra alors parler de la vérité de tout homme, vérité qui demande d’être en cohérence avec ce que nous sommes et vérité d’un Dieu qui regarde le cœur sans faire de différence entre les hommes.

I.- De quoi s’agit-il au juste ?

De deux hommes religieux qui font route ensemble vers le Temple de Jérusalem pour y aller prier le Dieu qui y réside. Il s’agit non pas d’un riche pharisien imbu de lui-même face à un pauvre publicain, modèle de discrétion et de modestie comme pourrait le faire croire la lecture conjointe du livre de Ben Sirac : « Le Seigneur ne défavorise pas le pauvre. […] La prière du pauvre traverse les nuées ». Car matériellement, notons-le, c’est tout l’inverse. C’est le pharisien qui est l’honnête et pauvre travailleur généreux, tandis que le publicain est, comme Zachée, le riche collecteur d’impôts. La parabole met en scène ce publicain qui vit dans le confort, sur le dos des autres, face à un pharisien, qui entend vivre avec rigueur dans la fidélité à la Loi et à Dieu. C’est à partir de là qu’il nous faut considérer la prière de chacun et le jugement que Jésus porte sur leur « justice » respective. C’est à partir de là qu’il nous faut éviter tout contresens d’interprétation. Car le pharisien force le respect, mais le publicain force la miséricorde.

II.- La vérité de tout homme.

Le pharisien prie en parlant de lui. Il fait défiler les bonnes actions qui font de lui un observant, un « pratiquant » fidèle de la Loi de Dieu : il prie « la tête haute », et non seulement debout comme c’était habituellement le cas, (on croirait qu’il défie Dieu du regard) ; il rend grâce parce qu’il n’est pas comme tous les autres ; il jeûne deux fois par semaine – pratique surérogatoire que s’imposaient les Juifs fervents –, et donne un dixième de tous ses revenus. En somme, tout cela fait de lui un modèle de vertu et de fidélité aux exigences de la Loi. Si ce n’est que cette fidélité devient pour lui source d’un profond orgueil : « je fais ceci, je fais cela, je suis ceci, je suis cela ». Et encore, s’il s’en contentait ! Mais non, il va plus loin encore : en rendant grâce à Dieu pour ce qu’il est, il dénigre les autres et les épingle, les enfermant dans leurs fautes ou leurs vices : voleurs, injustes, adultères ou, plus précisément même, son voisin publicain. Sa prière commence par une longue dénonciation des autres. Sa « justice » engendre en lui le mépris des pécheurs. Fort de ses œuvres et de sa différence, tel est cet homme.
La prière du publicain a la sobriété de qui sait reconnaître, face à la sainteté de Dieu, qu’il n’y a vraiment aucun droit à faire valoir. Cet homme « se tient à distance et n’ose même pas lever les yeux vers le ciel ». Il ne dit pas : « Vois ma vie : j’ai bien mérité le paradis… cette récompense, je ne l’ai pas volée… j’ai bien droit à la vie éternelle… je me suis décarcassé pour le Seigneur, alors, quand même, Dieu m’est redevable, non ? ». Non, rien de tout cela dans sa prière. Juste cette phrase qui vient du cœur : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ». Il sait que sa vie demande à être purifiée dans l’amour de Dieu, il connaît sa faiblesse. L’image avantageuse qu’il aurait pu se faire de lui-même a été brisée par sa faute passée, par toutes ses fautes, et il est devenu à ses propres yeux un pauvre, un humilié. Mais en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! », il a en même temps reconnu que le vrai Dieu ne résiste jamais à la prière des pauvres, des humiliés, comme s’il savait déjà que Dieu, en la personne de son Fils, est apparu comme le Pauvre et l’Humilié, « jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2, 8). Le cœur du publicain est donc si bien à l’unisson du cœur de Dieu, sans idée de comparaison avec d’autres, ni volonté de les dominer, qu’il est nécessairement en droite relation avec Dieu, établi dans la justice.
Vérité de tout homme, en fait, mais qui se heurte à notre résistance. Y compris en qui veut être disciple fidèle. Jusqu’à cette subtilité qui fait qu’on peut se glorifier de son humilité, oubliant que celle-ci consiste justement à se reconnaître orgueilleux…

Un critère donc : ne pas mépriser. Et nous souvenir que Dieu n’oublie jamais la prière de ceux qui se tournent vers Lui.
Le Christ montant à Jérusalem, dans l’obéissance parfaite au Père, ne méprise pas les pécheurs. Il les aime au contraire, au point de donner sa vie pour eux. A condition que ceux-ci reconnaissent qu’ils ont besoin d’être sauvés ! Telle est la justice de Dieu. Telle est sa justice pour nous.

AMEN.

Michel Steinmetz +

samedi 20 octobre 2007

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 21 octobre 2007


« Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ». Luc 18, 1

Il faut prier ! et prier sans cesse ! Et vous vous dites, j’en suis sûr : il est bien gentil, mais nous avons charge de famille, nous avons une profession prenante, et puis nous venons déjà à la messe. Faut-il en faire encore plus ? toujours plus ? Je ne vous dis cependant rien d’autre que l’évangile. Ce n’est pas moi qui parle, mais bel et bien le Christ. Et tel est bien encore le sens de la parabole qu’il nous adresse. L’interpellation vaut pour vous, comme pour moi. Il faut prier, et prier sans cesse.
La prière est-elle donc nécessaire ? C’est la première question que nous pourrons nous poser. Puis il faudra, ceci étant posé, nous demander de quel ordre elle doit être. Dans un dernier temps, nous ne pourrons passer sous silence la question de Jésus : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » et ses implications pour nous.

I.- La prière est-elle donc nécessaire ?

Au moment où le peuple d’Israël dut livrer bataille au désert contre les Amalécites, la défaite aurait été une fin inéluctable sans la prière de Moïse. Et cette prière dut être ininterrompue de l’aurore au crépuscule. Dès que Moïse baissait les bras, les ennemis reprenaient le dessus au point qu’il fallût qu’Aaron et Hour le soutiennent et qu’il s’asseye sur une pierre. On imagine aisément la scène.
Le juge, dont Luc nous dit qu’il « ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes », se serait-il laissé troubler dans sa quiétude si cette femme ne l’avait pas importuné sans cesse ? Là encore on imagine aisément la scène.
Deux exemples qui nous sont donnés pour nous comprenions que la prière est nécessaire. Elle n’est pas un ornement dans la vie du chrétien : elle en est le fondement, le principe unificateur. Il n’est pas superflu de prier : c’est même une nécessité ! Cependant, et c’est naturel, nous demandons à la prière une certaine rentabilité. Si je consens à y accorder de mon temps, de mon énergie, je serais en droit de demander un « retour sur investissement ». « J’ai prié, prié comme jamais et je n’ai pas été exaucé ». Il me faut bien constater qu’à me demande insistante et pressante, je n’obtiens pas forcément ce que je veux.

II.- De quel ordre est la prière ?

La prière n’est d’abord pas un savant marchandage. Elle est « commerce », au sens des Anciens ; c’est-à-dire qu’elle est relation. Présence de l’un et de l’autre, cœur à cœur, contemplation et action de grâce. La prière demande de notre part de nous mettre à l’écoute de la volonté de Dieu. L’immédiateté de notre demande n’entraîne pas l’immédiateté de la réponse : Dieu, lui, agit – Jésus nous le rappelle avec force – , Il ne reste pas insensible à notre prière, mais Il y répond pour notre bien, un bien qui dépasse parfois ce que nous imaginons être le bien pour nous.
La prière ensuite se doit d’être continue. Qu’est-ce à dire pour nous, hommes et femmes de notre temps, à toujours courir après le temps ? « La prière est une conversation familière avec Dieu, un compagnonnage. Elle n’est pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne s’enferme pas dans des heures ou des moments déterminés, mais de nuit comme de jour, elle est une activité continuelle. Il ne faut pas se contenter d’orienter sa pensée vers Dieu lorsqu’elle s’applique exclusivement à la prière ; mais, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations »[1], il importe d’y mêler et d’y adjoindre Dieu, afin que notre vie tout entière soit imprégnée et vivifiée par sa présence.
La prière, enfin, si elle englobe toutes nos actions, se nourrit d’une part de temps effectifs de silence et de conversation avec Dieu et d’autre part de temps communautaires où, par la liturgie, c’est notre prière, celle de tout un peuple, qui s’unit à celle de Jésus pour monter vers le Père. Cette prière est la source à laquelle peut venir puiser sans cesse notre prière personnelle. Elle est en aussi la matrice et l’exemple.


III.- « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ».

Jésus affirme à ses disciples que, si même le juge inique fait grâce à la veuve pour se débarrasser d’elle, le Seigneur écoutera et exaucera ses enfants qui le supplient. Si Dieu paraît oublier « ses élus qui dans leur détresse crient vers lui jour et nuit », ce n’est qu’apparence. Il patiente seulement. Mieux que le juge, et plus promptement encore, il saura faire justice. La question qui termine ce passage jette un regard désabusé et triste sur la fin des temps : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit aussi ici : de la fin des temps.
La justice dont il est question est celle qui surviendra au dernier jour là où toutes les pensées seront dévoilées, là où ce qui est caché sera connu. Ce jour-là, je le crois, ce qui est demeuré obscur à nos yeux, ce qui est demeuré incompréhensible à notre cœur, sera mis en pleine lumière et trouvera enfin sa justification. Alors, nous pourrons nous dire que, vraiment, Dieu nous avait déjà fait justice.
Quoi qu’il en soit, Jésus pose la redoutable question de savoir s’il trouvera encore la foi sur terre à son retour. Nous ne pouvons rester insensible à cette interrogation : que faisons-nous pour que soit vivante la foi, qu’elle grandisse, qu’elle se transmette aux générations futures ? Je ne parle pas là d’une pratique de la foi, de coutumes et de traditions aussi vénérables soient-elles ; je parle de la foi, celle qui se nourrit et dans la prière authentique et continue, et celle qui grandit dans cette même prière.

Un chrétien prie comme il respire, constamment, sans arguer que, tout occupé qu’il est à respirer, il ne peut rien faire d’autre, mais bien certain en revanche qu’il ne peut rien faire sans respirer. Que la prière soit notre respiration ! Qu’elle soit notre souffle !

AMEN.

Michel Steinmetz +


[1] Saint Jean Chrysostome.

samedi 13 octobre 2007

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire - 14.10.2007

Homélie prononcée
à l'occasion du rassemblement diocésains des migrants

S’il est ces jours-ci beaucoup question dans le débat politique des dossiers liés à l’immigration et si ces questions sont plus qu’amplement débattues et relayées par les sphères médiatiques, la parole que devons avoir en Eglise est, me semble-t-il, du moins ici et maintenant, d’un autre ordre. Les lectures de ce jour nous y invitent sans détour. L’étranger nous est proposé en modèle non d’abord parce qu’il serait étranger mais parce qu’il rappelle, dans l’ordre de la foi, un certain nombre d’exigences spirituelles que le croyant pourrait bien délaisser. Ces attitudes lui valent pourtant la guérison et même le salut.
Ainsi c’est à un véritable itinéraire que nous sommes conviés. Itinéraire qui reprendra celui de Naaman, celui du lépreux samaritain et qui se compose de trois temps : la demande de guérison, le baptême qui fait vivre et purifie, l’action de grâce qui sauve.

I.- La demande de guérison

Comme Naaman, le général syrien, les dix lépreux de l’évangile sont conscients de leur état, ils connaissent l’ampleur du mal qui les ronge. Ils restent à distance, respectant scrupuleusement les prescriptions de la loi juive pour laquelle que les lépreux sont bannis de la vie sociale. Les dix lépreux en appellent à Jésus ; ils crient vers lui : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! ». Paradoxalement alors qu’ils sont malades, ils ne demandent pas la guérison ; ils implorent la douce pitié de Jésus sur eux. Ils savent que seuls ils ne peuvent rien faire. Mais Jésus, lui, peut non seulement les guérir, mais plus encore leur redonner leur place dans la société, les y réintégrer. Leur cri, dans sa formulation, est en quelque sorte déjà une confession de foi.
Souvent on s’attend à devoir fournir un effort conséquent pour obtenir en contrepartie une grande chose. La simplicité nous semble alors dérisoire et sans intérêt. Parce que sans doute la simplicité nous enseigne que ce que nous désirons ardemment ne saurait dépendre de nous, de notre force, de notre pouvoir. Simplicité qui exige de nous abandonner à la bonté d’un Dieu dont nous croyons qu’Il peut tout, simplicité du cœur. Simplicité de notre présence devant Lui qui consiste à obéir en toute confiance à la volonté du Seigneur. Les lépreux auraient pu récriminer : car l’accueil que Jésus leur réserve consiste à les envoyer, sans même une parole de compassion, faire constater leur purification par les prêtres, c’est-à-dire à respecter à la lettre la loi.

II.- Le baptême qui purifie

Naaman résiste au prophète Elisée. Comment ? Pour guérir sa lèpre, il lui suffirait d’aller se baigner au Jourdain ? La recommandation paraît si simple, trop simple. Il décide cependant de faire confiance à « l’homme de Dieu ». L’eau dans laquelle il se baigne est l’eau que le peuple élu a franchi pour prendre possession de la Terre promise, c’est encore l’eau dans laquelle Jésus lui-même sera plongé par Jean au moment de son baptême. Cette eau est le symbole de la vie ; elle est le symbole du salut et de la réalisation des promesses divines. Naaman s’y plonge sept fois : c’est le signe, dans la Bible, de la perfection. Il est guéri en profondeur, pleinement, totalement.
Cette eau, c’est bien sûr pour nous l’eau du baptême qui a coulé sur notre front ; Dieu ne nous a pas seulement guéri ou purifié ce jour-là, il nous a donné de devenir ses enfants. La blessure du péché dont nous étions marqués est anéantie, car nous sommes morts au péché. Paul nous le rappelait : « Si nous sommes avec lui, avec lui nous vivrons ». Le péché nous divise intérieurement, nous écartèle puisque notre désir, notre action, notre pensée est tiraillée en tous sens. La force du baptême nous fait vaincre cela : l’unité est rétablie en Christ par delà notre péché. Et le fait de nous reconnaître tous et chacun enfants de Dieu nous établit « frères » quelles que soient nos origines, nos cultures, nos traditions. Si tout cela contribue à façonner notre identité, marque jusqu’à nos manières de croire et de célébrer, c’est cependant le même baptême dans la même foi qui fonde notre unité.

III.- L’action de grâce qui sauve.

Il nous faut prendre garde, chers amis, à ne pas oublier le moment du retour, le moment de l’action de grâce. Seul un lépreux sur dix revient, et de surcroît c’est un étranger, celui dont on n’attendait rien car il n’était ni au fait des obligations de la loi ni habité par la foi d’Israël. Naaman le Syrien, lui aussi, revient vers Elisée : il « rend gloire à Dieu » et le découvre comme seul et vrai Dieu au point d’emmener de la terre de ce pays pour poursuivre son action de grâce sur une terre étrangère.
Si nous oublions parfois la beauté, la richesse, la nouveauté dont nous vivons dans et par le baptême, nous avons à redevenir des étrangers pour revenir à l’émerveillement devant le don qui nous est fait. « On n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! », dit Paul. Que de fois pourtant nous la déprécions, cette Parole, nous l’emprisonnons parce que nous allons jusqu’à oublier qui nous sommes : les enfants d’un même Père ! A celui qui est capable d’un tel retour vers le Seigneur, Jésus prononce la parole de salut : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! ». C’est là que se joue la véritable guérison, celle rendue possible par la foi. Au soulagement d’un mal physique, le Seigneur rajoute la grâce propre à la foi : le salut de l’âme.

Que Naaman le Syrien, que les dix lépreux, que le Samaritain parmi eux soient pour nous des exemples ! Si nos différences, si nos diverses manières de prier, si nos cultures respectives peuvent nous enrichir mutuellement, qu’elles ne deviennent pas motifs de division entre nous ! Car ce qui nous unit les uns aux autres, c’est la profession de la même foi dans le même baptême. Les eaux que nous avons mélangées, que nous avons bénies sont le symbole fort et parlant au cœur de cette célébration de cette unité à laquelle, autochtones et gens du lointain, nous sommes appelés. Nous en avons été aspergés pour la guérison de notre péché et pour notre salut et vous repartirez tout à l’heure avec cette eau, enrichie de celle de toutes les communautés. Si nous devons être des étrangers pour mieux nous ré-émerveiller, nous devons aussi devenir plus familiers et fraternels entre nous pour mieux manifester le même amour qui nous unit dans la même foi et en communion dans la même espérance.

AMEN.

Michel Steinmetz +

lundi 1 octobre 2007

Inauguration de l'église Sainte-Famille - Homélie de Mgr Fréchard


C'est Monseigneur Maurice FRECHARD, archevêque émérite d'Auch et ancien recteur du Sacré-Coeur de Montmartre à PARIS, qui a présidé les festivités d'inauguration de l'église.
Il a présidé la messe de la fête de la Dédicace le dimanche 23 septembre 2007, procédé à la bénédiction des six oeuvres de Fleur NABERT au moment où la liturgie les fait intervenir et en révèle tout le sens. Il a aussi donné l'homélie dont voici le texte :



Frères et Soeurs,

Votre paroisse est dédiée à la Sainte Famille de Joseph, Marie et Jésus. Votre église est le lieu de rassemblement de la famille paroissiale. Comme dans une famille, on décide d'améliorer ceci ou cela. Mesdames, rappelez-vous l'arrivée de votre première machine à laver le linge, ou d'un nouvel équipement de cuisine, rappelez-vous votre joie, votre soulagement.

Dans la lumière de l'enseignement du concile Vatican II, la rénovation de l'équipement liturgique de votre église a été décidée. Un plan a été élaboré et de nombreuses personnes se sont mises en mouvement pour le réaliser. Combien de professionnels y ont-ils travaillé ? Artistes authentiques, Fleur Nabert en premier lieu, à qui revient la conception de ce nouvel ensemble, et tous ceux qui lui sont associés dans tous les corps de métiers. Combien de bénévoles pour des travaux moindres peut-être, mais tout autant nécessaires ? D'autres encore ont cherché les moyens financiers permettant ce nouvel aménagement. Le résultat tangible de votre collaboration, vous donne de solides raisons de vous réjouir. Merci de m'associer à votre joie.

Toute famille est un lieu de vie, tout y est au service de la vie. L'amour des époux est l'élément fondateur, les enfants en sont le fruit, et la vie en toutes ses saisons depuis son éclosion, son printemps, jusqu'à son été et son automne: une vie en développement, la joie de vivre ensemble avec les générations qui précèdent et qui suivent. Toutes les phases de la croissance des enfants et de leur éducation jusqu'à l'âge adulte y trouvent leur accomplissement. Toutes les formes de la tendresse et de l'étroite solidarité se manifestent dans la joie et la fête, comme dans la peine et l'épreuve. Le bonheur de l'un devient le bonheur de tous, comme la souffrance est vite partagée.

Dans votre église rénovée, tout nous parle de la vie, tout y est source de vie. La vie de Dieu y rencontre la vie des hommes. Dieu leur donne sa vie divine. Le bâtiment église nous révèle ce qu'est l'Église de Dieu, la famille des chrétiens, finalement il peut exprimer qui est Dieu vivant. Nous avons déjà vécu la bénédiction de la Croix, des fonts baptismaux et du cierge pascal, de l'ambon, avant de bénir le tabernacle et la statue de la Sainte Famille.

A l'origine, l'amour infini de Dieu nous domine. Dieu est amour, il n'est qu'amour, il est mystère d'amour en lui-même, et pour l'humanité. Le cercle sur lequel se détache la Croix évoque déjà la plénitude, la perfection. La Croix elle-même, plus encore que le rappel de la grande souffrance du divin Crucifié, est pour nous le signe du plus grand amour qu'ait porté notre terre depuis ses origines. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Jésus l'affirmait quelques heures avant son supplice.

Cet amour est victorieux, car il y a infiniment plus d'amour dans le coeur transpercé de Jésus qu'il y a de refus d'aimer dans le coeur des hommes. Cet amour est victorieux du mal. C'est un Christ triomphant qui nous est présenté, car le Ressuscité de Pâques est victorieux de la mort, une fois pour toutes, pour lui au matin de Pâques, pour tous les hommes au dernier jour du monde. Quand Jésus ressuscité monte au ciel dans la gloire de son Père, il bénit ses disciples, il leur promet son Esprit-Saint, il partage sa victoire avec l'humanité tout entière. Amour victorieux, Amour au sommet de sa manifestation aux hommes, cet Amour vainqueur appelle l'assentiment de notre foi. Oui, nous croyons en ce Dieu qui nous aime jusqu'au bout.

Le baptistère est l'endroit où les chrétiens renaissent à la vie du Ressuscité : adultes qui ont grandi dans l’ignorance de cet amour et le découvrent pleins de joie ; petits enfants que les parents s'engagent à éduquer dans la foi à cet amour fou de Dieu en Jésus Christ. Le Sacrement de Baptême est le don le plus merveilleux que Dieu le Père offre à sa créature, car l'Esprit de Dieu nous fait participer à la réalité de la mort et de la résurrection de Jésus dans la lumière de Pâques signifiée par le cierge pascal. La vie de Jésus ressuscité devient notre vie, notre nature mortelle devient ainsi l'écrin précieux d'une vie indestructible.

L'ambon résonne de la Parole de Dieu où l'amour de notre Dieu est proclamé sans relâche pour nourrir notre foi, la fortifier, la faire grandir. En vérité, ici le Dieu vivant et véritable parle aux hommes. Dieu notre Père poursuit son dialogue avec ses enfants pour leur dire qui il est pour eux et ce qu'ils doivent être pour lui dans la fidélité à l'amour révélé et partagé. Cette parole est la plus puissante qui ait jamais retenti dans l'histoire du monde et qui continue d'y retentir. Quand l'Evangile nous rapporte les paroles de Jésus, il est la Parole éternelle du Père que -nul ne peut enchaîner et qui poursuit sa course victorieuse. Ma parole n'est-elle pas comme un feu dévorant que rien ne peut contenir ? Ainsi parlait déjà le prophète Jérémie.

Le Pain vivant, le Corps livré du Christ sera conservé dans le tabernacle. Jésus veut demeurer auprès des siens pour les nourrir de sa vie, témoin permanent de l'amour inlassable qu'il nous a manifesté jusqu'à l'extrême de l'amour. Il suscite notre adoration, il accueille notre prière. Peut-on garder en vase clos ce Fils qui n'est qu'un élan vers son Père ? Comme le feu indomptable de la Parole divine, a-t-on jamais imaginé qu'il était possible d'enfermer dans un coffret le dynamisme pascal de l'offrande eucharistique ? Jésus-Eucharistie demeure éternellement en état d'offrande à son Père. Il y appelle aussi l'humble offrande de notre vie quotidienne pour l'unir à la sienne.

Jusqu'ici, les objets bénis évoquaient les éléments majeurs du mystère pascal de Jésus. La Sainte Famille nous ramène aux années de la vie cachée où Joseph et Marie veillaient avec un soin fidèle sur la croissance humaine de l'enfant mystérieux qui leur était confié. La mission reçue de Dieu les guidait dans leur patience, sans qu’ils sachent de quoi demain serait fait. Rien d'extraordinaire, au point que pour les habitants de Nazareth, Jésus était le fils du charpentier, charpentier lui-même. Dans son mystère, la Sainte Famille méritait d'être figurée dans cette église qui lui est consacrée. Elle nous rappelle l'humble fidélité du croyant, de toute famille, dans l'effort chaque jour renouvelé pour que la vie soit victorieuse des agressions sauvages qu'elle subit parfois et qu'elle s'épanouisse finalement au grand soleil du salut de Dieu. Dans son silence prolongé l'Enfant-Dieu demeure le centre vital du monde où il a voulu naître et grandir. Que Jésus, que Marie et Joseph nous apprennent la valeur incomparable du silence et de la fidélité patiente qui sait attendre et faire mûrir la part de mission que nous avons reçue pour la vie du monde.

L'Eucharistie que nous allons célébrer est désormais enrichie des symboles éloquents qui nous rappellent le milieu divin où nous vivons notre foi chrétienne. Elle réalise pour nous le projet d'Alliance que Dieu a proposée à son peuple, dont parle Salomon lors de la dédicace du Temple de Jérusalem. Votre assemblée paroissiale est aussi pour sa part l'anticipation, la préparation de la Cité Sainte, de la Jérusalem que nous attendons de Dieu. Elle est aussi l'image de ce temple unique, le Corps de Jésus ressuscité dont nous sommes tous les membres vivants et actifs.

Dans cette église renouvelée de si belle façon, que Dieu trois fois saint, Père, Fils et Saint Esprit, nous fasse comprendre chaque jour davantage qu'il est Amour, qu'il nous fasse communier de plus en plus à cet Amour, qu'il ouvre notre coeur et notre esprit à la vie qui coule à flot de cette Trinité sainte, qu'il vous donne enfin de témoigner de cet Amour dans une famille paroissiale toujours plus sainte et plus nombreuse par la puissance de l'Esprit du Père et de son Fils unique et Bien-aimé.

Amen.

+ Maurice Frechard

Couverture médiatique de l'inauguration de l'église Sainte-Famille

En cliquant sur chaque image, vous pourrez afficher "en grand" les différents articles de presse parus à l'occasion de la rénovation de l'église.
Ainsi, successivement, vous pourrez lire:


- l'article des DNA en pages Région le jeudi 20 septembre 2007,

- l'article des DNA en pages Locales le jeudi 20 septembre 2007,

- l'article de l'Ami Hebo le vendredi 21 septembre 2007,

- l'article des DNA en pages Locales le mardi 25 septembre 2007.

Inauguration de l'église Sainte-Famille - 22 et 23 septembre 2007


Retrouvez les grands moments des festivités d'inauguration de l'église Sainte-Famille de SCHILTIGHEIM les 22 et 23 septembre dernier après un au de travaux,
ainsi que l'émotion liée à l'installation des oeuvres d'art de Fleur NABERT sur le site de la paroisse :


La presse écrite et télévisuelle a largement couvert l'évènement...