Jésus arrive en Galilée et
prêche. Marc ne nous explique pas les détails de cette première prédication,
mais il nous en donne l’essentiel : « Le royaume de Dieu est proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ». Quelque chose se passe,
quelque chose arrive : le royaume de Dieu s’approche. Pour répondre à
cette approche il faut que les gens aussi fassent quelque chose en retour pour
se préparer : « Convertissez et croyez à l’Evangile ». Il est compréhensible
qu’on doive se convertir. Vivre avec le Dieu qui s’approche n’est possible que
si on s’oriente vers lui. Il y aura un changement radical dans les
circonstances de la vie, et pour vivre dedans il faut aussi un changement
radical de son façon de vivre.
La nouvelle traduction de la
Bible pour la liturgie, que nous employons depuis le premier dimanche de
l’Avent, opère un changement assez significatif. Nous étions habitués à
entendre : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne
Nouvelle » ; maintenant l’expression « Bonne Nouvelle » est
remplacée par le mot « Evangile », avec une majuscule. Vous me direz
que cela revient au même. Je vous répondrai : pas exactement. Certes
« évangile » signifie une « bonne nouvelle ».
Mais pourquoi « croyez à
la Bonne Nouvelle » ? A première vue, il semble un peu curieux de
demander à quelqu’un de croire à une nouvelle. Normalement, on l’annonce
simplement. Ceux qui annoncent les nouvelles tous les jours à la télévision et
à la radio ne disent pas : « Tel événement vient d’arriver ou va
arriver. Croyez-y ». Une différence dans l’évangile, c’est que la foi est
très liée à la conversion. Selon Jésus, croire demande de se convertir. Et on
agit normalement selon ce qu’on croit. Si on ne croit pas qu’il va pleuvoir, on
ne prend pas son parapluie avec soi.
Pourquoi donc tant de difficulté
à croire ? Serait-ce justement parce que cela nécessite et impose une
conversion ? Et que précisément nous avons du mal à quitter ce que nous
sommes pour changer et nous renouveler ?
La première difficulté est
peut-être Jésus dit que son message est une bonne nouvelle. Si les habitants de
Ninive croient à la mauvaise nouvelle qu’annonce Jonas, il y beaucoup de gens
qui trouvent difficile de croire à la bonne nouvelle qu’annonce Jésus. C’est
peut-être quelque chose de pessimiste ou sceptique dans la nature humaine, mais
on est souvent plus prêt à croire à une mauvaise nouvelle qu’à une bonne. Et il
y a ceux qui sont tellement impressionnés et accablés par les problèmes de la
vie, de la pauvreté, de la faim, de l’oppression, de l’injustice, qu’ils croient
que c’est impossible que les choses changent radicalement. Leur réponse à Jésus
est : « Non, ce n’est pas vrai, je refuse de le croire, c’est un
rêve. »
Il y a aussi ceux répondent
en disant : « Très bien, mais j’ai trop à faire ». Si André,
Simon, Jean et Jacques suivent Jésus, Marc ne nous dit pas combien de pêcheurs
et de paysans refusent.
Et il y ceux qui croient qu’il
y a peut-être une bonne nouvelle à proclamer, mais que ce n’est pas pour eux, c’est
pour les autres. Ce sont ceux qui se sentent exclus, peut-être parce qu’ils
sont vraiment exclus, méprisés par les bonnes gens, comme les publicains et les
prostituées dont parlent les évangiles, ou bien ceux qui, tout en étant des
membres respectés de leur société, ne se respectent pas eux-mêmes, ceux qui se
détestent, qui ne parviennent pas à se pardonner. Il est donc impensable que
Jésus, que Dieu s’adresse à eux.
Quand nous entendons
maintenant : « croyez à l’Evangile », cela nous invite à croire
non à un message, à une nouvelle quelque peu abstraite, mais en Celui qui est
l’Evangile de Dieu, c’est-à-dire Jésus-Christ. Il est la Bonne Nouvelle de Dieu
pour nous. Ce n’est pas de l’ordre d’un slogan, d’une idéologie ; c’est
une personne qui sollicite et demande notre adhésion dans la foi. Quand Jésus
vient, il est lui-même l’Evangile de Dieu, et c’est en Lui qu’Il nous appelle à
croire et vers Lui qu’Il nous invite à diriger nos vies.
Frères et sœurs, êtes-vous
prêts à croire en Jésus, l’Evangile de Dieu ?
AMEN.
Michel Steinmetz †