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vendredi 7 février 2020

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 9 février 2020

Il y a quelques années, alors que Daech imposait sa barbarie en Irak, Mgr Mirkis, l’archevêque chaldéen de Kirkouk décidait sans hésiter d’accueillir les étudiants de Mossoul pour qu’ils puissent poursuivre leurs études. Sans distinction de religions ou d’ethnies. Le jour où il fallait faire passer un convoi de médicaments, on lui a posé la question du « pourquoi ». On a tué vos prêtres, violé vos femmes : pourquoi faites-vous cela pour nous ? Sa seule réponse a été de l’ordre du témoignage, sans calcul prosélyte. En ces temps où la foi chrétienne semble aussi mise hors-jeu par toutes sortes de contradictions, la tentation pourrait être grande de recourir à une évangélisation de type marketing. Or la parole évangélique vient rappeler : « voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux ». Le cœur de toute annonce du Royaume réside dans la vérité du témoignage. Le prophète Isaïe l’avait déjà perçu : « ne te détourne pas de ton semblable ». Le Christ, lui, ne s’est pas dérobé. Par sa mort et sa résurrection, il est le sel qui donne la saveur à toute existence humaine. Il est la lumière qui brille sur le monde. Il n’a pas détourné son regard du plus pauvre. Il n’a pas escamoté telle ou telle parole du Père. Il ne s’est pas soustrait à son humanité.
 
Dimanche passé, la fête de la Présentation a prévalu sur la liturgie du 4ème dimanche qui commençait la lecture du Sermon sur la montagne si bien que nous n’avons pas entendu l’évangile des Béatitudes qui ouvre le long et solennel enseignement de Jésus, nouveau Moïse donnant la Loi nouvelle. L’évangile d’aujourd’hui en est en quelque sorte son application.

Donner du sens
          « Vous êtes le sel de la terre » : au présent, donc ici, tout de suite, vous que Jésus vient d’énumérer, juste avant, dans la liste des béatitudes : les pauvres de cœur et les doux, les affamés de Dieu et les purs, les artisans de paix et les persécutés.          C’est pourquoi, mes disciples, ne demeurez pas au chaud dans votre bocal étiqueté « catholique » où vous vous sentez bien parce que les autres partagent vos croyances et vos opinions. C’est en s’exposant que l’Evangile prend racine, c’est en tombant dans la pâte du monde que le sel du croyant fait lever la foi. Votre foi est-elle à ce point vulnérable que vous cherchez à tout prix à la mettre à l’abri ?
On s’attendrait à ce que Jésus nous mette en garde contre ceux qui s’opposent à l’Evangile et veulent contrecarrer son action. Au contraire il prévient ses disciples que le danger est en eux. Pour le chrétien, le pire n’est pas la menace extérieure, mais l’affadissement. On veut redevenir « comme les autres ».

Eclairer pour faire voir Dieu
         L’image du sel évoquait l’enfouissement, le travail intérieur, l’œuvre secrète en pleine pâte de la réalité : celle de la lumière insiste sur la manifestation extérieure. Le message évangélique n’est pas une gnose que des initiés se transmettraient en secret : il est révélation publique, manifestation lumineuse. L’Eglise, la communauté de Jésus se montre à toutes les nations, elle ne peut rester enfouie dans les cavernes de la peur, cloîtrée dans les catacombes.         
« Ce que je vous dis en secret, proclamez-le sur les toits ». Non pour que le monde vous applaudisse, vous embrasse, vous décore, mais pour qu’il arrive à rendre gloire au Père. Comme la lampe brille par le courant électrique sur lequel elle est branchée, ainsi les hommes des béatitudes manifestent l’action de l’Esprit qui les inspire. Ils ne veulent pas être des vedettes au centre des foules en délire, ni avoir leur nom sur les affiches. Ce qui est leur seule passion : faire découvrir l’auteur de leur vie, amener les hommes à réfléchir : pourquoi ces gens agissent-ils de cette manière ?
 
La foi authentique n’est pas une piété aux yeux fermés ; l’Eglise n’est pas un enclos pour brebis frileuses ; la morale n’est pas gratouillis de conscience ; l’espérance n’est pas le mirage d’un avenir hypothétique. L’Evangile se lance en plein cœur de la société.
 
AMEN.
                                
Michel Steinmetz