Aujourd’hui nous voici
à nouveau dans le Temps ordinaire. Au fil des dimanches, nous allons reprendre
notre marche avec le Christ au rythme de sa vie publique. Á travers l’évangile
de saint Marc (principalement), nous suivrons Jésus pour entendre à nouveau son
enseignement et redécouvrir les gestes qu’il a faits et les signes qu’il a
donnés. Mais pour suivre le Christ, il convient de s’attacher à Lui. L’évangile
de ce jour veut nous y aider.
Cette démarche pour
(re)fonder notre relation au Christ est engagée quand Jean-Baptiste désigne
Jésus à ses disciples en leur disant : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1,
36). Ceci nous fait comprendre une première chose : on ne découvre pas Dieu
tout seul. C’est d’ailleurs ce que la première lecture du livre de Samuel nous
annonçait. La semaine passée déjà, avec la fête de l’Epiphanie, nous avions
découvert comment les Mages sont arrivés au Christ, certes en suivant l’étoile,
mais surtout en traversant les annonces prophétiques pour reconnaître en cet
enfant l’Envoyé promis par Dieu comme berger de son peuple. On peut désirer
rencontrer Dieu et le chercher de toutes sortes de façons. Mais tout cela
restera inopérant si nous n’apprenons pas petit à petit à interpréter ces
événements et ces paroles, et à comprendre qu’à travers eux, nous ne sommes pas
dans une sorte de rêve (comme pouvait le croire Samuel), mais devant une parole
qui vient de Dieu.
Pour le jeune Samuel,
le prêtre Élie va être celui qui l’aidera à comprendre le sens des mots qu’il a
entendus. Dans son sommeil, il a été appelé par son nom et croit que c’est Élie
qui a besoin de lui. Á trois reprises, il se lève et va vers le vieux prêtre.
Celui-ci comprend alors que Samuel ne rêve pas, mais que la parole qu’il entend
vient de la part de Dieu. Élie lui explique alors comment y répondre, en
disant : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9).
Dans la construction
de notre relation avec Dieu, nous percevons des signes et des paroles. Mais
nous ne savons pas trop qu’en faire. Nous croyons qu’il s’agit simplement des
échos des événements de notre vie ou des paroles que nous échangeons. Nous ne
sommes pas préparés ni prêts à y reconnaître un appel de Dieu, soit que nous ne
le connaissions pas encore très bien, soit que nous l’ayons connu puis oublié,
soit que nous ne sachions pas le reconnaître et l’identifier. Nous voyons des
choses et nous entendons des mots. Mais où est Dieu dans tout-cela ?
Il faut bien que nous
soyons aidés pour reconnaître sa présence. Nous avons besoin de cette première
initiation qui nous éclaire sur le sens de ces événements et de ces paroles.
Quelqu’un doit nous guider pour nous introduire dans la relation avec Dieu et
nous dire : « Tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute’ ». Cette aide
qui nous introduit à la rencontre avec Dieu, nous la recevons dans notre vie en
Église, à travers la célébration de l’Eucharistie, dans le partage de la Parole
de Dieu. Pour les enfants, c’est le rôle irremplaçable des parents et bien
souvent des grands-parents. Dans
l’Évangile de saint Jean, c’est Jean-Baptiste qui remplit ce rôle. Il est venu
en avant de Jésus pour préparer l’accueil du Messie d’Israël. Il a rassemblé
des disciples autour de lui. Il a été témoin d’un signe de Dieu au moment du
baptême de Jésus. C’est pourquoi, lorsque Jésus passe, il dit : « Voici
l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 36). Jean ouvre à ses disciples le chemin
d’accomplissement de ce qu’il avait dit : « Il faut que lui grandisse et que
moi je diminue » (Jn 3, 30). Il les invite à se tourner non pas vers celui qui
indique la direction (le poteau indicateur), mais vers le but que celui-ci
désigne. Jean oriente ses disciples vers un autre, vers celui qui est le
véritable terme de leur vie. Et parmi les disciples de Jean (combien
étaient-ils ?), deux d’entre eux s’approchent de Jésus.
Pour suivre Jésus
dans sa vie publique et comprendre qu’il accomplit les promesses de Dieu, il
nous faut aller vers lui. C’est lui alors qui prend la parole et nous demande,
comme il demande aux deux disciples : « que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Nous
sommes comme les deux disciples de Jean-Baptiste. Le Christ nous dit :
« Venez et vous verrez. » Tout simplement.
AMEN.
Michel Steinmetz †