Nous voilà passés de 2019 à 2020, dans le fracas des pétards et des fusées, ou des
bouchons de champagne. Certains auront vécu ce passage avec une angoisse face à
l’avenir, d’autres de manière aussi pétillante que le breuvage rémois. Certains
sont heureux que 2019 prennent fin et d’autres se demandent, anxieux, ce que
leur réservera cette année. Tous, au demeurant, aimeraient savoir ce que ces
mois et ces semaines à venir nous imposeront ou nous découvriront. Et plus
encore qu’allons-nous devenir ? En terme de santé, d’équilibre personnel
et spirituel, de vie professionnelle ? Dieu nous répond par une grande
simplicité. Rien, vous ne deviendrez rien si vous oubliez de qui vous êtes et
pour qui vous êtes. C’est-à-dire si nous venons à L’oublier. Car celle que nous
fêtons en ce huitième jour après Noël, la Vierge Marie, Mère de Dieu, nous
enseigne ce qu’il convient de faire : « elle, cependant, retenait
tous ces événements et les méditait dans son cœur. ». C’est-à-dire relire
sans cesse, au soir de chaque journée, ce que nous avons vécu pour y discerner
l’œuvre parfois discrète, fugace ou cachée, du Seigneur. Ne rien oublier pour
en tapisser notre cœur et en faire une couche protectrice qui n’oubliera pas de
nous protéger lors des assauts de l’existence ou de faire remonter à notre mémoire
aimante combien Il ne cesse d’être présent.
Ce n’est pas pour rien que les chrétiens honorent en ce jour, celui de l’Octave de
Noël, mais aussi le premier de l’an civil, la maternité de la sainte Mère de
Dieu. En effet, comme le rappelle saint Léon le Grand, « lorsque le Christ
vient au monde, le peuple chrétien commence : l’anniversaire de la tête, c'est
l’anniversaire du corps ». Et de poursuivre : « sans doute,
chacun de ceux qui sont appelés le sont à leur tour, et les fils de l’Église
apparaissent à des époques différentes. Pourtant, puisque les fidèles dans leur
totalité, nés de la source du baptême, ont été crucifiés avec le Christ dans sa
passion, ressuscités dans sa résurrection, établis à la droite du Père dans son
ascension, ils sont nés avec lui en cette Nativité. »
Ainsi chacun de nous doit entrer dans cette nouvelle année en ne perdant jamais de
vue d’où il vient : la Nativité de Jésus est notre propre naissance. Ce
que nous avons préparé durant le temps de l’Avent, ce que nous avons célébré il
y a une semaine n’est pas derrière nous et ne sera pas remisé dans quelques
jours dans les cartons de nos décorations de Noël. Le Fils de Dieu nous donne
de naître non pour notre perte mais pour notre vie. Et sa naissance ne cesse de
se poursuivre en nous chaque fois que nous ouvrons notre cœur à sa Parole et
agissant selon la loi nouvelle de l’Evangile.
Et saint Léon développe encore : « tout croyant, de n'importe quelle
partie du monde, qui renaît dans le Christ, après avoir abandonné le chemin du
péché qu’il tenait de son origine, devient un homme nouveau par sa seconde
naissance. Il n’appartient plus à la descendance de son père selon la chair,
mais à la race du Sauveur, car celui-ci est devenu Fils de l'homme pour que
nous puissions être fils de Dieu. Car si lui-même, par son abaissement, n’était
pas descendu jusqu’à nous, personne n'aurait pu, par ses propres mérites,
parvenir jusqu’à lui. ».
Beaucoup vont se targuer, ces prochains jours, de prendre de bonnes résolutions,
résolutions qu’ils se plairont à oublier aussitôt qu’elles auront été énoncées.
Nous, nous allons demander à Dieu, avec l’aide de sa grâce et de la tendresse
maternelle de Marie, notre mère, de fuir le péché. Nous allons prier les uns
pour les autres, non pour que nous soyons préservés et mis à part, comme des
Apaches dans leur réserve, mais pour que, déjà mis à part parce que choisis par
Dieu comme ses enfants, nous puissions nous montrer dignes de ce que nous
sommes. Nous peinerons sur ce chemin de perfection, mais nous savons qu’il en
vaut la peine et qu’il est l’unique source de notre joie dans une monde qui se
cherche.
AMEN.
Michel
STEINMETZ †