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mercredi 26 septembre 2012

Homélie du 24ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 16 septembre 2012

Depuis les premiers moments où des chrétiens se retrouvent pour la prière, ils utilisent des psaumes. Rien d’étonnant à cela puisque c’était là aussi la prière même de Jésus. Tout bon Juif connaît l’ensemble des 150 psaumes par cœur et sa prière en est ainsi tout naturellement enrichie. Il ne cherche pas ses mots, ne se demande pas comment prier Dieu : telle une langue maternelle les paroles de la Bible jaillissent spontanément. Nous savons aujourd’hui que dans les premiers siècles, il en était de même pour les chrétiens : ils connaissaient par cœur la totalité des psaumes, c’est du moins ce que nous rapporte Augustin. Ils y avaient recours dans les célébrations et, de la sorte, jaillissait unanime et spontané le chant de l’Eglise.
Les psaumes font appel à tous les sentiments humains : joie, peur, colère, confiance, doute, et que sais-je d’autres encore. Chacun peut s’y retrouver et retrouver son état d’âme du moment. Mais les psaumes sont aussi une prière : ce sont les mots que Dieu nous donne dans sa bonté pour pouvoir lui parler. Il nous rassure : rien de ce qui fait notre existence ne saurait être caché devant lui – même les moments où nous nous en prenons à lui ! –, rien de tout cela ne saurait être transformé par sa grâce.
Si, durant la célébration de l’eucharistie, nous pouvons chanter un psaume pendant la procession d’entrée ou celle de communion, il est un moment où le psaume est prévu par la liturgie : c’est en réponse à la première lecture. Quoi de plus beau que de pouvoir répondre à la Parole de Dieu avec nos mots, qui sont aussi les mots de Dieu ?

Je vous propose donc, brièvement, de méditer ensemble le beau psaume 114 de ce jour et d’y voir combien tout le message des lectures de la messe y trouve un écho.

J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille ;
toute ma vie, je l’invoquerai.

Si le psalmiste peut faire une telle déclaration d’amour, c’est bien parce qu’il a fait l’expérience de la proximité du Seigneur qui entend le cri de sa prière ; Isaïe aussi proclame : « Le Seigneur Dieu vient à mon secours… Il est proche celui qui me justifie ». Ce grand Dieu, comme dit l’Ancien Testament, est si bon au point de pencher l’oreille vers sa petite créature pour mieux l’entendre encore. Fort de cette confiance, le psalmiste n’hésite pas à dire qu’il passera sa vie à l’invoquer.

J’étais pris dans les filets de la mort,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »

Nous sommes parfois enfermés dans des situations, pris dans des filets dont nous ne pouvons nous défaire. Pensez aux fauves qu’on capture ainsi. C’est le cas du Serviteur de Dieu dans la Livre d’Isaïe. Et ne croyez-vous pas que ce furent les sentiments et l’attitude de Jésus alors qu’il entrevoyait l’issue de sa mission comme sanctionnée par la mort ? Ne croyez-vous pas que ces paroles du psaume aient pu lui revenir au point d’en nourrir sa prière ? Assurément.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.

« Pour vous, qui suis-je ? », demande Jésus. « Le Messie », « le Saint de Dieu », pouvons-nous répondre avec de belles formules bien huilées de catéchisme. Bien sûr, toutes ces réponses sont vraies. Mais sont-elles habitées de notre foi ? Car, quand le psalmiste affirme avec force que le Seigneur est tendresse et pitié, qu’Il défend les petits, il confesse sa foi mais une foi sous-tendue par une expérience personnelle : « j’étais faible, il m’a sauvé ». Il habite ces paroles ou plutôt il permet à Dieu de les habiter parce qu’il lui a fait une place dans sa vie et sa détresse.

Il a sauvé mon âme de la mort,
gardé mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.

Expérience pascale que fait là le psalmiste ! Son âme est sauvée de la mort et, désormais, son avenir se conjugue avec la présence du Seigneur sur la terre des vivants. Mais peut-on ainsi marcher « en présence du Seigneur » au milieu de ses frères et sœurs en humanité sans rayonner de cette présence, sans témoigner de l’expérience ainsi vécue ? Le vrai langage de la foi, c’est l’acte de foi. Tu dis : « J’ai la foi » ? Moi je te dis : « Montre-moi les œuvres de ta foi ! ». N’est-ce pas cela qui distingue fondamentalement la foi des croyances ? « Celui qui n’agit pas, dit l’apôtre Jacques, sa foi est bel et bien morte ».

Cette invitation, cette nécessité, que dis-je ?, ce défi nous rejoint toutes et tous aujourd’hui. « Pour toi, qui suis-je ?, dit le Seigneur. Toi, baptisé, que dis-tu de moi ? Qu’est-ce que ta vie, ta charité, ton engagement proclament de moi ? Qu’est-ce qu’un observateur extérieur apprendrait de moi en te regardant ? Vis-tu de telle manière que ta vie soit inexplicable si Jésus n’est pas le Christ, le Fils du Dieu vivant ? Oui, marche en ma présence sur la terre des vivants ! ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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