L’hiver vous donne peut-être des envies de soleil. Les
journées bien grises que nous venons de passer depuis un mois éveille en nous
un appétit de lumière et de clarté. Des amis proches sont partis sur un coup de
tête fêter la nouvelle année sous les cocotiers et, je dois bien l’avouer, cela
a éveillé un moi une pointe de jalousie. Chercher le soleil : certains en
font même leur raison de vivre. Travailler quasiment cinquante semaines dans l’année
pour pouvoir s’offrir ces instants. Et nous connaissons les quelques migrations
annuelles qui encombrent les routes, les gares et les aéroports. Telle est l’importance
du soleil. Nous sommes des tournesols, nous cherchons le soleil, nous nous
tournons vers la lumière, nous la suivons.
Le monde naturel est un symbole du spirituel. Si nous
cherchons le soleil, source de lumière, de chaleur, de vie, nous avons aussi
une vie spirituelle et nous cherchons une lumière spirituelle. Il ya bien des
années maintenant, il y avait une chanson populaire « You are the sunshine of my life », « Tu es le soleil de
ma vie ». Elle était composée par Stevie Wonder et reprise, rappelez-vous,
par Sacha Distel. Plus récemment, elle a même servie à agrémenter une
publicité. Stevie Wonder, lui, était aveugle, incapable de voir la lumière
naturelle, mais il comprenait très bien qu’il avait besoin, comme nous tous, d’une
lumière plus spirituelle, une lumière qui éclaire le sens de sa vie et qui l’aide
à trouver, dans la vie, son propre chemin. Il croyait l’avoir trouvée dans la
personne qu’il aimait et pour laquelle a écrit cette chanson ; c’est l’amour
qui lui a ouvert les yeux et qui a permis à l’autre de le remplir de sa
lumière. Il y a 2700 ans, le prophète Isaïe a compris, lui aussi, la nécessité
de cette lumière spirituelle. Selon sa prophétie, que nous avons entendue dans
la première lecture, cette lumière paraîtrait en Galilée.
Si, en Galilée, Pierre et André courent après Jésus, ce n’est
pas parce qu’ils trouvent trop ennuyeuse leur vie de pêcheur ; si Jean et
Jacques se tournent vers lui, quittent leur père pour le suivre, ce n’est pas
parce qu’ils détestent leur père ; c’est parce qu’ils voient, tous les quatre,
en lui le soleil spirituel, la lumière de vie. A la lumière de Jésus, ils
voient les choses autrement. Il y avait dans leur vie une obscurité, dont ils n’étaient
peut-être pas conscients ; maintenant, en voyant Jésus, ils voient plus clair,
et ils le savent. En la personne de Jésus et en son enseignement, les quatre
croient voir les choses telles qu’elles sont ; Jésus les éclaire, et ils
croient arriver à une compréhension du monde et de leur vie dans le monde.
Jésus est le « sunshine »,
le rayon de soleil de leur vie. Il éclaire d’une manière nouvelle leur être
intérieur.
Voilà ce qu’ils croient. Mais est-ce qu’ils ont raison ? Ne
se trompent-ils pas ? Il est très dangereux de suivre un homme, les hommes
déçoivent, on peut tout perdre en les suivant. Notre siècle en est témoin. Des
dictateurs, dont Hitler, ont attiré à eux des foules considérables par leurs
discours enflammés. C’était une fausse lumière ; ils les ont fourvoyés. Leur
amour a abouti très vite à une catastrophe totale, leur lumière s’est révélée
obscurité.
Jésus, par contre, n’a pas fourvoyé les quatre premiers
disciples. Ils n’ont pas été déçus. Oui, ils ont eu leurs difficultés, le
moment de la passion de Jésus était un moment de ténèbres, il a semblé mettre
fin à tout leur espoir. Mais, finalement, la résurrection et leur vie de
disciple leur a montré que la lumière de Jésus n’était pas fausse, Jésus ne les
avait pas trompés, leur amour n’était pas déçu. Jésus restait, comme ce premier
jour-là en Galilée, le sunshine de
leur vie. C’est pourquoi ils ont fait de leur mieux pour transmettre leur
expérience, leur amour, aux autres, pour que les autres voient à leur tour
cette lumière. Ils ont réussi, beaucoup d’autres ont pu voir en la personne de
Jésus la lumière qu’ils cherchaient. Ce n’était pas une affaire de quelques
années. La lumière de Jésus s’est révélée une vraie lumière, durable,
éclairante, une lumière qui donne la vie, qui permet à chacun de suivre son
propre chemin. Cette lumière est toujours là, Jésus peut être, si nous le
voulons, le sunshine de notre vie.
AMEN.
Michel
Steinmetz †