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lundi 18 juillet 2016

Homélie de la messe à l'intention des victimes de l'attentat de Nice - 17 juillet 2016

Ecoutez ici l'homélie de la messe
à l'intention des victimes de l'attentat de Nice
 
- 16ème dimanche du Temps ordinaire (C) -

ALTBRONN, 17 juillet 2016

https://youtu.be/F6VIehHoB6g

vendredi 8 juillet 2016

Homélie du 15ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 10 juillet 2016

Le mot « Samaritain » a une bonne connotation. D’ailleurs, combien de fois n’est-il pas employé dans la langue française pour désigner une personne qui fait le bien, qui est serviable, qui se dépense au service de son prochain. On dit d’elle qu’elle est un « bon Samaritain ». Celui que Jésus cite dans l’Evangile et qui a porté secours au malheureux était un Samaritain : il a manifesté de la pitié et de la compassion, en ne se détournant pas, comme les autres, du blessé. C’est la raison pour laquelle ce terme a si bonne réputation.
 
Combien de fois ne fait-on pas appel à cette page de l’Evangile, ou à la figure tutélaire de ce bon Samaritain, pour désigner l’action caritative en Eglise ? Il est d’ailleurs curieux que l’adjectif « bon » désigne tout à la fois cet homme de Samarie et le « bon Pasteur », Jésus-Christ.
 
A l’époque cependant où Jésus a raconté cette parabole, le terme « Samaritain » était, pour ses auditeurs juifs presqu’un synonyme d’injure. Car les habitants de la Samarie, située entre la Judée au sud avec pour capitale Jérusalem et la Galilée au nord, avaient, pour les Juifs croyants, la réputation d’être des mécréants, des hérétiques, aux pratiques religieuses douteuses. De toute façon, ils n’avaient pas la même religion. Certes le jugement que les Samaritains portaient sur les Juifs n’était guère plus clément. Certaines scènes de l’Evangile l’attestent.
C’est justement un de ces « étrangers » si mal vus, un Samaritain, que Jésus cite comme exemple d’amour du prochain. Le plus grand de tous les commandements de Dieu prescrit que nous devons aimer Dieu de tout notre cœur, et notre prochaine comme nous-mêmes. Fais cela et tu vivras, répond Jésus au spécialiste de la Loi qui lui demande ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle.
 
Et qui est mon prochain ?, renvoie-t-il alors comme question à Jésus. Cette question se pose à moi tous les jours, et pas à moi seulement, je pense. Il y a tant de malheur dans le monde, et tant de personnes sont dans l’indigence. On ne peut pas s’occuper de tous. Il faut choisir. Il faut opérer un discernement dans la charité. Pour autant, tous demeurent mon prochain. Quelle est la priorité ? La famille ou le voisin dans la misère ? Où dois-je m’investir ? Et où dois-je dire que je laisse d’autres agir ?
 
Jésus ne fournit pas de réponse théorique. Il n’expose pas de règles générales. Il raconte une histoire très concrète, une scène de vie, comme il peut nous en arriver tous les jours. Cette parabole a ému au point que le personnage principal, l’étranger méprisé, est devenu le bon Samaritain compatissant.
 
Cette histoire interpelle tout le monde car tout un chacun se sent concerné. Je suppose qu’il nous est déjà arrivé à tous d’être ou le prêtre ou le lévite. On voit un malheureux, on change de trottoir, et on poursuit son chemin. On a sans doute de bonnes raisons de la faire la plupart du temps : pas le temps, des rendez-vous, on est pressé ou on a peur d’être impliqué dans une situation potentiellement dangereuse ou délicate. La réaction de cet étranger, d’une autre religion, est d’autant plus impressionnante : il ne passe pas son chemin, il ne se préoccupe pas du danger ni de sa peine, il vient en aide, tout simplement. Il ne faut pas oublier de rendre grâce, aujourd’hui, dans notre prière, pour toutes les personnes qui viennent ainsi en aide à leur prochain, et qui font de leur vie un service.
 
Nous-mêmes, il nous faut nous demander si nous avons réellement envie de la vie éternelle. Si c’est le cas, alors, il nous faut réapprendre qu’elle n’est pas un horizon lointain et hypothétique : celui de la rencontre, un jour, avec le Créateur. Nous ne le découvrirons pas ce jour-là, car il saura nous rappeler que nous l’avons croisé sans cesse : chaque fois que nous avons été proche de nos frères, c’est de lui que nous aurons été proches.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

vendredi 1 juillet 2016

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 juillet 2016

Il est question aujourd’hui d’évangélisation. Jésus veut que son message parvienne à toute l’humanité. Il veut toucher le plus de personnes possibles et les amener à croire. Incontestablement Jésus avait une mission, et il voulait qu’elle atteigne toutes les nations, tous les temps, tous les hommes. Le mot d’évangélisation nous est quelque peu redevenu familier ces dernières années. Le pape Benoît XVI, creusant le sillon du Concile Vatican II, avait compris que nos sociétés de « vieille » ou d’ « ancienne » chrétienté avaient besoin d’un nouveau souffle. L’Evangile jadis annoncé à tous, marquant jusqu’à la société civile, ne va plus de soi. On note volontiers qu’il y a une crise de transmission. Il faut donc qu’un nouveau souffle passe sur nos communautés, fussent-elles numériquement plus réduites que par le passé. Ce dynamisme leur permettra de devenir, ou redevenir, signifiantes et attractives. Ainsi, nous ne pouvons plus nous appuyer sur les coussins moelleux de l’habitude, du « on a toujours fait comme cela », des pieuses excuses du genre : « on fait ce qu’on peut », « ils savent où est l’église… ».
 
Chacun de nous est désormais en situation d’être personnellement un apôtre, un envoyé du Seigneur Jésus pour témoigner de sa parole et de son amour. Le pape François se plaît à comparer l’Eglise de notre temps à un « hôpital de campagne » posé dans la jungle de nos sociétés post-modernes dominées par les modes de consommation, l’ultra-capitalisme ou l’hédonisme. Il appelle à aller jusqu’aux périphéries, à ne pas se fixer de limites, à ne pas s’en satisfaire.
 
Mais un défi rejoint cette annonce. Comment la vivre dans une société qui revendique la laïcité comme une norme, voire comme nouvel ordre du vivre-ensemble. Comment parler du Christ, inviter à Le rejoindre tout en respectant l’autre ? Les tragiques événements que nos pays connaissent depuis quelques mois avec les phénomènes terroristes nourris par le fondamentalisme nous interpellent. Nous les chrétiens, nous avons reçu du Christ la mission de porter l’Evangile à tous les hommes. Les musulmans ont aussi la mission d’annoncer tous les hommes à obéir au Coran. Les deux religions s’adressent à tous les hommes. Les deux pratiquent la mission. Comment une coexistence en paix est-elle dès lors possible ? Des conflits entre religions ne sont-ils pas programmés d’avance ? C’est ce que beaucoup pensent des religions en général, malheureusement.
 
L'Histoire mais le présent également, montrent avec trop d’évidence que la mission va souvent de pair avec la violence et la contrainte. L’histoire de la mission évangélisatrice chrétienne  a écrit beaucoup de pages magnifiques, mais elles en aussi noirci certaines. Aujourd’hui, le christianisme est la religion la plus persécutée de par le monde. Mgr Yousif Mirkis en témoignait au milieu de nous, dimanche dernier.
L'évangile d’aujourd’hui nous montre comment Jésus entendait l’évangélisation. Une chose est claire : il refusait toute diffusion de son message par la violence. Tout au contraire : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ». Il ne voulait pas que son enseignement parvienne aux hommes dans un déploiement de puissance et de pompe : « N’emportez pas de bourse, pas de besace, pas de sandales ». En lisant entre les lignes, cela implique que les envoyés de Jésus doivent dépendre les uns des autres. Ils doivent venir les mains vides, mais avec la paix dans leur cœur.
 
Il est étrange que Jésus conseille : « Ne saluez personne en chemin ». Il ne les incite pas à l’impolitesse, mais il leur conseille d’éviter de trop bavarder, comme il nous arrive parfois de parler à tort et à travers avec des personnes qui ne sont pas concernées.
 
En ce temps-là, Jésus a envoyé soixante-douze nouveaux disciples en mission. Ils devaient lui préparer le chemin. Aujourd’hui tous les chrétiens sont envoyés porter la Bonne Nouvelle de Jésus : sans forcer ni contraindre, mais en proposant, en aidant, avec tendresse et amour. Frères et sœurs, ne nous y trompons pas ! Ne nous défaussons  pas trop facilement de cette responsabilité en nous en déchargeant sur le voisin, sur des structures, sur des techniques, ou que sais-je d’autre encore ! Il est trop facile de dire que l’Eglise devrait faire ci ou ça. L’Eglise, la communauté de paroisses, c’est chacun et chacune ensemble. Il n'existe aucune technique d'évangélisation hormis celle de la cohérence du témoignage. Si tous nous essayons d'être des chrétiens plus authentiques, plus vrais, plus dévoués, alors nous deviendrons de meilleurs disciples et personne ne s'y trompera. On verra, à travers nos paroles et nos gestes, le Christ lui-même agissant dans le monde. Le Règne de Dieu se sera un peu plus approché encore de tous.
 
Michel Steinmetz