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jeudi 25 août 2016

Homélie du 22ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 28 août 2016

« Quiconque s’élève sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé ». Lc 14,11
 
C’est à l’occasion d’un repas auquel il est invité que Jésus fait cette remarque qui est aussi une règle de vie. On se battait manifestement pour les places d’honneur. Nous connaissons cela en bien des circonstances : qui doit s’asseoir au premier rang ? Qui est la personnalité de marque ? Il y a toujours quelque chose de pénible et d’un peu ridicule dans ces préséances. « Etre vu de tous », arriver de manière à ce que tous les regards convergent sur vous !
 
Mais est-ce que cela fonctionne si on n’essaie pas de passer un peu devant les autres ? Est-ce que la règle de Jésus peut s’appliquer dans la vie ? SI tu t’assieds derrière dès le début, est-ce qu’on ne finit pas par t’oublier ? L’enseignement de Jésus est important parce qu’il concerne l’humilité. Ne fais pas l’important ! Ne te mets pas en avant ! Reste modeste ! Peut-être que l’hôte viendra te dire : « Mon ami, monte plus haut ». Il est certain que Jésus a raison : « Alors il y aura pour toi l’honneur devant tous les autres convives ».
 
Est-ce ainsi dans la vie ? C’est mieux, bien sûr, si on n’a pas à jouer des coudes pour faire carrière, réussir, ou monter en grade. C’est bon signe d’être reconnu pour ses qualités et ses compétences et, ainsi, de monter plus haut. Mais ne faut-il pas y mettre aussi du sien ? N’a-t-on pas le droit de rechercher le succès et l’avancement ? Jésus condamne-t-il toute ambition ?
 
Que désirent les bons parents pour leurs enfants ? Qu’ils arrivent à quelque chose dans la vie, mais peuvent-ils y parvenir si on leur a toujours appris à se mettre derrière ? D’ailleurs, que veut dire « arriver à quelque chose » ? Est-ce gagner beaucoup d’argent ? Devenir puissant ? Bien élever un enfant, c’est d’abord l’aider à devenir quelqu’un de bon. Ce n’est pas le succès qui compte en premier lieu, c’est la valeur, le savoir-faire, et plus encore le savoir-être. A quoi sert une ascension rapide, si derrière il n’y a pas un bon caractère, une réelle compétence ?
 
Jésus invite à la modestie, pas à l’incompétence. Il ne dissuade pas d’avoir du succès, il conseille de ne pas faire l’important. En tant qu’artisan menuisier, il savait bien que la clé de la réussite est le bon travail, fait avec honnêteté. Ce qu’on apprécie à la longue n’est pas le paraitre, mais la manière d’être, non pas ce que quelqu’un aimerait bien être, mais ce qu’il est vraiment en tant qu’individu.

Il est vrai que ce qui compte à première vue, dans le monde, c’est l’éclat, la considération. Mais peu à peu c’est la véritable qualité de cœur qui gagne l’approbation, la réelle compétence, l’honnêteté de la personne. Et elle se manifeste aussi dans une manière de situer qui apporte, parce qu’elle est vraie et sincère, plus de joie que toutes les premières places.
 
Jésus va encore plus loin. Sa parole ne rejoint pas que l’invité, mais aussi l’hôte, celui qui invite et offre l’hospitalité. Ce dernier n’a pas à calculer qui il serait judicieux d’avoir à sa table pour progresser socialement. Une personne célèbre, riche ou influente dont la fréquentation rejaillira en bénéfices divers et variés. Jésus dit : si toi aussi tu invites, que ton attention aille d’abord vers les pauvres et ceux qui sont rejetés et exclus de tous, car ils sont les préférés de Dieu. Ici, nul calcul pour servir une ambition personnelle. La seule ambition sera de faire comme Dieu, avec Lui et pour Lui. Accueillir ceux dont personne ne veut pour les faire « monter plus haut ». Cette parole de Jésus, je crois, nous interpelle tous, nous bouleverse tous. Nous aimons nous mettre dans la peau de celui à qui on pourrait faire un honneur. Nous oublions souvent de faire honneur. « Heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes ».
 
AMEN.               
 
Michel Steinmetz 

dimanche 14 août 2016

Homélie de la solennité de l'Assomption de la Vierge Marie - 15 août 2016

"Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent". Nous avons sans doute un peu de mal à entendre cette phrase du Magnificat depuis le début de l’été : après coup sur coup l’attentat de Nice le 14 juillet au soir, les attaques en Bavière la semaine qui ont suivi, l’assassinat du Père Jacques Hamel le 26 juillet au matin à coté de Rouen. Est-ce là la miséricorde de Dieu, celle que nous voulons célébrer tout au long de l’année sainte ? Pouvons-nous encore faire miséricorde et tenir nos cœurs grands ouverts ?
 
Nous ne pourrions donc pas faire confiance aux dires de la Vierge Marie, ni reprendre jour après jour sa propre prière. Elle ne serait donc pas vraie ? Qu’un peu de fumée pour nous attendrir et nous faire supporter sans trop broncher que ce monde passe ? Vous sentez bien, avec moi, que cela n’est pas tenable. Alors comment croire en cette miséricorde ? Elle qui est le nom même du Dieu des chrétiens, et dit-on, celui aussi du Dieu de l’Islam ? Est-ce finalement le même Dieu ? Ou plutôt quelles considérations, quelles anthropomorphismes les uns et les autres appliquent-ils à leur Dieu ?
 
Nous chrétiens, nous savons que le Dieu de l’Alliance, Celui qui désire sans cesse que son peuple soit près de Lui, se révèle parfaitement en Jésus. Il prend un visage d’homme pour qu’en Lui l’humanité vive son assomption, qu’elle sorte de l’engrenage mortifère de la violence et de la recherche du pouvoir. Car dans ce que nous avons vécu, il s’agit bien de cela : un Dieu qui est perverti, abusé pour servir de prétexte et de caution à des hommes qui veulent imposer leurs idéologies, leurs manières de vivre et d’exister au mépris du droit le plus fondamental : respecter l’autre pour ce qu’il est. L’annonce de l’Evangile, quant à elle, ne repose jamais sur la force. Elle passe par un témoignage de vie qui fait résonner ce que nous proclamons. Frères et sœurs, je vous le demande : comment vivons-nous et que proclamons-nous ? Ne sommes-nous pas devenus des cymbales retentissantes, des cuivres qui résonnent, bref du vent ? A regarder nos sociétés si sécularisées, si laïcardes, inspirons-nous encore une quelconque crédibilité ? Vous revendiquez les racines chrétiennes de notre pays ou de notre Europe, vous voulez défendre les valeurs de l’Evangile ? C’est bien. Mais qu’en avez-vous fait en attendant ? Au mieux, vous avez enfermé le bon Dieu sous une belle cloche bien hermétique pour ne surtout plus l’entendre et vous le montrez désormais à vos enfants ou petits-enfants comme une pièce, fût-elle d’exception, de notre musée commun.
 
La Vierge Marie, elle que nous fêtons aujourd’hui, a proclamé les merveilles de Dieu et sa libéralité pour les générations à venir. Si, pourtant, elle n’avait fait que cela, personne aujourd’hui ne s’appuierait plus sur son Magnificat pour être soutenu dans sa vie croyante. Marie a vécu ce qu’elle a proclamé. Toute sa vie a été une résonnance de sa foi. De la Visitation à l’Annonciation, de la Nativité à la Croix, de la Résurrection à la Pentecôte. La Jérusalem céleste dont elle est devenue pour nous à la fois l’annonce et le symbole n’a pas été une chimère. Ce monde nouveau du Royaume de Dieu, elle l’a contemplé avant d’y entrer la première à la suite du Christ ressuscité, nous montrant désormais la seule voie possible pour notre salut. Ce salut, c’est celui de chacun de nous, c’est celui de notre monde.
 
Pourquoi alors être si timoré quand il s’agit de nous affirmer croyants, disciples du Christ, vrai Fils de Dieu et notre Sauveur ? Pourquoi ne pas donner à voir ce que l’Evangile sait produire de plus beau, ce qui a façonné nos sociétés au long des siècles ?
 
La miséricorde du Seigneur s’étend d’âge en âge pour les hommes et les femmes de bonne volonté. N’ayons pas peur de nous y abandonner dans le refus de la violence, de la vengeance, mais avec détermination et courage. Frères et sœurs, restons fidèles au Seigneur, qui élève les humbles et comble de bien les affamés. Nous ne savons pas si cette fidélité nous conduira devant un autel à la fin d’une messe pour y être mis à genoux comme le Père Jacques Hamel. Commençons par la vivre dans chaque instant que le Seigneur nous donne. La Vierge Marie, elle que nous invoquons comme Notre-Dame et notre refuge, garde nos pas et nous montre le chemin du Ciel. 
 
 
AMEN.
                                                                                                                                          
 
Michel Steinmetz

Homélie du 20ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 14 août 2016

Désir
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus parle de son désir intense et angoissé de réaliser dans le temps, la mission que le Père lui a confiée.
Naturellement, lorsque le Christ parle de division, de « haine », il ne l’entend pas de la même façon que nous, c’est-à-dire un sentiment pervers contre quelqu’un mais le détachement total de soi pour faire place à l’Amour. Le Fils de Dieu a le désir d’allumer le feu de l’amour sur la terre. C’est le feu du Saint Esprit donné à la Pentecôte, le feu qui fait la vérité, le feu purificateur du jugement de Dieu, feu d’Amour miséricordieux qui sauve le monde. Cet amour-là exige d’être choisi, il abhorre la tiédeur ou l’indifférence. Si nous passons devant un feu allumé, nous en ressentons la chaleur. Le Christ est le feu allumé, qui réchauffe et renouvelle, et qui rend capable d’aimer et de servir l’homme, notre prochain avec un amour divin. Pour renouveler la fragile et malade famille des hommes, la saleté qui barbouille le corps, obstrue la bouche les oreilles et suffoque les cœurs, doit être incinérée par le feu spirituel que Jésus est venu allumer. Ce feu n’est pas seulement la destruction du mal, mais il est salut du bien, feu de sainteté. Le Christ nous  donne un feu qui ne s’éteint pas, qui vient du ciel, c’est le feu de l’Esprit du Christ. Un feu de l’Esprit qui renouvelle la face de la terre et la rend en une expression lumineuse et chaude de la présence divine entre nous.
 
Angoisse
Toujours dans l’Evangile d’aujourd’hui, le Christ parle aussi de son angoisse. Notre vie présente est toujours une lutte entre le désir du bien et l’angoisse du mal, entre la paix et les choix difficiles. C’est un conflit que nous sommes appelés à vivre avec discernement, en sachant que toujours, en chaque jour de notre vie, nous sommes appelés à choisir ce qui est juste, même s’il y a un coût à payer.
Mais pourquoi Jésus parle d’angoisse? Le Christ nous dit qu’Il est dans l’angoisse, parce qu’il sait que ce feu sera allumé et partagé à travers sa mort sur la Croix. Jésus est angoissé parce qu’il sait que ce feu vient d’un baptême, d’une eau qui jaillit de Lui sur la croix. La croix est le creuset capable de nous transformer en témoins (en grec : martyrs) qui suivent le Christ, le martyre par excellence. Dans le cœur de l’Eglise le cœur du Christ bat : l’angoisse et le désir ardent qui l’ont poussé à témoigner dans l’urgence sur la vérité, poussent les apôtres et tous les chrétiens à annoncer l’Evangile.
 
Division ou paix ?
Le feu du Christ est capable de s’étendre sans faire les dégâts d’un incendie. Il crée des liens chaleureux avec un vif échange animé : un feu de vie et de paix. La paix de Jésus repose sur l’amour désintéressé et libre qui se donne gratuitement. A ce point, une question spontanée nait : « Pourquoi, si le Christ est le Prince de paix, dit qui est venu porter la division et non la paix? ».Cette contradiction naît non pas parce que Jésus est venu pour porter la division et la guerre dans le monde, mais parce que la division et le contraste naissent inévitablement de sa venue à cause du fait qu’il met les personnes face à la décision. Et devant la nécessité de se décider, la liberté humaine réagit différemment et de façon contradictoire. La parole du Rédempteur et sa propre personne font ressortir tout ce qui est caché au plus profond du cœur humain. Le vieux Siméon l’avait prédit en prenant dans ses bras l’enfant Jésus : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre » (Lc 2, 34-35). Le Christ sera  la première victime de cette contradiction, le premier à souffrir de l’ « épée » qu’ il est venu porter sur la terre. Ce sera Lui qui en ce conflit perdra la vie pour nous donner la Vie.
 
Ne craignons pas d’être fidèles car le feu de l’amour de Dieu ne pourra être éteint par aucune violence, aucun fanatisme.
AMEN.
 
Michel Steinmetz