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lundi 3 janvier 2011

Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 7 novembre 2010

Contexte passionnant, contexte bouillionnant, contexte polémique dans lequel nous plonge la page de l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre. La liturgie de ce dimanche nous fait méditer, quelques jours seulement après nous être particulièrement souvenus de nos défunts, le mystère de la résurrection, mystère sur lequel achoppent aujourd’hui nombre d’hommes et de femmes, voire de chrétiens.
Nous avons parfois l’impression que ce qui concerne la foi est tombé d’un bloc du haut du ciel, tel un paquetage bien ficelé, sorte de météorite du « donné révélé » ; nous oublions que, quand Dieu se révèle, il passe toujours par des médiations humaines : la voix des prophètes, des évènements porteurs de sens et perçus comme tels, le cœur d’un chacun et son propre Fils, Jésus, homme parmi les hommes et parfaite image du Père.
Alors nous appréhendons l’Ancien Testament comme un tout, mais il faudrait nous souvenir qu’il est la trace de la Parole de Dieu au long de plusieurs siècles d’histoire du peuple élu. De même le Nouveau Testament, tout en nous relatant la vie et l’action de Jésus, la genèse des premières communautés chrétiennes, est la confession de foi de ceux qui l’ont écrit ; il est un témoignage inspiré par l’Esprit-Saint : ce Jésus, que nous avons côtoyé, est mort et ressuscité – nous pouvons l’affirmer en toute bonne foi, nous en sommes les témoins – et il réalise les promesses faites à Israël.
Laissons-nous conduire par les lectures et découvrons que Dieu se révèle petit à petit aux hommes avant de se donner parfaitement et pleinement en son Fils. Dieu agit en quelque sorte en pédagogue averti, nous faisant avancer pas à pas sur le chemin de la foi.



I.- La conscience de la résurrection des morts.

La première lecture rapporte la période de la persécution orchestrée par Antiochus Epiphane, un peu moins de deux siècles avant Jésus-Christ. Témoin capital, pourtant, que ce texte dans l’histoire de la Révélation, puisqu’au cœur même de la persécution semble surgir la conscience d’une possible résurrection d’entre les morts. Les quatre frères posent chacun un jalon :
a. Dans un contexte de persécution se pose d’abord la question du sort du juste, de celui qui reste fidèle jusqu’à la mort aux lois des pères.
b. Les lois sont celles du Roi du monde. La fidélité s’exprime ultimement envers Dieu. Et si mourir c’est rejoindre les pères, n’est-ce pas aussi rejoindre Dieu ?
c. Mais encore : qui suis-je sans mon corps ? Si la vie d’ici-bas m’est arrachée, n’est-ce pas avec le corps qu’elle peut être redonnée ?
d. Puisque c’est la fidélité aux lois de Dieu qui permet d’échapper au Shéol, au monde de la mort, ceux qui refusent ses lois refusent du même coup la vie éternelle avec Dieu.Ces jalons posés par les quatre frères reprennent ce que le prophète Daniel avait un peu plus tôt encore. Au temps de Jésus, la question n’est toujours pas réglée et la résurrection des morts n’est pas acceptée par tous les Juifs. Certains y croient, d’autres s’y opposent formellement. Toujours est-il que ces jalons nous permettent aujourd’hui d’affirmer dans le Credo : J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ».

II.- Jésus, pris à partie dans la polémique.

Contrairement aux Pharisiens, l’attachement des Saducéens à la seule Torah (le Pentateuque, composé des cinq premiers livres de la Bible) leur fait réfuter ce que le développement biblique seul a découvert : la résurrection. Les Saducéens sont restés figés à un moment de la Révélation.
Pour eux, la question de la veuve aux sept maris successifs est une vraie question : si la vie se poursuit après la mort, les institutions ne se poursuivent-elles pas ? La Genèse affirme qu’homme et femme ne forment plus qu’une seule chair. Aussi, ceux qui sont unis sur la terre ne doivent-ils pas l’être dans la vie éternelle ? Les Saducéens, en posant ce cas d’école à Jésus, espèrent le faire tomber dans la polémique et le ridiculiser.
La réponse du Christ ne laisse pas de surprendre : on ne se marie pas dans la vie éternelle parce qu’on ne peut plus mourir… Comment mieux affirmer que la visée du mariage comme sacrement n’est autre que de vivre la vie avec Dieu ? Les époux vivent entre eux ce qui devrait être une anticipation de l’amour vrai et désintéressé de Dieu… Et si dans sa réponse, Jésus ne peut s’appuyer sur le prophète Daniel, sans autorité pour ses adversaires, il se fonde sur les cinq premiers livres bibliques, parole de Dieu incontestée pour n’importe quel juif : si Dieu s’est fait l’ami des patriarches, c’est pour toujours. « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, car tous sont vivants pour lui ».


Méditer sur la résurrection consiste moins à méditer sur notre propre fidélité que sur la fidélité même de Dieu à sa promesse. Croire en la résurrection, c’est croire au sérieux de la promesse, de la fidélité de Dieu. Ne nous laissons pas distraire aujourd’hui par les sollicitations diverses de notre monde et par la pluralité de croyances !
« Je crois en seul Seigneur Jésus-Christ. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures. J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. »

AMEN.

Michel Steinmetz †

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