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lundi 3 janvier 2011

Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 14 novembre 2010

Dans la Grèce antique, une femme, la Pythie, prononçait des oracles à qui venait la trouver. Paroles étranges et confuses, exprimées au sanctuaire de Delphes, à l’abri de tous les regards, derrière un rideau. Il fallait un prophètès pour traduire ces mystérieux oracles dans un langage intelligible. C’est de ce terme grec que proviennent les mots « prophète » et « prophétie ». Un homme dont la fonction était de rendre compréhensible des termes étranges venant du monde de dieux.
Ceux que nous appelons les « prophètes » et qui, au cours de l’Ancienne Alliance, n’ont cessé d’interpeller leurs contemporains, parfois de manière étrange à nos oreilles, ont pareillement remplie cette fonction de rendre perceptible et audible des messages venant de Dieu lui-même. Ils sont les médiateurs de cette parole qu’ils portent et expliquent.
Nous employons le terme « prophète » pour nous référer à des personnages que la Bible, en fait, désigne par des titres très différents : « voyant », « visionnaire », « homme de Dieu ». Ainsi, le prophète est celui qui est capable de voir des choses que tous ne voient pas ou est celui qui, encore, pose des gestes de la part de Dieu, allant jusqu’à pouvoir guérir.
Jésus, qui annonce la déchéance et la ruine du Temple, n’est-il pas un prophète ? Pour découvrir qu’Il est bien plus encore qu’un prophète, nous allons, dans un premier temps nous arrêter à la mission du prophète.

I.- La mission du prophète.

Qu’il soit désigné comme voyant, visionnaire ou homme de Dieu, le prophète vit toujours son activité sous la modalité d’une mission. Il n’agit pas de son propre chef : il est envoyé, envoyé pour annoncer et servir une parole qui le dépasse et qu’il reçoit de Dieu. Il ne parle pas en son nom propre, mais commence et achève toujours son discours avec des formules comme « oracle du Seigneur », « ainsi parle le Seigneur »… Si ce langage peut nous paraître curieux en ce XXIème siècle, il faut nous rappeler que la source principale de connaissance des prophètes était la vie elle-même. Ainsi, s’expriment-ils en jetant un regard sur des faits et des pratiques qui les amènent à prendre parole dans le présent pour inviter leurs auditeurs à changer de conduite, à revenir vers Dieu et à se tourner vers Celui qui vient.
a. Une mission qui prend racine dans le passé. Quand il dénonce un mal, le prophète sait ce que savent ses contemporains : le meurtre de Nabot est inique, une alliance militaire avec l’Egypte se prépare, les petits paysans spoliés de leurs terres sont réduits à se vendre en esclaves, on commet l’injustice tout en visitant pieusement les sanctuaires…
b. Une mission qui les amène à prendre parole de manière vigoureuse.
La révélation de Dieu consiste à faire voir et à faire entendre ce que tout le monde sait mais qu’on ignore volontiers, à faire sentir au peuple combien de tels actes sont à l’opposé de la volonté de Dieu et de la logique de l’Alliance. Alors la parole du prophète dérange, car toute vérité n’est pas bonne à dire. Mais il la dit, cette vérité. Et il se heurte à l’opposition des puissants dont il ébranle le pouvoir.
c. Une mission tournée vers l’avenir. Les prophètes annoncent un avenir de paix et d’espérance. Ils exhortent les croyants, les mal-croyants à se préparer au retour du Seigneur. « Voici que vient jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. […] Mais pour vous qui craignez mon Nom, le Soleil de Justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement », dit Malachie. Pour être prêt, il faut changer de conduite, revenir à l’Alliance, poser des actes et des paroles qui sont en accord avec la foi que l’on professe.

II.- Jésus, à la fois prophète de Dieu et accomplissement de l’attente des prophètes.

Les autorités juives et le peuple se sont demandé : quel est ce prophète « puissant par ses paroles et ses actes » ? Car l’action de Jésus rappelle celle d’Elie ou d’Elisée, sa parole et l’effet qu’elle produit rappellent les prophètes du passé, lui-même s’y compare. Mais, si Jésus appelle à la conversion et à l’accueil du temps de Dieu, Il ne dit plus : « ainsi parle Seigneur » ou « oracle du Seigneur » ; Il dit : « En vérité, en vérité, JE vous le dis ». Il invite à le suivre et à croire en Lui. Ce qu’Il annonce le concerne lui-même.
La beauté du Temple, reconstruit par Hérode le Grand et à peine achevé à cette époque, est resplendissante. Plusieurs prophètes ont jadis annoncé la ruine du premier Temple pour signifier que le Seigneur dénonçait l’alliance que son peuple avait rompue avec lui ; ces menaces avaient alors provoqué un scandale. Jésus, lui, annonce la ruine du Temple parce qu’Israël refuse de voir en Lui l’Envoyé de Dieu. Il annonce de même l’imminence du Règne de Dieu, dont l’instauration sera précédée par bien des « guerres et des soulèvements ». Il nous invite à ne pas nous laisser effrayer ni subjuguer par les faux-prophètes. Le moment est arrivé, nous disent-ils, pourtant Dieu seul connaît l’heure. Alors Jésus nous dit qu’il faut se tenir prêt, car il est déjà là, le temps de Dieu.
De même, nous devons nous laisser aller à une certaine insouciance, pas celle, bien sûr, qui consiste à vivre sans penser à ce Jour où Dieu reviendra juger les vivants et les morts, mais celle qui nous fait ne pas craindre de témoigner, jusqu’au témoignage ultime, celui du martyre. « Mettez-vous en tête que vous n’avez pas à préparer votre défense. Car moi, je vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction ». Mettez-vous en tête que plus vous serez fidèles à ma parole, plus vous vivrez unis à moi, dans la contemplation et la prière, plus vous serez libérés de la peur et plus la force de l’Evangile jaillira de vous…

« C’est par persévérance que vous gagnerez la vie ». Le message des prophètes, le message de Jésus nous atteint parce qu’il nous met face à nous-mêmes, tel un miroir. La Parole de Dieu, parole de vérité, « est plus acérée qu’un glaive à deux tranchants », dit le psaume ; elle tranche dans le vif de notre faiblesse, de notre péché. Nous pouvons faire celui qui n’entend rien parce qu’il ne veut rien entendre, ou nous pouvons persévérer. Alors nous gagnerons la vie et le Soleil de Justice se lèvera sur nous et nous illuminera.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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