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lundi 3 janvier 2011

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent (A) - 12 décembre 2010

Au milieu de l’Avent, les trois lectures de ce dimanche de la joie – Gaudete – nous parlent aussi de patience, comme si la patience était une des composantes de la joie annoncée, joie du salut : « ils reviendront les captifs rachetés par le Seigneur », joie du retour à Jérusalem : « ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie ».
Bien souvent, cette patience nous fait défaut. Nous n’avons ni ne prenons plus le temps d’attendre, dans un monde où tout va de plus en plus vite, où l’urgent est la seule modalité du faire. La production industrielle est gouvernée par la loi nouvelle du « juste à temps » et notre vie, de plus en plus, par celle du « tout tout de suite ». Alors quand Jésus nous exhorte à la patience et à l’attente de la terre nouvelle quand Il reviendra dans sa gloire, nous avons du mal à faire nôtre les propos de saint Jacques et à accueillir sa modération. Quoi qu’il en soit, ce temps d’Avent nous demande, comme Jean le Baptiste l’a fait lui-même, de lire les « signes des temps », ces signes qui traduisent la présence du Seigneur à nos côtés, signes annoncés par les prophètes et qui, sous nos yeux se réalisent, pour peu que nous prenions le temps et l’ouverture du cœur indispensables à leur réception.
Ainsi, quand nous guette la tentation de tout vouloir tout de suite, la patience est plus que jamais d’actualité, patience qui nous fait discerner la présence agissante du Seigneur, ici et maintenant.

I.- La tentation du « tout tout de suite »

Les fêtes de Noël, qui approchent à grands pas, nous font volontiers rêver… Rêves nostalgiques et enfantins d’un monde de lumière, de bonheur, de paix… Rêves confrontés, cependant, à la dose quotidienne d’évènements dramatiques qui nous fascinent : catastrophes, tremblements de terre, famines, guerres, conflits, révoltes, brefs toute une série de malheurs singuliers et tragiques que les hommes se répètent et redoutent et qui marquent implacablement le cours des sociétés, l’histoire de l’humanité. Dans cet arrière-fond, flotte dans les esprits une promesse, celle qu’un jour tout cela s’arrêtera. Les rêves enfantins font le rêve de ne pas être que des rêves… Nous disons bien : après l’hiver, le printemps ; après la pluie, le soleil… Demain viendront des jours meilleurs, d’aucuns disent « paradisiaques ». Cette espérance, chevillée au corps de l’humanité, est à la fois critiquée et confortée par la vision que nous en avons reçue de la Bible et de l’enseignement de Jésus. Cette histoire, faite de nos rêves et de tant de cruautés, ne finit pas avec notre dernier soupir. L’histoire des hommes s’achève au-delà du visible. Elle ne rentre pas dans les catégories de l’urgent, du « tout tout de suite »…

II.- Saint Jacques et sa modération.

Nous sommes fascinés par le cours des événements, avides de savoir ce qui va se passer, avides de le vivre tout de suite. Ce qui nous intéresse, c’est la logique de l’horoscope. Et par l’imagination, nous voulons à tout prix accélérer le cours des choses. Nous nous y lançons d’une manière plus scientifique avec les prévisions météorologiques, les projections statistiques… Quand nous parlons de la venue du Seigneur, saint Jacques nous dit : « ayez de la patience » ! Saint Pierre lui-même, dans une de ses lettres affirme que si le Seigneur semble tarder à nos yeux, c’est parce qu’il veut qu’aucun de nous ne soit perdu !
Comme le cultivateur, nous ne pouvons tirer sur les plantes pour les faire mûrir plus tôt. Il nous faut attendre. Et cette attente est marquée par la persévérance et notre fidélité. L’essentiel est la manière dont nous, disciples du Christ, nous réagissons et vivons le cours des événements avec la marge de liberté qui relève de notre responsabilité. Vivons de l’Esprit à l’œuvre en nous et qui, déjà, nous donne part à la résurrection dans notre vie encore mortelle. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Evangile ne nous livre pas la suite des évènements comme des prédictions.

III.- Jean-Baptiste et Jésus nous invitent à lire les signes des temps.

Etre patient, dans le langage de l’Evangile, c’est prendre le temps de se préparer à accueillir mieux encore le Seigneur, c’est prendre le temps de reconnaître, dans la foi et la prière, sa présence au milieu du tragique même de notre histoire. En entendant ce que Jésus faisait, Jean va lui faire demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Es-tu celui que les prophètes ont annoncé ? Es-tu l’Envoyé de Dieu ? Jésus répond en l’invitant à regarder autour de lui. les signes parlent d’eux-mêmes. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les morts ressuscitent. Les signes sont les mêmes que ceux promis par Isaïe. Ils sont la puissance de la vie et de la résurrection. Ils transpirent du Fils de Dieu ! Ceux qui étaient aveuglés par leur égoïsme s’ouvrent à Dieu et à leurs frères ; ceux qui boitaient sur le chemin d’une vie juste marchent sur les routes du partage ; ceux qui avaient leurs oreilles fermées à la Parole de Vie en vivent et en témoignent ; ceux qui étaient dans leur péché reviennent à la Vie par la puissance du Pardon !
Nous est-il interdit de voir ces estropiés, ces borgnes, ces morts en nous ? Nous est-il, de même, interdit de contempler notre renaissance en Christ ? Nous est-il interdit de voir le Seigneur au milieu de nous quand, en ces temps, la générosité se manifeste quand on sert des repas chauds partout en France parce qu’on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid ?

Si tels sont les signes de la présence de Dieu et de la venue du Royaume, Isaïe prend le soin de lancer cet appel à ses auditeurs : « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent :"prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu…" ». Alors, alors seulement, parce que contribuant nous-mêmes à l’œuvre du Messie, les boiteux marcheront, les aveugles verront, les sourds entendront. Nous accueillons le Messie en nos vies, et nous posons, par nos gestes, les signes de sa présence aux yeux du monde. Telle soit la grâce de cet Avent béni.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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