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lundi 3 janvier 2011

Homélie de la Nativité du Seigneur (messe de la nuit) - 24 décembre 2010



Alors que nous vivons dans une société encore riche mais impitoyable, une société marchande où tout s’achète et se vend, où l’on apprend aux jeunes que la vie ne leur fera pas de cadeau, qu’il faudra se battre, que la compétitivité sera parfois féroce... - voilà que tout d’un coup, pour quelques jours, nous basculons dans une nouvelle attitude. Nous achetons pour offrir à d’autres ! Nous passons d’une économie marchande à une économie du don.
Et vous le remarquez, les mines d’habitude renfrognées deviennent souriantes ; le quant-à-soi devient convivialité ; au lieu de s’enfermer dans son nid douillet, on s’embrasse en échangeant les paquets et on partage gaiement un repas bien arrosé. Et nous sommes heureux...comme si nous faisions l’expérience que nous retrouvons enfin, en ce moment, notre véritable mode de vie !
Magie de Noël ! ...Oui mais hélas qui a ses limites. Ces rencontres ont un prix, elles demandent beaucoup d’argent ; elles ne sont partagées très souvent qu’entre parents et amis choisis ; on sait bien que le don que l’on fait sera suivi d’un retour et qu’il y aura échange de bons procédés ; et puis cela ne durera que quelques jours. Après Noël et Nouvel An, la vie ordinaire reprendra avec ses luttes acharnées dans l’affrontement des égoïsmes et la peur du lendemain. Les papiers cadeaux rempliront les poubelles avec les pauvres sapins tout déplumés. Et le sans-logis sera toujours là, assis au coin de la rue, tendant son gobelet aux côtés de son chien au regard triste.

I.- Pour que la fête soit parfaite

Nous avons mis beaucoup d’énergie, pour certains beaucoup de moyens, à ce que la fête de ce jour soit la plus réussie possible. Le moindre détail aura sans doute été soigné. Comme tous les ans, on ne peut rien y faire, il y a eu le stress des préparatifs, stress mêlé de joie, de rêves, d’excitation.
Le temps de l’Avent nous aura entretenus dans cette attente. Tout au long des quatre semaines, les paroles des prophètes ont retenti au cours de nos liturgies : « Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route : », « relevez-vous, redressez la tête car votre rédemption approche ! », « le Seigneur vient ! ». Autant d’appels entendus et priés. Mais finalement, qu’en avons-nous fait ! Certes nous nous sommes préparés à la venue du Christ. Notre fête réussie en témoigne.
Mais les fêtes terrestres sont belles, nécessaires mais elles ne comblent pas le cœur. Pourquoi ? Parce qu’elles ne durent qu’un temps et surtout parce qu’elles n’entraînent pas tout le monde dans la joie ! Il y a toujours des laissés-pour-compte, des exclus, des gens abandonnés à leur solitude ou enfermés dans leur maladie. Les rengaines ne consolent pas celui qui souffre ; les guirlandes de lumière et les chansonnettes ne réconfortent pas la détresse du désespéré. C’est pour le paganisme que Noël est une « magie », une exultation éphémère. Mais il s’agit là d’une dérive, d’une caricature de la fête.

II.- Une fête d’anniversaire

La raison même de notre fête, c’est un anniversaire. Le savez-vous encore ? Celui de Jésus. Et n’avez-vous pas oublié, au milieu de tous les préparatifs, de l’inviter à sa propre fête ? Pourtant, cet anniversaire, nous le célébrons année après année, depuis plus de deux mille ans. C’est dire qu’il est particulier. Nous ne faisons donc pas que de nous réjouir de la venue au monde d’un enfant, si beau soit-il, si émouvantes que soient les conditions précaires de sa naissance. Cet enfant est le Fils de Dieu, la Parole vivante de Dieu au cœur de l’existence humaine. En lui sont réalisées toutes les promesses de Dieu et toutes les attentes des hommes.
Noël est cadeau d’anniversaire, oui, mais un cadeau d’une grandeur incommensurable. Un cadeau qui n’est pas une chose mais « quelqu’un ». Dieu nous « donne son fils Jésus ». Noël est le temps de la grâce de Dieu, la révélation de l’amour gratuit, de l’amour total. Il nous offre non une chose bien emballée dans un papier de luxe mais un enfant nu. Aucun risque que ce don soit repris : Jésus est donné aux hommes pour toujours.

III.- La grâce d’une proximité

Toute l'existence humaine est animée par ce profond sentiment, par le désir que ce que nous avons entrevu et perçu de plus vrai, de plus beau et de plus grand avec notre esprit et notre cœur, puisse venir à notre rencontre et devant nos yeux devienne concret et nous apporte un réconfort. Saint Irénée, au IIème siècle, affirmait déjà qu’avec l'Enfant Jésus, Dieu nous appelle à la ressemblance avec lui-même. Il s'est donné, Il s'est donné dans nos mains pour que nous puissions l’imiter et lui ressembler. Certes l'homme ne voit pas Dieu, il ne peut pas le voir, et ainsi, il est dans l'obscurité de la vérité, de lui-même. Mais l'homme qui ne peut voir Dieu, peut voir Jésus. Et ainsi, il voit Dieu, il commence à voir la vérité, il commence à vivre.
Nous devons nous habituer à percevoir Dieu, y compris au cœur de notre fête ce soir. Dieu est normalement éloigné de notre vie, de nos idées, de notre action. Il est venu près de nous et nous devons nous habituer à être désormais avec Dieu. Et saint Irénée ose dire avec audace que Dieu aussi doit s'habituer à être avec nous et en nous. Dieu devrait peut-être nous accompagner à Noël, nous habituer à Lui, comme Il doit s'habituer à nous, à notre pauvreté et à notre fragilité. La venue du Seigneur ne peut donc avoir d'autre but que celui de nous enseigner à voir et à aimer les événements, le monde et tout ce qui l'entoure, avec les yeux mêmes de Dieu. Le Verbe fait enfant nous aide à comprendre la manière d'agir de Dieu.

Que l'Enfant Jésus, en venant jusqu'à nous, ne nous trouve pas préparés uniquement occupés à rendre la réalité extérieure plus belle. N’oublions pas de le convier à sa propre fête ! Que le soin que nous mettons à rendre plus resplendissante notre joie nous pousse encore davantage à prédisposer notre âme à rencontrer Celui qui viendra nous rendre visite, qui est la véritable beauté et la véritable lumière. Alors Noël ne sera pas qu’une fête, qu’un anniversaire, ce sera pour tous et chacun un temps de grâce et de bénédiction !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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