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lundi 3 janvier 2011

Homélie de la solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour) - 25 décembre 2010


La vérité n’est pas toujours bonne à dire, prétend le dicton. En ce jour de Noël, nous pourrions le transformer en reconnaissant également que la vérité n’est pas toujours bonne à vivre. Elle peut faire mal, très mal. Nous ne sommes pas toujours prêts à l’affronter en temps normal. Alors à Noël, elle nous saute aux yeux. Elle est là dans sa pureté. Nous ne pouvons plus nous mentir à nous-mêmes. Un peu comme si le temps s’était arrêté. L’absence, la solitude, les relations compliquées sont plus difficiles à vivre un jour comme celui d’aujourd’hui. Ceci nous montre que Noël n’est pas un jour comme les autres. Il y a quelque chose de différent.
Sommes-nous émerveillés par l’enfant à la crèche ? Sommes-nous envahis de cette lumière divine ? Tout au long de cette fête, nous découvrons, redécouvrons en nous cette force intérieure d’espérance comme si tout devenait à nouveau possible. Quoiqu’il en soit, personne ne semble rester indifférent face à un tel événement, même si pour beaucoup Noël est d’abord devenu une fête de famille avant d’être un souvenir de quelque chose d’exceptionnel qui s’est produit il y a deux mille ans et qui a transformé notre humanité entière : la mise au monde de Dieu, la mise à l’humain de Dieu.

I.- Dieu a choisi de partager notre condition

Dieu s’est fait l’un des nôtres. De manière étonnante il est vrai comme le relate le récit de saint Jean que nous venons d’entendre. Le Verbe s’est fait chair. Dans l’expérience indicible de la foi, y a-t-il plus belle phrase que celle-là ? Le Verbe s’est fait chair. Quel contraste avec la fragilité de l’Enfant de la crèche ! Ce matin, la liturgie nous invite à sortir du sentiment, de la belle histoire d’une naissance au cœur de la nuit pour nous ouvrir à la grandeur du mystère de Noël.
Le Verbe éternel de Dieu s’est fait chair. Vivre avec cette conviction intime que Dieu a choisi de partager notre condition humaine. Que la vie vaut à ce point la peine d’être vécue, qu’il a décidé de l’incarner. Que notre corps est la plus belle enveloppe que nous ayons reçue pour accomplir notre destinée même si au cours des siècles des penseurs en mal d’existence vont voir en celui-ci un lieu de misère. Noël nous rappelle que tout être humain dans son corps et dans son âme et ce quelle que soit sa condition physique, intellectuelle, sociale et j’en passe, est la plus belle réalisation de Dieu.

II.- Dieu vient au monde

C’est sans doute pour cette raison que ce dernier a choisi de l’inhabiter le temps d’une existence terrestre. Mais il y a plus que cela, Dieu s’est non seulement fait chair, mais il a habité parmi nous. Ce qui reviendrait à dire que Dieu a « déménagé ». Il a quitté son Ciel pour venir sur notre terre. Il n’avait pas pris grand-chose avec lui. Aucun carton, aucune valise. Juste sa divinité. Cela n’a d’ailleurs pas semblé trop lourd à porter puisqu’un tout petit bébé a pu la transporter.
Dieu s’est fait donc proche, c’est-à-dire qu’il s’est fait le prochain de ses créatures. Lui qui jusqu’à ce jour nous semblait tellement éloigné, inatteignable, voilà qu’il fait de nous son prochain, non pas celui qui est loin de lui mais celui de qui lui a choisi de se faire proche. Dieu vient à nous. Il n’est plus une divinité indéfinissable. Il est une personne, cet enfant, ce tout-petit avec toute sa richesse et sa fragilité. Il est l’un de nous. Et sa mise au monde dépendait entièrement de sa volonté. C’est pourquoi la mise au monde de Dieu n’est pas seulement un événement à commémorer comme un anniversaire. Elle vaut tellement plus que l’admiration devant la douceur d’une crèche.

III.- L’homme vient à Dieu

En effet, Noël est aussi cette invitation permanente à entrer dans une démarche positive de vie. Si Noël est bien la fête de la mise au monde de Dieu, Noël est également la fête de la mise à Dieu de l’être humain. C’est comme s’il fallait changer de perspective. Nous avons tendance à ne voir les choses que d’une manière : Dieu aurait habité la terre. Mais, à Noël, Dieu offre à l’homme de faire le chemin inverse, c’est-à-dire d’avoir le ciel comme horizon. Par l’incarnation du Fils, nous partageons une condition humaine commune empreinte de divinité dans l’Esprit. En étant l’un des nôtres, nous sommes devenus un peu de Lui. La distance nous séparant l’un de l’autre est à ce point infime. En d’autres termes, nous sommes les prochains de Dieu tellement celui-ci s’est fait proche de nous puisqu’il inhabite en nous. C’est cela la mise à Dieu de tout homme, de toute femme.
L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue d’agir par notre intermédiaire.

Dieu s’invité dans notre famille humaine. Par le mariage de Noël, notre famille est devenue celle de Dieu. Désormais nos routes sont indissociablement mêlées. Quelles que soient nos existences, nos pauvretés, nos lâchetés, Dieu n’est plus loin. Il est tout proche de nous. En chaque être humain, même le plus faible, le plus meurtri, même dans la vie à venir ou la vie qui s’achève, Dieu demeure présent et fait de chacun de nous une créature sacrée. Par l’événement de Noël, la mise au monde de Dieu a conduit à la mise à Dieu de l’être humain. Telle est la vérité de cette fête. Dans la joie de cet enfant-Dieu, il ne me reste alors qu’à vous souhaiter un Joyeux Noël.

AMEN.
Michel Steinmetz †

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