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lundi 3 janvier 2011

Homélie de la solennité de l'Epiphanie - 2 janvier 2010

C’est l’étymologie du mot qui nous renseigne le mieux sur la nature de la fête de ce jour : « épiphanie » signifie « manifestation ». Pour l’Eglise d’Occident, et comme le rappelle l’antienne des Vêpres, on célèbre en effet la triple manifestation du Seigneur aux païens : dans la visite des mages, dans le baptême au Jourdain et dans le miracle de Cana. Il ne peut guère y avoir de fête de Noël sans épiphanie, de venue du Christ en notre monde sans confession de foi !
« En entrant dans la maison, les mages virent l’Enfant avec Marie, sa Marie ; et tombant à genoux, ils se prosternèrent devant Lui. Ils ouvrirent leurs coffrets et Lui offrirent leurs présents: de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (Mt 2, 10-12). Ils arrivent enfin au but de leur long voyage. Ils se prosternent devant Jésus et l'adorent. Avec la courtoisie si délicate des Orientaux, ils ne viennent pas les mains vides. Les présents qui lui sont apportés sont une triple confession de foi : or, encens et myrrhe pour dire sa royauté, sa divinité, sa puissance sur la mort. Ils renvoient, de même, à trois grands aspects de la foi des chrétiens : la grâce, l’alliance et le mystère.

I.- L’or.

L'or est la grande, la véritable idole des hommes de tous les temps. L'or fascine et éblouit les hommes. Son symbolisme est clair : idoles en or – pensons au veau d’or fabriqué par les Israélites au désert - monnaie d'or, lingots d'or, et les biens qu'il procure : la volonté de puissance, la soif de pouvoir, la cupidité.
L’or nous renvoie à ce mot-clé de la foi chrétienne qu’est la grâce. Il ne nous est plus nécessaire d’apporter nos richesses à un Dieu tel que le nôtre pour nous concilier son amitié et sa proximité, ni pour dire sa grandeur. Si l’or des puissants traduit leur capacité de régner en maître sur les moins riches et leur soif de domination, la toute-puissance du Dieu de Jésus-Christ, quant à elle, se donne à voir dans la force de son amour, un amour qui va jusqu’à épouser la condition des plus petits de notre terre, un amour, encore qui ne saurait faire de sélection ou procéder par exclusion.
Nous-mêmes aujourd’hui, nous n’allons pas à la crèche déposer notre or, nous allons bien plus offrir au Roi des rois, à l’Enfant-Dieu, l’or de notre cœur. Le présent que nous pouvons lui faire, c’est de répondre à son amour par un amour pur et libéré des entraves de notre soif de posséder, de dominer, d’écraser l’autre par nos biens matériels ou notre suffisance. Cet amour n’est pas hors de notre portée : nous en sommes rendus capables par la pure grâce de Dieu.

II.- L’encens.

L'encens est l'un des ingrédients indispensables pour rendre un culte à la divinité. Tous les prêtres païens ou juifs, les chrétiens aujourd'hui, faisaient et font encore brûler de l'encens devant l'autel. Au Temple de Jérusalem, l'encens brûlait sans cesse sur l'autel des Parfums. Il est le symbole de la prière montant vers le ciel, et de l'adoration de l'homme. Alors, quand les mages se prosternent devant Jésus, eux les païens, reconnaissent qu’Il est le Fils de Dieu. Il est Celui qui a le pouvoir d’exaucer toute prière qui monte vers Lui, telle la fumée de l’encens.
Reconnaître ainsi en cet Enfant le Dieu-fait-homme est le fruit d’une démarche de foi. Les mages païens font, par la seule grâce de Dieu, parce qu’ils ont accepté de se laisser déplacer - physiquement à la suite de l’étoile, et spirituellement en leur cœur - le pas de la conversion. Ils prennent place dans l’Alliance. L’encens offert marque leur disponibilité et témoigne de leur foi en ce Dieu de l’Alliance ainsi révélé à Noël.
Nous-mêmes aujourd’hui, l’encens que nous pouvons offrir à Dieu dans nos liturgies est et doit être le symbole de notre foi confiante. Nous savons que le Dieu venu partager nos routes en humanité est aussi Celui qui ne reste pas insensible à notre prière. Offrons au Dieu de l’Alliance notre disponibilité, comme l’encens en est la marque !

III.- La myrrhe.

La myrrhe et l'encens brûlaient ensemble au cours des sacrifices du Temple. Mais la myrrhe a un symbolisme bien spécifique. En effet, elle a cette propriété d'exhaler une odeur délicieuse au contact de la peau. D'où son symbolisme d'amour délicat et profond. C’est pour cette raison qu’elle était un des ingrédients nécessaires à l’embaumement des corps.
Présent mystérieux et terrifiant, à la fois, puisque désignant en ce nouveau-né, celui qui ira jusqu’au don suprême de sa vie par amour. Les mages nous invitent à aller au cœur de la foi et de son mystère, en son centre le plus profond et le plus précieux : Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous. Voici alors qu’à l’épiphanie se dit la foi pascale et que se dévoile aux yeux des nations païennes et à nos yeux la grandeur du projet divin. Oui, nous avons bien raison de le chanter à la messe : « Il est grand le mystère de la foi ! ». Les mages, eux, l’ont bien compris…
Nous-mêmes aujourd’hui, quel plus beau présent que notre foi pourrions-nous offrir à l’Enfant ? « Nous rappelons ta mort, Seigneur, Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ! ». Foi qui se traduit dans le quotidien le plus anodin et qui donne sens à notre existence par la puissance de l’espérance et la force de l’amour, "Bonne Nouvelle" qui pourrait nous accompagner –n’est-ce pas ?- tous les jours de cette année qui s’ouvre à nous ?

Auparavant symboles de l'idolâtrie et du culte rendu aux idoles, voici, par un acte de foi total, l'or, l'encens et la myrrhe, consacrés au Dieu Vivant et nous renvoyant aussi à ces trois termes fondamentaux de notre foi : la grâce, l’Alliance et le mystère.. L'or ne doit plus être une idole, mais doit être au service du Seigneur et des hommes de bonne volonté. L'encens et la myrrhe ne doivent plus brûler devant les idoles, mais devant Dieu. Rendons Gloire à Dieu pour la Lumière de l'Épiphanie. Et fêtons-la dignement nous-mêmes dans nos familles. Bonne année à tous à la suite de cette Lumière incomparable !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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