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samedi 8 mai 2010

Homélie du 5ème dimanche de Pâques (C) - 2 mai 2010

Le psaume 144, que nous chantions, il y a un instant, est profondément révélateur du dynamisme spirituel de celui qui entend être un disciple du Christ. Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous propose cette parole biblique en écho à la première lecture, tirée des Actes des Apôtres. Paul et Barnabé sont de grandes figures de l’annonce de la Bonne Nouvelle, figures auxquelles nous sommes toujours redevables, deux mille ans plus tard. Au gré de leur apostolat et de leur mission, ces aventuriers de la foi, ont peu à peu discerné ce à quoi l’Esprit les appelait : porter l’Evangile aux nations païennes.
Aujourd’hui, nous sommes sans doute un peu dans la même situation : il nous faut trouver des chemins toujours nouveaux pour annoncer le Christ, chemins originaux mais toujours fidèles à Celui qui est pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie. Nous nous évertuons à nous exhorter mutuellement et à persévérer vaille que vaille ; nous nous disons qu’ « il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu » ; nous organisons, ré-organisons nos fonctionnements institutionnels pour être plus efficace dans l’annonce de la Parole qui sauve… Parfois, nous « ramons » aussi…
Alors, sans doute, méditer ces paroles du psaume ne sera pas une vaine entreprise. Nous y trouvons comme une méthode et un encouragement pour être disciple du Christ Jésus. Regarder autour de nous est la première des attitudes spirituelles à laquelle nous sommes conviés, puis vient le temps de l’action de grâce, action de grâce qui, enfin, ne pourra être tue mais qui se transformera en une confession de la grandeur de Dieu.

I. – Regarder autour de nous.

La première strophe de psaume reprend l’autoportrait de Dieu du Livre de l’Exode : tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité (Ex 34,6). Il s’agit bien du Dieu qui a fait alliance avec son peuple au Sinaï, mais aussi de celui dont l’amour dépasse les limites de son peuple. Sa bonté est pour tous. Elle ne se mesure pas, tant elle est grande et nos mots humains sont bien faibles pour en rendre un temps soit peu compte.
C’est le constat que dresse le psalmiste. Il en fait l’expérience et découvre que cette expérience ne lui est pas réservée. Dieu est bon pour tous les hommes : il fait lever son soleil sur les bons et les méchants… L’auteur du psaume regarde autour de lui avec les yeux de son cœur et la grâce de la foi. Son regard est comme aiguisé par sa proximité avec Dieu.
Il nous est souvent difficile d’arriver à cette expérience, car, avouons-le, nous nous complaisons plus à relever ce qui ne va pas, à ne retenir que le mal et la souffrance. Pourtant, Paul et Barnabé, tout en disant qu’il faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu, ne cessaient, au cours de leurs voyages auprès des communautés chrétiennes fragiles et en proie à la même tentation que nous, à les encourager parce qu’eux-mêmes faisaient l’expérience de ce que Dieu peut réaliser et de sa puissance à l’œuvre auprès des nations païennes.

II.- Ne pas hésiter à rendre grâce.


Nous serions, ensuite, bien ingrats de constater et de discerner, dans l’honnêteté de notre conscience ce que Dieu fait pour nous et autour de nous et de ne pas en rendre grâce. L’expression est belle : « rendre grâce », rendre au Seigneur en louange, en merci, la grâce qu’Il nous a faite dans son amour. Alors, il nous faut rendre grâce et notre louange prend une dimension universelle, cosmique même. Toutes les œuvres, tous les hommes, tous les fidèles du Seigneur sont appelés à lui rendre grâce.
C’est cette motivation, cet embrasement du cœur qui pousse les apôtres Paul et Barnabé, son compagnon, à aller à Chypre, puis au cœur de l’actuelle Turquie. A Antioche de Pisidie, Paul fait un grand discours à la synagogue dans lequel il déclare : « Nous nous tournons vers les païens ». Alors, ils s’enfoncent dans les terres païennes. A Lystres, Paul guérit un infirme, et, devant le Temple de Zeus-hors-les-murs, tient le premier discours adressé à un public non-juif. Echappant de peu à un lynchage, suscité par des opposants venus des villes voisines, il arrive au terme de ce voyage parmi d’autres, à Derbé.
« Si l’amour de Dieu est un feu, le zèle en est la flamme ; si l’amour est un soleil, le zèle en est le rayon. Le zèle est ce qui est de plus pur dans l’amour de Dieu ». Telles étaient les paroles de Vincent de Paul. Notre monde souffre de sa tiédeur. Que l’expérience de la rencontre avec le Dieu vivant nous entretienne dans ce zèle !

III.- Témoigner de la grandeur et de la bonté de Dieu.

La troisième strophe du psaume, enfin, rappelle la vocation du peuple de Dieu : témoigner au milieu des hommes de la grandeur et de la bonté de Dieu.
Quand Paul et Barnabé partent pour leur premier voyage, ils n’ont pas de mission précise. Luc écrit que l’Esprit-Saint a soufflé sur la communauté d’Antioche l’idée de mettre ces deux hommes à part pour accomplir « une oeuvre ». Mais quelle œuvre ? L’Esprit ne le dit pas. Au cours du voyage, Paul comprend peu à peu de quoi il en retourne. « Raconter tout ce que Dieu a fait pour eux et comment il a ouvert aux nations païennes la porte de la foi », voilà ce qu’il fallait entreprendre.
Bien sûr, chacun de nous n’est pas forcément appelé à une mission aussi édifiante et impressionnante, mais nous pouvons retenir aujourd’hui que Paul et Barnabé n’ont pas refusé de se laisser mettre en route par l’Esprit, ils se sont laissés habiter par lui pour que, par eux, ce soit Lui qui œuvre. Ils n’ont été que les fidèles serviteurs de la Parole qu’ils ont annoncée, parce qu’eux-mêmes avaient pu faire l’expérience et de la grandeur et de la bonté de Celui qui en est l’auteur.

Regarder autour de nous, rendre grâce et témoigner de ce que Dieu fait pour nous : trois attitudes qui nous permettront d’être un peu plus encore disciples du Christ. Nos contrées ne sont pas - ou pas encore – des terres païennes, mais elles ont plus que jamais besoin d’entendre la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Si nous n’en sommes pas les zélés messagers, personne d’autre ne le sera à notre place !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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