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samedi 8 mai 2010

Homélie de la Messe de la Résurrection - 3 avril 2010


Voilà ! Au terme de cette longue veillée traversant toute l’Écriture, l’alléluia de la victoire a retentit ! Le mal n’a pas eu le dernier mot, l’amour a définitivement triomphé : Christ est ressuscité ! Le Christ est vivant et il nous appelle à vivre de sa vie. Christ est ressuscité ! Trois si simples et pourtant si chargés de sens pour nous. On s’habitue malheureusement à tout, disais-je hier en parlant de la croix de Jésus. On s’habitue aussi à sa résurrection. Pourtant, voilà que l’inouï, l’inconcevable à vue humaine fait irruption dans notre humanité marquée par le péché. On croyait que la mort avait inévitablement le dernier mot et que cette blessure du péché inscrite à vif dans notre chair ne guérirait jamais. Pourtant, en Jésus, Dieu nous réconcilie avec lui. Voilà le retournement de l’histoire qui s’opère en cette nuit. Voilà que le « oui » de Jésus est plus fort que la somme de nos « non ». Christ est ressuscité ! Une réalité si déroutante qu’il a fallu à ceux qui en furent les témoins recourir à des expressions banales comme « être réveillé », « être relevé » pour dire cet inconcevable.

L’évangile nous montre que la grâce inouïe de cette vie offerte nous invite à nous mettre en route vers elle, comme les saintes femmes qui ont un chemin à faire dans l’accueil de la résurrection.
Elles viennent de bon matin, elles se mettent en marche ensemble, en église. Elles apportent le bon parfum de leurs vertus, la bonne odeur de leurs efforts pour mener une vie droite et conforme au commandement de notre Dieu. Leur geste est beau et profond. Elles sont tellement attachées à leur maître qu’elles continuent de le servir après sa mort. Mais ces femmes sont encore prises dans les soucis du monde ancien. Pourtant, leurs vertus et leur amour leur ouvrent les yeux sur les réalités célestes : aux paroles des deux êtres qu’elles rencontrent, elles se rappellent les paroles de Jésus pour elles demeurées mystérieuses. Elles rencontrent deux anges, mais elles ne voient que deux jeunes gens, nous dit Luc, avec un vêtement éblouissant. Eblouissant, c’est-à-dire en tenue de fête. En effet, toutes les créatures célestes sont en fête aujourd’hui ! Le paradis était en souffrance, la famille de Dieu avait perdu l’un de ses membres : l’homme. Mais aujourd’hui, par Jésus-Christ, nous voici ramenés à l’immortalité, nous voici à nouveau citoyens du Ciel.
Tous ses enfants doivent être présents pour cette fête. Alors que le cœur de ces femmes s’ouvrent à la grâce au petit main, elles reviennent sans tarder pour annoncer aux Onze la formidable nouvelle. La nuit disparaît. La lumière chasse les ténèbres. Tout s’éclaire ! À ces propos jugés par le reste de la troupe délirants, Pierre décide cependant de vérifier par lui-même.

À présent que le Christ est ressuscité, nous devons en effet radicalement changer de façon de penser et de vivre. « Saisies de crainte, elles baissaient le visage vers le sol ». La peur les paralyse, au point de n’oser poser le regard sur les mystérieux envoyés de Dieu. Les paroles de Jésus qui leur sont rappelés les replacent dans l’intimité et le souvenir de Jésus. Il leur faut cesser d’être effrayés, de ne plus être, en fait, soumises aux peurs qu’éprouvent ceux qui préfèrent les réalités terrestres. Ils craignent parce qu’ils veulent vivre sur la terre, ils exigent de toujours pouvoir suivre leurs propres désirs et ils ont peur qu’on les en empêche. Mais à ceux qui veulent vivre de la grâce d’être enfant de Dieu, la peur doit être étrangère, même en des temps troublés, où la suspicion est de mise.
Nous le voyons, si la victoire est acquise, le combat n’est pas terminé. Nous ne pouvons avoir la prétention de nous estimer supérieurs aux autres. Plus que jamais, l’heure est à la modestie. Nous nous savons faibles, soumis aux tentations. Certes. Mais nous avons la légitime fierté de nous savoir aimés et appelés à la vie. Le Christ nous a ouvert un passage, il nous reste à présent à faire notre pâque, à nous en montrer digne. Il nous faut choisir la résurrection, il nous décider d’entrer dans la vie qui nous est donnée.

Cela serait facile si la résurrection n’était qu’un rêve de lendemains meilleurs, qui se réaliserait enfin. Mais Jésus appelle ses disciples à le retournée en Galilée, c’est-à-dire dans leurs lieux quotidiens. Les disciples vont donc continuer, ils vont recommencer ! Recommencer à prêcher, recommencer à guérir les malades, recommencer à marcher sur les chemins des hommes. Pourtant, plus rien ne sera comme avant. Désormais, ils sont appelés à vivre de la grâce de la résurrection, à manifester aux yeux du monde ce qu’est un fils de Dieu.
Ainsi le silence et la peur des femmes sont-ils pour nous une exhortation à prendre la parole et à agir. Par toute notre vie nous devons le proclamer, en des mots si simples, mais si nouveaux, si chargés d’espérance pour notre monde : « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! ».

AMEN.

Michel Steinmetz †

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