A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 8 mai 2010

Homélie du 3ème dimanche de Carême (C) - 28 février 2010

Dans un monde défiguré, quelle transfiguration pouvons-nous espérer ? Face à tant de chaos, de malheurs, de craintes devant un avenir incertain, pouvons-nous encore espérer une transfiguration, un printemps lumineux de renouveau pour notre société, pour notre Eglise ?
Cet Evangile de la Transfiguration vient à point nommé pour nous rappeler que la lumière – fût-elle de gloire divine – ne supprime pas la nuit mais l’éclaire. La Transfiguration ne supprime pas la Passion pour le Christ : elle vient au contraire l’éclairer, lui donner sens et annoncer la lumière qui jaillira du tombeau vide de Pâques.
Oui, la lumière ne supprime pas la ténèbre : elle l’éclaire. Notre société et notre Eglise peuvent être illuminés par cette lumière du Christ : leurs obscurités, leurs peurs, leurs fragilités respectives se transfigureront en force, en clarté, en audace.
Les disciples Pierre, Jacques et Jean n’ont rien demandé : ils obéissent à Jésus et, sur son invitation, le suivent à gravir la montagne. Ils ne demandent rien mais ils se laissent saisir, captiver par une expérience pour eux déterminante. Ils redescendent du sommet, eux-mêmes transfigurés d’avoir assisté à la Transfiguration de leur maître.

I.- Pierre, Jacques et Jean suivent Jésus et gravissent avec Lui la montagne.

Ces trois disciples sont choisis par le Christ pour être, après coup, des témoins et pour fortifier la foi de leurs frères. Sans doute, n’ont-ils en rien revendiqué ce privilège ; sans doute sont-ils même étonnés de cette invitation.
Leur marche à la suite de Jésus est déjà une réponse de foi, une réponse sans paroles mais en acte, un peu comme celle d’Abraham quittant sa terre de Chaldée, qui s’était mis en marche avec pour seul certitude la promesse de bénédiction par Dieu à lui adressée. Pierre, Jacques et Jean suivent Jésus pour une destination bien particulière : une haute montagne. Et si Matthieu, lui qui s’adresse aux croyants issus du judaïsme, prend le soin de ne pas préciser géographiquement le lieu, c’est probablement pour montrer qu’il s’agit de cette montagne si particulière qui, dans la Bible, est le lieu par excellence où Dieu se révèle. Pensons au Sinaï où le Dieu de l’Alliance se révèle à Moïse, pensons à la montagne de la Tentation où Jésus est victorieux du Malin, pensons encore à celle du Golgotha où la mort est vaincue par le bois de la Croix…

II.- Pierre, Jacques et Jean se laissent saisir par une expérience déterminante.

En suivant ainsi le Christ dans la confiance, les disciples sont les témoins d’une expérience de tout premier ordre. Jésus vient d’annoncer sa mort prochaine. Avant de prendre le chemin cruel de Jérusalem, il les emmène sur la montagne pour prier. Et c’est en ce moment d’intimité avec Dieu que son visage devient autre. Pour le décrire, les images s’accumulent : blancheur, nuée, gloire, lumière… C’est le décor traditionnel de toutes les apparitions divines. De plus, Moïse et Elie sont là pour signifier c’est lui, c’est bien lui qu’on attendait. Et pour qu’ils en soient sûrs, la voix de Père proclame : « C’est Lui, mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour : écoutez-le ! ». Les yeux des Apôtres s’ouvrent. Ils regardent Jésus en prière et une immense évidence se met à resplendir. Oui, cet homme est vraiment Dieu. Il est celui qu’on peut écouter en toute certitude même s’il parle de souffrance et de mort.
Voilà l’expérience qu’ont faite Pierre, Jacques et Jean. Mais quand ils se relèvent, ils ne voient plus que Jésus seul. Jésus seul avec son visage et ses vêtements habituels ; Jésus seul, le Jésus des jours ordinaires ; Jésus seul, le Jésus qui va vers sa mort ; Jésus seul, que tous verront outragé et crucifié.
C’est que le moment de transfiguration ne dure qu’un instant, comme pour éclairer les longs moments de défiguration.

III.- Pierre, Jacques et Jean : témoins à leur tour.

Avons-nous mieux compris l’expérience que les Apôtres ont faite ce jour-là ? Il nous reste à dire en quoi cela nous concerne aujourd’hui.
Oui, aujourd’hui, dans la grisaille oppressante de notre monde et devant un horizon apparemment bouché, y a-t-il des moments de transfiguration ? Et bien oui ! Les chrétiens ont l’audace d’affirmer que Dieu continue de susciter des êtres radieux qui transfigurent le monde, des moments lumineux qui percent les ténèbres. Je sais, il y aurait impertinence à parler de transfiguration avec légèreté et insouciance. Quand on songe à la somme de malheurs qui s’abattent chaque jour sur le monde, comment oser parler de transfiguration ? Nous avons pourtant l’audace d’affirmer que la lumière de Dieu pour éclairer la nuit, que Dieu continue de susciter de ces êtres radieux qui embellissent la vie en tous lieux de la terre. Car Dieu a confié aux hommes la charge de transfigurer le monde. Tenez, dans la vie quotidienne, ne vous est-il pas déjà arrivé de dire ou de penser que telle ou telle personne ont été pour vous une lumière, telle ou telle rencontre un rayon de soleil. Et puis, dans la vie du monde, il y en a des entêtés de la paix au cœur des conflits, des entêtés de l’amour et du partage dans un monde du « chacun pour soi ». Et bien, tout cela, ça l’éclaire sacrement, notre monde, non ?

Aujourd’hui, je peux dire que la transfiguration, je l’ai déjà vue et je l’ai déjà rencontrée. Je peux témoigner que ce rayon de soleil là l’emporte sur toute la grisaille. Je peux affirmer que quand on suit le Christ, quand on accepte de faire une vraie expérience d’intimité dans la prière, la participation aux sacrements de l’Eglise, on est transformé. On n’est pas seulement témoin de ce que Dieu fait pour nous, on en devient témoin pour les autres !
J’ai confiance que l’Eglise du 3ème Millénaire verra se lever, un peu partout, des hommes et des femmes radieux de sainteté pour éclairer les autres. Et si nous en étions ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

Aucun commentaire: