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samedi 8 mai 2010

Homélie du Vendredi-Saint - 2 avril 2010

Nous allons entendre proclamer le récit de la Passion. Essayons de ne pas nous habituer. On s’habitue à tout, même à entendre le récit de la Passion, même à voir un crucifix. Le crucifix est tellement devenu un élément de notre univers : un objet de notre intérieur, un bijou, un enjeu politique même, que sais-je. En réalité il s’agit d’un instrument de torture et de mort, une réalité atroce.

Cet homme mis à la torture, qui meurt cloué sur deux poutres, n’est pas seulement celui que les foules voulaient faire roi quelques jours auparavant. Il y a matière à étonnement. Pourquoi autant d’inconstance de la part de cette foule ? Jusqu’à ce que nous découvrions que le reproche de versatilité adressé aux foules de Jérusalem nous revenait avec la sûreté du boomerang et nous touchait de plein fouet. Cette foule, c’est nous. N’est-ce pas ainsi que nous nous comportons envers Dieu ? N’est-ce pas là notre péché en tous points semblable à celui d’Israël ? Nous qui nous nous révélons si changeants, si infidèles, si légers envers notre Dieu. Cet homme mis à la torture qui meurt entre deux poutres, c’est Dieu, le Dieu vivant.

Pourquoi en est-il là ? Vous le savez : c’est parce qu’Il nous aime. Et on n’aime pas de loin. On aime de tout près. Jésus de Nazareth, c’est Dieu tout près, tout près de chacun de nous, avec nous, l’un de nous, venu partager nos joies, nos peines, notre mort. Il nous aime à en mourir. Aimer, ce n’est pas seulement être avec, c’est être contre, contre ce qui fait mal à celui que l’on aime, c’est s’attaquer à son mal, à son malheur, à sa misère, à sa malice, à son péché. Le Dieu-amour s’attache à ce gâchis d’amour qu’est notre péché. Voilà pourquoi il en est là, tel que nous pourrons le contempler après la proclamation de sa passion. Parce qu’il s’est attaqué à cet esprit de mal qui nous assiège dès l’origine et nous conduit à travers tant d’infidélités, tant d’inconstances, tant de défigurations jusqu’à la mort. Parce qu’il a dit « non » à ce quelqu’un qui est le Malin, il est mis à mort. Rappelez-vous à l’autre bout de ces quarante jours qui s’achèvent, le premier dimanche de Carême, les premiers affrontements, les premiers « non » de Jésus. Commande à ces pierres de devenir du pain puisque tu as si faim. Non. Jette-toi du haut du Temple. Non. Une petite génuflexion devant moi. Non. Et ces « non » ont scandé toute la vie publique de Jésus provoquant l’exaspération des scribes et des pharisiens, provoquant l’admiration des foules qui voulaient en faire un roi.

Nous en arrivons au « non » suprême, au suprême refus de l’agonie, celui qui achève de déchaîner les forces du mal. Jésus a dit non là où, nous, nous disons oui, ce oui de notre péché qui nous rend complices du prince de ce monde. Voilà ce qui amène le Dieu vivant à cette arrestation, à cette comparution devant le Sanhédrin, puis devant Pilate, puis encore devant Hérode, à son supplice, à sa mort. Il nous a aimés à en mourir. Il s’est attaqué à notre mal à en mourir. Devant un tel amour, le Père, son Père et notre Père, ne pourra pas séparer ceux qui sont déjà et désormais unis, Jésus et nous, son Fils et ses fils. Il ressuscitera le premier comme il le fera pour chacun de nous. Cette mort est donc un passage, une Pâque vers la vie et la victoire. On croyait que c’était l’heure du prince de ce monde, et c’était en réalité l’heure de Jésus, le roi couronné d’épines mais vainqueur de la mort.

En ce jour, qui pourrait être celui de l’espérance déçue, arrêtons devant cette parole que nous allons entendre. Et contemplons. Contemplons ce Dieu qui nous aime à en mourir.



AMEN.

Michel Steinmetz †

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