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samedi 8 mai 2010

Homélie du 5ème dimanche de Carême (C) - 21 mars 2010

L’Evangile de ce dimanche vient à point nommé pour nous faire redécouvrir ce qu’est la miséricorde et la pardon de Dieu que nous révèle Jésus, et qui, bien plus même, se révèle en Jésus. Redécouverte essentielle à une époque où le jugement moral, le discernement du mal et l’évaluation objective du péché deviennent de plus en plus obscurs, complexes et difficiles. Redécouverte fondamentale, encore, à l’heure où nombreux sont nos contemporains à se sentir emprisonnés dans leur passé et accablés par leurs fautes.
Il y a, en effet, deux manière de faire miséricorde pour le Seigneur : en nous pardonnant nos péchés quand nous les avons commis et nous préservant de les commettre. Nous voyons ici deux facettes d’une même réalité, car si l’on admire, à juste titre, le pardon de Jésus à l’égard de la femme adultère, il ne faut pas méconnaître que c’est aux scribes et aux pharisiens que Jésus a fait sans doute la plus grande miséricorde.
Ainsi, je vous inviterai à considérer successivement l’attitude de Jésus face aux scribes et aux pharisiens et son attitude vis-à-vis de la femme adultère. Ce sera l’occasion, pour nous, de nous laisser interpeller, dans quelque situation que nous soyons.

I.- Jésus face aux scribes et aux pharisiens.

Jetons tout d’abord un rapide regard sur ce qui précède ce passage de l’Evangile de Jean. Jésus est à Jérusalem pour la fête des Tentes. Il a l’occasion d’enseigner la foule, et notamment au Temple. Il pose question : qui est-il pour parler de la sorte ? Et déjà, inévitablement, il dérange une frange du judaïsme officiel : les scribes et les pharisiens. Alors que la fête des Tentes touche à sa fin, Jésus gagne à nouveau le Temple et se met à enseigner. Voilà qu’on lui tend délibérément un piège. C’est une femme prise en flagrant délit d’adultère. On l’amène à Lui, on la place au milieu du cercle formé par ses auditeurs. On l’amène avec ces paroles : « Cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? ». Ils font référence à la législation du Lévitique et du Deutéronome. Jésus, lui, garde le silence et trace de mystérieux traits sur le sol. Jésus, devant leur insistance, répond, en se redressant : « Que celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».
Voici que survient après cette parole lapidaire – c’est le cas de la dire ! – un retournement de situation. Leur cœur est touché. Les plus âgés parmi eux, les plus sages, les plus mûrs, les plus conscients de la faiblesse humaine, partent les premiers, bientôt suivis par tous les autres.
Ainsi, le Christ, par cette phrase, devenue, au fil des siècles, si commune à nos oreilles, parvient à faire prendre conscience aux scribes et aux pharisiens qu’eux non plus ne sont pas sans péché. Ceux qu’Il a surpris en flagrant délit de haine, il a su les détourner de la volonté de commettre un crime. Une seule parole a suffit pour qu’ils entrent en eux-mêmes, reconnaissent qu’ils ne sont pas sans péché et abandonnent leur projet meurtrier. Les pierres qu’ils délaissent ne sont-elles pas le symbole de ces cœurs de pierre, qui en eux déjà se fissurent ?

II.- Jésus face à la femme adultère.

L’évangile nous rapporte que cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère, mais on n’en sait tout compte fait pas plus sur son identité ni sur les circonstances précises de ce qu’on lui reproche… Jésus est sans doute dans le même cas que nous. Peu importe…
La faute dont on accuse cette femme semble objectivement grave, et toute discussion semble vaine et superflue. La Loi dit bien : « Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, ils mourront tous les deux, l’homme qui a couché avec la femme, et la femme elle-même ». Le flagrant délit évacue toute contestation possible.
Cette femme, cependant, n’a rien demandé à personne ; et voici qu’elle se retrouve au centre d’une polémique, d’un projet, d’un piège qui la dépasse de loin. Même si rien ne peut excuser sa faute ou, pire encore, l’effacer, elle se voit instrumentalisée par les scribes et les pharisiens. Elle qui devait être le sujet de la Loi, elle devient l’objet d’une controverse perverse, le prétexte pour faire tomber Jésus. Jésus, lui, ne se laisse pas avoir. L’amour de Dieu dépasse de loin toutes ces questions. Mais étrangement, Jésus semble se ranger du côté de ses détracteurs, lui que nul ne peut convaincre de péché, lorsqu’il dit simplement à la femme : « Moi non plus, je ne te condamne pas ». Curieuse litote. Pourquoi le Christ ne dit-il pas comme il l’a déjà fait pour d’autres : « Tes péchés sont pardonnés » ? On n’en sait rien, il est vrai, des sentiments de cette femme, de sa foi, de son désir de repentir. Est-ce la peur, la honte, le regret, la reconnaissance qui l’habite ? Où qu’elle en soit des sentiments mêlés de sa conscience, il y a un avenir pour elle, et Jésus le lui ouvre par cette autre parole : « Va et désormais ne pèche plus ! ». Qu’il est beau, qu’il est déterminant cet adverbe ! Désormais … Ce qui relève le pécheur, ce ne sont pas des propos lénifiants sur le passé, (« Ce n’était pas si grave, ça arrive à tout le monde, c’est humain… »), ce sont, au contraire, les paroles qui ouvrent un avenir : « Va et désormais, ne pèche plus ». Tu le peux, tu le dois. Tu vaux mieux qu’une défaite.

Deux manières pour le Seigneur de faire miséricorde : en nous pardonnant nos péchés et en nous préservant de les commettre.
Pourquoi ne pas prendre la route avec Lui en laissant là les fardeaux dont Il nous décharge dans son amour et en écrivant « désormais » notre avenir avec lui ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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