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samedi 13 février 2010

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 14 février 2010

Uu sondage réalisé en mars 2003 par l’institut CSA, pour l’hebdomadaire catholique La vie et le quotidien national Le Monde, s’intéressait aux croyances des Français. Sa parution m’a stupéfié et me stupéfie, à vrai dire, toujours autant…
Je vous en livre une des conclusions ;

Si l'enquête offre le choix entre quelques solutions sur la vie après la mort, 39% des Français pensent qu'il n'y a rien après la mort, tandis que 33% supposent qu'il y a quelque chose, sans pouvoir dire quoi. 16% disent croire à l'immortalité de l'âme, 6% à la réincarnation et 4% à la résurrection du corps. Même si l'on peut supposer qu'un certain nombre de chrétiens pratiquants auront choisi l'option "immortalité de l'âme" faute de connaissances théologiques, le très faible pourcentage de croyance à la résurrection des corps manifeste quand même un hiatus entre les doctrines chrétiennes et les croyances réelles:12% seulement des catholiques pratiquants réguliers croient ainsi à la résurrection des corps, alors que tous l'affirment pourtant chaque fois qu'ils récitent le Credo.

De quoi laisser sans voix, vous en conviendrez. Il n’est pas surprenant alors que je vous invite à revenir sur le passage de la première lettre de Paul aux Corinthiens.
Paul y procède dans sa réflexion par étapes. On peut en repérer trois qui sont hautement significatives : 1. « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. » ; 2. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi ne mène à rien » ; 3. « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité ».

I.- « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. »

Paul s’étonne, comme moi, de la réaction de ses contemporains face à ce qui constitue le cœur de notre foi : « comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? ». Il va jusqu’à la preuve par l’absurde : si les morts ne ressuscitent pas, alors Jésus, lui non plus, n’est pas ressuscité. Donc, ce que nous proclamons chaque dimanche, ce que nous avons sur nos lèvres, ce que nous avons appris au catéchisme et ce que nous apprenons à nos enfants, serait une formidable supercherie vieille de plus de deux mille ans! Et nous y prendrions part ? Nous ne serions ainsi que 12% à déclarer croire en la résurrection des corps. Aujourd’hui, le religieux est comparable à un hypermarché : on y trouve tout ce que l’on veut et à tous les prix. Sur tel point, je vais me sentir en affinité plus grande avec les religiosités orientales ou avec les mouvements ésotériques, le New Age ; sur un autre ma proximité avec la foi chrétienne reste plus évidente, alors – qu’à cela ne tienne ! - je prends un peu de tout et je me fabrique la croyance qui me va au mieux, celle qui me conforte le plus.

II.- « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi ne mène à rien ».

Puisque toutes les libertés de religion sont possibles, on pourrait croire que nous aurions le droit de dire tranquillement nos options de foi et qu'on nous respecterait comme nous respectons les autres. Ce n'est pas ce qui se passe. Si nous avons le malheur de dire que nous préférons la qualité prouvée de nos croyances sur la résurrection de Jésus et sur la nôtre (1 Corinthiens 15, 12. 16-20), et non les à-peu-près et les mélanges incohérents du marché, on se moque de nous.
On nous regarde de travers comme si nous nous limitions à fréquenter l'épicerie du coin, alors que le centre d'achats du spirituel est si bien garni. Oui, la réaction de moquerie est manifeste quand nous refusons de suivre un autre que Jésus, quand nous tenons à affirmer que c'est la foi en Jésus ressuscité qui nous mène quelque part.
Or notre foi en Christ n’est pas dissociable de notre foi en sa résurrection : nous ne pouvons nous revendiquer de lui, sans aller jusqu’à mettre notre confiance – notre foi – en sa résurrection. Ne pas aller jusque là reviendrait à ne pas croire en lui, en définitive. Et à nier notre propre résurrection comme devenant possible dans la participation à sa propre résurrection à lui, Jésus. Or, le Credo culmine en la proclamation de la résurrection des morts et en la vie éternelle. « Croire en la résurrection des morts a été dès ses débuts un élément essentiel et constitutif de la foi chrétienne. "Une conviction des chrétiens : la résurrection des morts ; cette croyance nous fait vivre" »[1], disait Tertullien. Etre témoin du Christ, c’est être témoin de sa résurrection ; forts de cette foi, nous pouvons aussi espérer la nôtre, à sa suite.

III.- « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité ».

Voilà la leçon et la règle de foi que nous adresse Paul aujourd’hui. Voilà ce que nous serons invités à proclamer de tout notre cœur dans un instant. Certes, notre raison a sans doute du mal à tout comprendre, à tout saisir de la résurrection ; mais cela ne saurait en aucune sorte nous dispenser de croire. Comme nous ne pouvons mettre la main sur Dieu, car Il est toujours plus grand que ce que nous pouvons dire de Lui, nous ne pouvons avoir la prétention de tout vouloir comprendre. Il faudrait nous souvenir que la foi est de l’ordre du pari, tel que l’entend Pascal. Certes, je n’ai pas de preuve irréfutable, objective et scientifiquement démontrée, mais je suis invité à risquer l’aventure de la foi. Je n’ai d’ailleurs rien à perdre, si ce n’est de mourir à moi-même, à mon égoïsme, mais j’ai tout à gagner. L’éternité est à ma portée…
Notre foi, parce qu’elle est précisément foi entendue comme pari sur Dieu, doit, pour se fonder, s’appuyer sur les témoins de la Résurrection qu’ont été les Apôtres. Notre monde connaît, à tous niveaux, une véritable crise de confiance : on ne prête plus sa confiance aux médias, aux politiques, aux collègues de travail, voire même aux propres membres de sa famille… Aujourd’hui, pourtant, Paul nous exhorte à cette confiance première et fondamentale.

Heureux serons-nous, si nous bâtissons notre vie sur la foi en Jésus, le Christ, le Vivant. Nous serons comme l’arbre planté au bord du ruisseau qui ne craint pas la sécheresse quand elle vient. Et si, alors, nous risquions le pari de la confiance, le pari de la foi ?

Michel Steinmetz †


[1] CEC, N° 991.

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