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lundi 1 février 2010

Homélie de la solennité de la Nativité du Seigneur - 25 décembre 2009

Voici que, devant nous, il y a un livre ouvert, et sur lui, contre lui, un Enfant. Ce livre est celui de la parole de Dieu ; cet Enfant, c’est la représentation de Jésus, le Fils de Dieu. Nous reconnaissons aujourd’hui en ce petit d’homme la Parole de Dieu donnée à l’humanité. Nous croyons que Dieu a cessé de parler de manière fragmentaire et variée, qu’il a décidé de ne plus passer par des intermédiaires, des prophètes qui parleraient en son nom, mais il nous parle directement. La voix de Jésus, c’est celle de Dieu ! Il se fait entendre au milieu de nous.
En célébrant la naissance de Jésus, nous constatons aussi que cette voix est bien fragile, que le charmant gazouillis de cet enfant, comme celui de tout enfant, a bien du mal à couvrir le bruit du monde. Et pourtant, voilà plus de deux mille ans que cette voix ne cesse de se faire entendre et bouleverse les cœurs.
Avec quoi venons-nous à la crèche ? Qu’y cherchons-nous ? Comment pourrions-nous en repartir ?

I.- Avec quoi venons-nous à la crèche ?

Pour beaucoup d’entre nous, nous fêtons Noël dans la joie et la paix d’une famille qui se retrouve. Nous nous émerveillons du sourire et du regard des enfants en cet instant magique. Le stress et la frénésie commerciale des derniers jours laissent enfin la place à la fête et à une certaine insouciance. Nous venons repus de mets savoureux.
Pourtant certains parmi nous, sans doute, ont plus de mal à se réjouir. Parce que la blessure de la perte d’un être cher se fait sentir, parce que la maladie ou l’absence d’un proche cause bien du tracas. D’autres encore ont à faire à des douloureuses expériences personnelles et cherchent désespérément un sens à donner à leur vie.
Notre monde aussi vient à la crèche avec son lot de souffrances et de tragédies humaines, avec son cortège d’angoisses et de tourments. Noël est ce moment où l’on fait le bilan d’une année qui doucement touche à sa fin. Comment ne pas évoquer ceux qui ont été professionnellement et familialement les victimes d’une crise dont on nous annonce, un peu hâtivement, peut-être le terme ? Comment ne pas songer aux mécanismes financiers qui exploitent et affaiblissent les plus pauvres des pauvres ? Comment ne pas se soucier de ce monde qui peine tant à ce que la création soit respectée et sauvegardée ?
Alors, c’est avec tout cela que nous venons à l’Enfant de Bethléem. Ce sont ces angoisses, ces douleurs, ces joies que nous lui apportons en présent, nous unissant aux bergers, et dans quelques jours, aux Mages. Ce sont tous ces fardeaux qu’avec confiance nous lui remettons.

II.- A la crèche, que venons-nous chercher ?

Jésus est-il aujourd’hui pour nous prétexte à la fête, fondement d’une réjouissance qui n’aurait plus de religieux que le nom ? Fêtons-nous pour oublier, grâce à la magie de Noël, ne serait-ce qu’un instant un quotidien trop lourd à porter ? Finalement que sommes-nous en droit d’espérer ?
L’enfant qui est là devant nous est certes un petit comme un autre, fragile et innocent. Mais sa naissance n’a rien à voir avec une autre ! Dans le silence de la nuit, dans la pauvreté toute discrète de cette étable, Dieu a décidé de parler et de s’inviter sur les routes humaines. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la venue de cet Enfant-Dieu va changer le cours de l’humanité. Désormais le monde n’est plus dans une errance qui le conduirait à sa parte : l’histoire de l’humanité a un sens et elle peut espérer un avenir ! Parce que Dieu se fait l’un de nous. Parce que Dieu n’est plus hors de portée. Parce que Dieu se laisse entendre, se laisse voir, se laisse toucher en Jésus son Fils ! Les bergers ne sont pas venus se prosterner devant un enfant ; ils ont rendu hommage à Dieu en personne !
Nous-mêmes, en venant à la crèche, nous nous laissons certes charmer par le chant des anges, émouvoir devant l’innocence de l’Enfant, mais nous venons aussi à Celui pour qui rien n’est impossible. Les fardeaux que nous déposons à ses pieds, nous savons d’une part qu’il les accueille et d’autre part qu’il s’en charge lui-même, lui qui ira jusqu’à la croix par amour pour nous. Il n’est de fardeau, de tracas, de souffrance qu’il ne puisse porter avec nous, pour nous. Il n’est de joie, de paix, de sérénité qu’il ne puisse donner.
Alors voilà ce que nous sommes en droit d’attendre à la crèche. Voilà le véritable cadeau de Noël, la grâce de la venue de Jésus au milieu de nous.

III.- Comment pourrions-nous repartir de la crèche ?

Nous mettons tant d’entrain et de soin à la préparation des fêtes que nous sommes toujours quelque peu frustrés que les choses se déroulent si vite. Nous aimerions un instant que le temps s’arrête, que l’insouciance perdure, au moins un peu. Mais si savons aussi que la vie va reprendre son cours, comme avant. Pourtant, j’aimerais avoir l’audace à vous inviter à ne pas repartir de la crèche comme vous y êtes venus. Croyez-vous que les bergers, ou même les mages, ont repris le cours de leur existence comme si rien ne s’était passé ? Croyez-vous qu’on peut vraiment venir à la rencontre de Dieu sans que cela bouleverse fondamentalement le plus profond de l’existence ? Alors ce soir, aujourd’hui, ouvrez grand votre cœur et laissez Jésus habiter en vous !
Que vous soyez venus dans la joie et la gaieté d’un moment, repartez avec la paix et la sérénité qui demeure. Que vous soyez venus avec le cœur gros de chagrin ou de désespoir, repartez dans l’assurance que Dieu vient remplir votre vie, là aujourd’hui, de sa présence. Que vous soyez tentés, parfois au-delà de vos forces, par le doute, le découragement, repartez en vous souvenant que Dieu a changé le cours de l’histoire et qu’il est pour toujours avec ceux qui ouvriront leur cœur à sa parole, hommes et femmes de bonne volonté !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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