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lundi 1 février 2010

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 17 janvier 2010

L’évangile de dimanche dernier fut l’occasion de réfléchir au baptême de Jésus dans le Jourdain de même qu’à notre propre engagement baptismal. Dans l’Évangile de ce dimanche (Jean 2, 1-11), les noces de Cana représentent une manifestation de la gloire de Dieu, la suite du thème de l’Épiphanie du Christ et l’inauguration de la mission divine sur terre par le Baptême de Jésus.
Aujourd’hui, nous observons l’eau transformée en vin, l’ordinaire qui se transforme en l’extraordinaire et les débuts d’une ère messianique. Le miracle de Cana anticipe la façon par laquelle Jésus accomplira sa mission en versant son sang sur la croix.
Le mot signe est le terme symbolique de Jean préfère à celui de miracles. Il s’intéresse principalement au sens des signes, c’est-à-dire à la façon nouvelle dont Jésus intervient dans l’humanité. À Cana, le symbolisme et la réalité se font face. À Cana en Galilée, nous découvrons le premier signe lorsque Jésus manifeste sa gloire et que les disciples crurent.

I.- La mère de Jésus

L’invité principal lors de ce mariage n’était pas Jésus lui-même, mais bien sa mère. Marie apparaît de façon symbolique ; son rôle consiste à compléter celui des disciples. Elle est l’élément déclencheur du signe qui mène à l’expression de la foi des disciples. Ses paroles aux serviteurs lors du banquet nuptial : « Faites tout ce qu’il vous dira » (2,5) lancent une invitation à tous afin qu’ils deviennent le nouveau peuple de Dieu. Dans le quatrième évangile, à la fois à Cana et au calvaire, Marie symbolise non seulement sa relation maternelle et physique avec son fils, mais également son rôle largement représentatif de « Femme » et « Mère » du peuple de Dieu.
« Mon heure n’est pas encore venue » fut la réponse de Jésus à la demande de Marie. Autrement dit, le temps de manifester pleinement sa gloire n’était pas encore venu. Elle se révélerait sur la croix. Cependant, les paroles de Jésus adressées à Marie ne sont pas la seule indication de ce dont il s’agit réellement. Le miracle en soi, c’est-à-dire la transformation de l’eau en vin, signifie que l’Ancienne Alliance entre le ciel et la terre sera changée en une chose entièrement nouvelle.

II.- L’heure

Un aspect important du récit de Cana est l’usage et le sens du mot « heure ». Dans le Nouveau Testament, le mot grec qui signifie heure, est généralement utilisé au sens d’un évènement plutôt que du temps linéaire, du temps qui s’écoule. « L’heure » que Jésus mentionne à Cana est celle de sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension (Jean 13,1).
D’un côté, le temps qui passe est la mesure de circonstances ordinaires qui donne la fausse impression que nous pouvons le gérer. Nous pouvons l’inscrire dans nos Blackberry, nos iPhone et nos agendas pour ensuite nous en occuper selon nos propres termes.
D’un autre côté, le temps, comme évènement, représente la discontinuité, c’est-à-dire un obstacle inattendu qui se dresse sur un parcours prévu et oblige la personne de s’adapter à de nouvelles réalités. L’heure de Jésus, le temps convenu ou le moment, est apparu avant qu’il ne le veuille ou ne s’y attende. Jésus lui-même vit son temps comme ouvert à la volonté de Dieu son Père, et suffisamment ouvert pour y faire place à cet inattendu divin.

III.- Quand le temps qui passe devient évènement

Il nous arrive trop souvent dans nos vies individuelles et communautaires, dans nos divers ministères, nos paroisses et notre quotidien, d’avancer d’un pas lourd de jour en jour puis de vivre avec un sentiment de désespoir, de monotonie ou de lourdeur. Nous sommes ainsi coincés dans un temps c où nous n’arrivons pas à percevoir la façon dont Dieu tente de mettre fin à l’ordinaire pour transformer notre existence et notre histoire en extraordinaire, en évènement. Le Seigneur nous invite à le laisser remplir de vin nouveau, les structures et les jarres de notre existence. Lorsque nous écoutons le Seigneur et nous faisons tout ce qu’il nous demande, l’ordinaire dans nos vies devient l’extraordinaire, les jarres vides se remplissent de ce vin nouveau et nous devenons « fête » les uns pour les autres.
Ce remarquable récit de l’évangile ne porte ni sur une intercession de Marie ni sur un reproche de Jésus envers sa mère. En fin de compte, le récit touche la révélation de la gloire masquée de Jésus, le fils d’une famille ordinaire lors d’une fête. Le récit ne porte pas sur les normes, les traditions et les règles de vie familiale. Il n’est même pas question de mariage ou encore de judaïsme considéré comme étant vide et de christianisme comme étant plein.

La narration de Jean de la noce à Cana nous invite sérieusement à nous pencher sur la question du maître de la fête qui donne un ordre : « remplissez d’eau ces jarres » et vous pourrez renouveler votre propre vie. Notre heure viendra lorsque le moment se présentera à l’intersection même de notre planification bâclée et de notre ouverture au Divin. Le récit de Cana nous apprend que le Messie de ce monde a dû adapter son horaire quand les événements ont pris une tournure surprenante. Ce déroulement raconté par Jean nous montre sa flexibilité spirituelle. Comment peut-on transformer notre temps en permanent évènement ; une véritable percée et un moment d’espoir, de promesses et de nouvelles possibilités ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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