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lundi 1 février 2010

Homélie de la fête du Baptême du Seigneur - 10 janvier 2010

À Noël, nous avons médité sur un enfant dans une crèche. Nous avons médité sur la venue de Dieu en notre monde, comme une maigre lumière dans la nuit des peuples. Nous avons médité sur un Messie dépourvu de tout moyen et déjà livré au bon ou au mauvais vouloir des hommes. Nous avons médité sur le fait que le Royaume de Dieu ne vient pas dans les fracas et les coups de tonnerre, mais comme un germe enfoui et caché aux yeux des puissants ou des superbes. Aujourd'hui, en ce dernier dimanche du temps de la Nativité, nous sommes presque à l'inverse mis devant un Christ qui est révélé par l'Esprit Saint, sous un ciel qui s'ouvre et d'où vient une voix puissante, le désignant comme le Fils bien-aimé, Messie désigné presque théâtralement par Jean-Baptiste comme celui qui baptisera dans le feu, au milieu de tout un peuple assemblé. Quel contraste entre notre méditation de Noël et celle d'aujourd'hui ! Un autre Messie ou le même ? Le même Jésus bien évidemment, mais sous deux aspects que nous devons retenir l'un et l'autre. Car le Messie investi par la force de l'Esprit et portant en lui tout l'amour infini du Père est bien l'enfant vagissant à Bethléem. Le personnage exceptionnel, l'élu du Père, n'est autre que l'enfant de la crèche, l'un de nous, mais appelé à la vie de Dieu. En le décrivant ainsi par quelques touches subtiles et rapides, Luc met sous nos yeux l'homme nouveau, la créature telle que Dieu la veut ; il nous fait comprendre que, comme le Christ, nous sommes aussi appelés à vivre de son Esprit, à laisser demeurer en nous, pauvres êtres de chair, le parfait amour du Père.

I.- Le voile jeté

Les experts et les puissants, les plus compétents et les mieux informés, mais aussi les plus attachés à leurs certitudes et privilèges, n'avaient guère apprécié la révélation faite, par les mages, d'un roi naissant dans la discrétion. Ne se présentait-il pas comme concurrence déloyale et danger pour l'ordre établi ?
Les gens simples avaient sans doute moins d'obstacles à franchir, moins d'a priori à combattre, plus à gagner et moins à perdre. Le non-conformisme de Jean Baptiste, ses références au Livre Saint, ses appels à la conversion très concrète, devenaient pour la foule troublantes prophéties, séduction et Bonne Nouvelle… La foule est prête à écouter le baptiseur et même à le suivre… Mais Jean Baptiste désigne le Messie, Lui baptisera dans l'eau et le feu. Le libérateur tant attendu est là, proche, accessible. Un homme perdu dans la masse, discret jusqu'à l'incognito, solidaire du peuple dont il épouse la démarche et les rites.

II.- Le voile levé

Comme Jésus priait après avoir été baptisé, alors le ciel s’ouvrit. Le ciel bouché, qui pèse comme un couvercle, voilà qu’il se déchire. Une ouverture, enfin un peu de lumière dans la nuit de nos cœurs !
L’Esprit Saint descendit sur Jésus. Jésus lui-même est baptisé, plongé dans l’Esprit Saint. C’est un moment extraordinaire que l’évangéliste n’arrive pas à décrire. Et comment le pourrait-il ! Il essaie : une apparence corporelle, une apparence, comme une colombe annonciatrice de la paix, telle la colombe que Noé libère après le déluge pour s'assurer que la terre est sèche et que Dieu a refait un monde nouveau.
Et du ciel, de ce ciel muet - Dieu qui se tait ! - une voix, la voix, la parole, voix de Dieu lors de la première création, parole de Dieu qui crée Adam, parole de Dieu qui présente en Jésus une création nouvelle, Dieu lui-même, se fit entendre : « C’est toi, mon Fils. Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Une citation du psaume 2 (Ps 2,7) que l’Eglise primitive appliquait à Jésus, le Ressuscité, engendré à la gloire (Ac 13,33).
Cette voix proclame Jésus-Dieu, le Fils du Père qui l’a engendré de toute éternité.
Puis le voile retombe. Il ne se déchirera qu’au matin de Pâques - glorieusement et définitivement, quand Jésus sera engendré à la gloire. Alors apparaîtra avec évidence ce qui ne fut, au Jourdain, qu’un éclair annonciateur.

III.- Le dévoilement du baptême

Le baptême des chrétiens n'est pas autre chose. Il n'est pas simple rite, mais une invitation au dialogue avec ce Dieu qui nous aime. Il est signe d'une alliance d'amour, la réponse à une invitation. Une vocation. Il est également une mission, celle de créer un monde de justice, de beauté et d'amour.
Ainsi, baptême et foi vont ensemble. Le baptême est comme la conséquence de la foi et il s'accomplit dans la foi. "Qu'est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ?", disait l'Ethiopien païen au diacre Philippe, qui lui répondit : "Si tu crois de tout ton cœur, cela peut se faire". Autrement dit encore, le sacrement constitue le sceau de la foi, il ne saurait la remplacer.
L'humble signe du baptême est celui du passage d'une vie à une autre, à la rencontre de quelqu'un que l'on apprend à connaître et à suivre par une conversion du cœur. Il nous fait entrer dans une vie nouvelle par un engagement à suivre celui qui est Parole, Vérité, Chemin et Vie. Il est accueil d'un esprit de renouveau, l'entrée dans la famille de ceux qui ont rencontré le Seigneur et en vivent. Il est geste d'un jour et permanente conversion, engagement personnel et manière de vivre ensemble. Il nous fait devenir fils et filles du Père, en nous laissant pénétrer par son esprit et en acceptant de rayonner l'amour dans toute notre vie.

Il nous faut redécouvrir le sens réel de ce premier sacrement de l'initiation chrétienne, sa dynamique de "passage", ses exigences de continuelle transformation.
Chaque eucharistie prolonge et renouvelle notre première rencontre avec le Messie. Elle nous interpelle aussi : Qu'avons-nous fait de notre baptême ? Qu'avons-nous fait de cette alliance avec notre Dieu ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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