A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

lundi 1 février 2010

Homélie du 4ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 31 janvier 2010

Prophète ! Voilà bien le mot qui, frères et sœurs, revient le plus dans les lectures qu’il nous était donné d’entendre et que nous voulons maintenant méditer ! Ce n’est sans doute pas un hasard si le langage courant a adopté cette expression que nous employons parfois : « prophète de malheur » ! Elle traduit bien, me semble-t-il, l’attitude d’un grand nombre face à ceux qui se dressent pour servir la cause de la Parole de Dieu et l’annoncer… Sans doute faut-il rappeler avec force ce que signifie précisément le mot « prophète » : l’acception courante nous le définit comme un visionnaire, comme celui qui a le don de prédire l’avenir, comme, souvent, un charlatan ou une Madame Soleil à vocation religieuse ! En fait, il n’en est rien ! Le prophète est celui qui, dans la Bible, est choisi, appelé, et envoyé en mission par Dieu. Il est celui qui a reçu la charge d’annoncer la Parole de Dieu. Il est porte-parole. La plupart du temps, le discours des prophètes appelle de manière vigoureuse à la conversion, au retour vers Dieu et emploie des images fortes.
Il est bon de nous rappeler qu’au jour de notre baptême, au moment de l’onction avec le Saint-Chrême, nous avons été choisis pour devenir prêtre, prophète et roi, choisis donc pour annoncer la Parole de Dieu. Il n’est pas vain, alors, aujourd’hui, de méditer le destin du prophète dans l’Ecriture et son attitude face à la contradiction des siens.
Le prophète est choisi par Dieu, tout d’abord. Il est rejeté par les siens, ensuite. Il demeure ferme dans l’assurance de l’amour, enfin.

I.- Le prophète est choisi par Dieu.


Le personnage de Jérémie illustre à merveille cet élection divine. Le créateur de tout, qui a modelé et animé le premier homme, façonne tout homme dès sa conception. Dieu nous connaît par avance et ne cesse, dans le respect de notre liberté, de nous convier à entrer toujours plus avant dans son intimité. Ceci se réalise de façon éminente pour ceux qui ont un rôle plus déterminant dans l’accomplissement de son dessein envers toute l’humanité, dans son plan d’amour. Le prophète est en quelque sorte réservé, mis à part pour un ministère particulier qui va lui être confié. Ceci comporte pour lui une communion intime avec le Seigneur, une connaissance plus directe de la pensée de Dieu. Choisi, le prophète est appelé par Dieu puis envoyé à ses frères pour annoncer sans relâche la parole de conversion, la parole qui sauve et remet l’homme dans l’amour de Dieu.
Jésus lui-même, en lisant le passage d’Isaïe dans la synagogue de Nazareth – « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré »-, annonce qu’il a été choisi par le Père. A la différence des prophètes, Jésus n’est pas un porte-parole ; il est bien plus. Il est la Parole !
Nous aussi, Dieu nous connaît et nous place dans son amour, dès avant notre naissance. Devenus ses enfants, aimés d’une manière toute particulière par notre baptême, nous sommes ses porte-parole pour nos frères.

II.- Le prophète est rejeté par les siens.


Dès l’annonce de sa mission et son envoi, Jérémie sait qu’il sera rejeté et combattu. Le Seigneur lui-même le prévient. Il partagera le sort de ceux qui se seront vus confiés la redoutable charge de témoigner de Dieu et de sa miséricorde là où Dieu, précisément, est ignoré, rejeté ou traité pour rien. L’annonce de la Parole ne va pas de soi : toujours elle fait face à une vive résistance et, pourtant, jamais elle ne s’impose par la force. Elle se propose inlassablement à temps et à contre-temps, sans douter ni de son efficacité ni de la puissance de l’amour.
L’auditoire de Nazareth est sous le charme, mais un charme soupçonneux. Il s’étonne du message de grâce qui sort de la bouche de Jésus. Comment cela est-il possible ? N’est-il pas un des nôtres ? Mais Jésus connaît ses compatriotes ; la réputation de la bourgade de Nazareth n’est plus à faire et tout laisse présumer son rejet. Alors Jésus prend les devant : il ne se fait pas d’illusion. Un prophète n’est pas accueilli dans sa partie. Comment lui, le fils de Joseph, peut-il jouer au donneur de leçon ? De quel droit ? Alors le Prophète par excellence leur rappelle Elie et la veuve de Sarepta, Elisée et Naaman le Syrien. Rien n’y fait ! On le presse, on le jette dehors. Si l’évangéliste Luc modifie quelque peu la géographie des alentours de Nazareth, qui ne présente pas d’escarpement rocheux, c’est bien pour nous faire comprendre que rien ni personne ne peut arrêter Jésus avant qu’il n’ait pleinement accompli sa mission.
Que de fois nous avons l’impression que le Parole de Dieu ne fait plus recette, qu’elle n’a plus de prise sur notre monde ! Mais cette résistance n’est pas nouvelle. Jésus en a fait les frais. Il a été jusqu’au bout, jusqu’à Jérusalem. Pourquoi alors nous baisserions les bras ? Pourquoi nous résignerions-nous ?

III.- Le prophète demeure ferme dans l’assurance de l’amour.

« Ils ne pourront rien contre toi. Je suis avec toi pour te délivrer », voici les paroles réconfortantes du Seigneur à son prophète après lui avoir ordonné de ne pas trembler, après lui avoir assuré qu’il serait tel « une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze ».
Jésus, je le disais, continue son chemin au milieu des ses opposants. On n’a pas de mal à imaginer la scène dont se sont d’ailleurs emparés quelques cinéastes… Jésus, droit et apaisé, allant son chemin alors que de part et d’autres se tiennent ceux qui voulaient mettre un terme prématuré à sa mission. Il ne fuit pas, ne se courbe pas, ne se décourage pas ; il regarde plus loin, vers Jérusalem. La route est encore longue ; sa parole sera encore bien des fois ignorée et rejetée. Pourtant, il a en lui cette assurance que tout n’est pas vain. Alors, il poursuit sa route et annonce à tous ceux qui veulent bien la recevoir et en vivre sa Parole de Vie, parce que Parole de Dieu.
Grande est la tentation, pour nous, de nous courber l’échine et de nous décourager ! Grande serait alors notre faute et immense notre manque de foi ! Bien plus que de nous attrister, nous avons à être nous-mêmes ces porte-parole à la suite de Jésus !

« L’amour trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais ! »

AMEN.

Michel Steinmetz †

Aucun commentaire: