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lundi 1 février 2010

Homélie du 3ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 24 janvier 2010

J’ai toujours été prodigieusement frappé et impressionné par l’attitude du peuple juif, telle que nous la présente le prophète Néhémie. Tout le peuple intégralement rassemblé écoutant la Parole de Dieu « depuis le lever du jour jusqu’à midi ». Prodigieux, non ?
Alors, je me suis dit : et si nous faisions de même ? Et si nous écoutions la Parole de Dieu et si nous la commentions ainsi six heures durant ? Pourquoi pas ? Quelle serait notre réaction ? Chanterions-nous aussi, ce temps passé, « la joie du Seigneur est notre rempart » ? Ayant quelques réserves, et me doutant que vous n’auriez sans doute ni pris vos dispositions ni songé à emmener un encas pour vous sustenter, il m’a semblé plus raisonnable et judicieux de commenter ces lectures de manière plus brève. Je vous sens rassurés…
Aujourd’hui, la liturgie nous invite à réfléchir à la place d’honneur que doit tenir la Parole de Dieu au cœur de notre vie croyante. Pourquoi ? Parce qu’elle est celle qui nous rassemble, tout d’abord, et nous unit. Parce qu’elle nous invite, ensuite, à reconnaître en elle la Parole de Dieu, pleinement efficace et motif de notre joie.

I.- Une Parole qui nous rassemble et nous unit.

Le peuple juif revient d’Exil dans la liesse ; il vit néanmoins encore avec la douleur de cet événement de son histoire. A leur retour, les exilés ont alors trois préoccupations majeures, que nous relatent les livres d’Esdras et de Néhémie : la reconstruction du Temple qui n’a de sens qu’en lien avec la reconstruction de la ville Jérusalem, et, enfin, le peuple lui-même qui vit sa foi d’une manière renouvelée. C’est dans ce contexte de reconstruction humaine, spirituelle et matérielle qu’il nous faut situer le texte que nous entendions. Tout le peuple, unanime, est rassemblé pour l’écoute de la Loi.
Jésus, à la synagogue de Nazareth, fait la lecture d’un passage de l’Ecriture, comme le veut la coutume du Sabbat, et alors que le peuple croyant s’est réuni. Contrastant par rapport à l’autre pilier de la liturgie juive, celle du Temple avec ses sacrifices, la liturgie hebdomadaire de la synagogue est, elle, constituée de lectures et de commentaires de l’Ecriture : Jésus est, comme tout homme juif, autorisé à cela. Certainement aussi que les autorités religieuses le lui demandent au bénéfice de sa connaissance de la Loi et des Prophètes.
Nous aussi, nous nous rassemblons pour écouter et méditer la Parole de Dieu : celle qui nous est offerte dans l’Evangile, l’Ancien Testament et les lettres des Apôtres. Nous ne restons pas isolés pour cela. Nous célébrons la Parole de Dieu parce qu’en Eglise, nous reconnaissons en elle Dieu à l’œuvre, Dieu qui nous parle. Comme le peuple juif, nous sommes appelés à répondre à cette Parole par nos acclamations, à la méditer, à y reconnaître la voix de l’Esprit. Si nous ne nous prosternons plus physiquement, c’est notre cœur qui maintenant doit s’incliner devant la présence du Seigneur parmi nous. Lorsque nous traçons, avant la lecture de l’Evangile, trois croix sur notre corps : une sur le front, une sur nos lèvres, une autre encore sur notre cœur, telles sont bien les paroles que nous devons avoir à l’esprit : Que par mon intelligence je comprenne cet Evangile ! Que par ma bouche je le proclame ! Que par mon cœur, je l’aime !
La Parole de Dieu fait notre communion ; elle est la règle de notre foi ; c’est elle qui fait notre unité.

II.- Une Parole que nous recevons comme la Parole de Dieu, parole efficace et motif de notre joie.

Célébrer ainsi l’Ecriture, c’est lui reconnaître un statut bien différent de celle d’un simple écrit historique. C’est reconnaître en elle la Parole même de Dieu. Cette Parole que le peuple élu a confessé dans les hauts-faits de Dieu et par la parole des prophètes au cours de son Histoire ; Parole, encore, que nous professons comme étant le propre Fils de Dieu, Jésus, le Verbe fait chair. Dire comme on l’entend souvent, trop souvent, que le christianisme est une religion du Livre est fondamentalement faux. Le christianisme est une religion de la parole. Et c’est tout différent ! Un livre est lettre morte ; une parole est, quant à elle, vivante et agissante ! Un livre se brûle ; une parole, personne ne l’arrêter : on la bâillonne pour un temps, peut-être, et c’est tout ! La parole s’inscrit dans un processus de communication, entre celui qui l’énonce et celui qui la reçoit.
La Parole de Dieu est pleinement efficace. Puisque nous y reconnaissons, dans la foi, Dieu à l’œuvre, comment pourrions-nous douter qu’elle ne soit pas agissante, qu’elle ne soit pas une force que rien n’arrête ? Quand Jésus trouve à Nazareth le passage d’Isaïe – notons bien que Luc, dans sa méticuleuse précision, prend le soin de ne pas laisser penser que Jésus aurait lui-même choisit ce passage-, il le proclame et se contente de faire l’une des plus courtes homélies de l’Histoire, mais sans doute la plus vraie et la meilleure : « Cette Parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Il réalise l’espérance des prophètes. Il est la concrétisation des promesses de Dieu. Mais si nous croyons que Jésus est présent parmi nous et qu’il nous adresse la parole, comment ne pas être saisi par cette phrase : « Cette Parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Aujourd’hui, ici même, pour nous, maintenant, la Bonne Nouvelle est portée aux pauvres, la liberté rendue aux prisonniers de toute sorte, la lumière offerte à ceux qui la cherchent dans les ténèbres de leur existence, la libération accordée aux opprimés !

Alors comment ne pas rendre grâce, si nous croyons cela ?
Comment ne pas nous laisser saisir et ne pas ouvrir notre cœur ?
Comment dire encore que nous osons nous interroger sur l’actualité de l’Evangile ?
Comment ne pas repartir d’ici avec cette Bonne Nouvelle que, aujourd’hui, cette Parole s’accomplit pour chacun d’entre nous ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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