A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 30 octobre 2010

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 10 octobre 2010

Bien souvent, on entend à droite et à gauche que l’on se plaint volontiers de telle ou telle impolitesse. J’ai, personnellement, en mémoire quelques cas où j’entends encore dire : « Même pas un merci ! Ils auraient au moins pu remercier… ! ».
Il faut bien croire, à s’en référer à saint Luc, que cela ne date pas d’aujourd’hui, puisque 10% seulement des lépreux trouvaient le chemin pour revenir vers Jésus.
Mais bien plus que d’une banale histoire de convenance sociale et de politesse, ce passage de l’Evangile nous relate une vraie démarche de foi. Démarche qui se déroule à un moment bien particulier puisqu’à nouveau est fait mention de la Ville Sainte vers laquelle Jésus chemine pour y accomplir sa mission et y souffrir sa Passion. Ainsi tous les signes qu’Il accomplit chemin faisant trouvent leur signification dans l’annonce de l’imminence du Royaume. Le Règne de Dieu est là, tout près de vous … Ils sont, par ailleurs, toujours exploités et récupérés par le camp des opposants féroces que sont le scribes et les Pharisiens.
Le récit de ce jour pourrait se décompenser en trois temps qui sont autant d’unités de sens : le premier est celui qui évoque ce groupe de lépreux venant à Jésus ; le deuxième relate l’ordre de Jésus et la guérison chemin faisant ; le troisième, enfin, raconte le retour en action de grâce du Samaritain.

I.- Les lépreux venant à Jésus ou la dernière chance.

Alors que Jésus chemine vers Jérusalem et qu’il pénètre dans un village, dix lépreux viennent à sa rencontre. Ils gardent une bonne distance entre eux et Jésus, faisant preuve de bon sens au vue de la maladie qui les affecte, et respectant par là la prescription juridique du Lévitique : « le lépreux est impur aussi longtemps que le mal qui l’a frappé est impur ; il habite à part et établit sa demeure hors du camp » (13, 46). En effet, pour Israël, la lèpre est considérée comme une impureté et coupe le malade de toute vie sociale.
Les lépreux respectent cette consigne. Ils viennent, pourtant, vers Jésus comme s’ils avaient rendez-vous avec la dernière chance. Personne ne peut les guérir de leur mal, personne ne peut les réintégrer de fait dans la normalité d’une vie sociale. C’est le prêtre qui, à l’époque, plus juge que médecin, est chargé de constater le mal, donc l’impureté, et éventuellement sa disparition. Ils vont vers Jésus. Sans doute sa renommée les a-t-elle rejoints. Ils se disent que lui, enfin, pourra faire quelque chose.
Ils l’appellent : « Maître ». Et c’est la seule fois dans l’évangile de Luc où un non-disciple interpelle ainsi Jésus. Ils savent, au fond d’eux-mêmes, qu’Il est un prophète puissant en paroles et en actes. Si c’est intéressés qu’ils sollicitent ardemment le secours du Christ, ils n’en confessent pas moins sa puissance et sa seigneurie.

II.- L’ordre de Jésus et la guérison chemin faisant ou la parole qui sauve.

L’ordre de Jésus fait suite à la demande des lépreux. Demande surprenante : ils ne le supplient pas de leur guérir mais de les prendre en pitié : « Jésus, maître, prends pitié de nous ! ». C’est-à-dire de les mettre, de les rétablir plutôt, dans la grâce de Dieu.
Les lépreux pourraient à bon droit être déçus. La réponse que leur fait Jésus n’est pas une guérison immédiate, comme à d’autres moments de l’Evangile, bien qu’ils ne la demandent pas explicitement. Ils laissent toute latitude à Jésus de faire ce que bon lui semble. Ce dernier se contente d’une parole : « Allez vous montrer aux prêtres », à ceux-là mêmes qui ont déjà constaté leur impureté, ceux-là qui devraient maintenant authentifier leur guérison. Mais Jésus n’a rien fait. Il a leur a simplement demandé d’aller se montrer aux prêtres, prenant garde de bien respecter, une nouvelle fois, la consigne du Lévitique.
La guérison que les lépreux espèrent et attendent est un remède à leur mal physique mais aussi, et peut-être surtout, leur réintégration à la vie sociale. Pensons un instant quelle douleur engendrerait pour nous la nécessité de rester en marge de tout : de contact avec notre famille, nos amis, l’impossibilité d’approcher qui que ce soit et d’être considéré comme un paria, un être impur frappé de la malédiction divine.
« En cours de route, ils furent purifiés », dit saint Luc.

III.- Le retour en action de grâce du Samaritain ou de la guérison au salut.

Sur les dix qui ont supplié Jésus de les prendre en pitié, un seul, un étranger, un Samaritain, un homme qui ne partage pas la foi d’Israël, revient. « Tous n’ont-ils pas été purifiés ? Et les neuf autres où sont-ils ? ». L’étranger, lui, rend grâce, se prosterne aux pieds de Jésus. Il est guéri. Guéri de sa lèpre, purifié de sa faute, rendu à la vie. Il offre son merci tel le sacrifice que la Loi prescrit d’offrir à celui qui est purifié.
Jésus, quant à lui, est saisi par le comportement de cet homme. Celui dont on attendrait le moins qu’il revienne ainsi est le seul à revenir. Ce lépreux vit un cheminement déroutant. D’une guérison fermement espérée, il vit du salut que le Fils de Dieu lui offre. La bonté de Dieu et sa largesse se manifestent en Jésus. Quand il prend en pitié, il donne bien plus que nous n’osons demander ou même espérer. Le lépreux samaritain est comblé de plus grand bien.
Il est guéri, purifié et sauvé. « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! ».

1. Les dix lépreux laissent toute liberté à Jésus pour leur témoigner de la grâce. Ils ne marchandent pas, ne demandent rien. Ils supplient d’être pris en pitié.
2. Ils obéissent à l’ordre de Jésus, sans forcément le comprendre. C’est là que survient, pour eux, la guérison, dans leur abandon à cette parole qu’ils estiment efficace.
3. Seul le Samaritain vient rendre grâce, offrant ainsi le plus beau sacrifice, celui de la louange. Il est non seulement guéri : il est sauvé, parce que s’étant rendu disponible à l’œuvre en lui de Dieu.
Puissions-nous en tirer les conclusions qui s’imposent lorsque nous venons au Christ et que nous le prions.

AMEN.

Michel Steinmetz †

Aucun commentaire: