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samedi 30 octobre 2010

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 31 octobre 2010

Toujours suivi de son groupe de disciples, Jésus parvient à la ville de Jéricho, dans la vallée du Jourdain, ultime étape avant la montée vers Jérusalem. Tout à coup, la nouvelle se répand : le guérisseur galiléen vient de rendre la vue à un aveugle ! La foule en liesse se presse dans les ruelles étroites de Jéricho et acclame celui que l’on tient pour le Messie attendu.
Il y avait un homme du nom de Zachée : il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche, personnage important à la tête de la perception des taxes dans cette ville frontière mais souverainement méprisé. Il travaille à la solde des Romains et, comme la plupart de ses confrères, il "se sucre" généreusement sur le dos de ses compatriotes. Belle demeure, grand train de vie, serviteurs en nombre...
Ce petit voleur, sans s’en douter, entreprend une démarche capitale : il tient beaucoup à VOIR JESUS. Curiosité ? Pour cela, il abandonne ses affaires, sort de sa demeure, butte sur une foule qui lui tourne le dos et l’empêche de voir le héros. Loin de se rebuter, emporté par son désir, il invente le moyen d’arriver à ses fins : se faufiler derrière tout le monde, prendre de l’avance et braver le ridicule en montant sur un arbre. Mais là, au moins, il est certain de VOIR.

Beaucoup de chrétiens restent enclos dans un système de croyances, de bonnes mœurs et de rites : ils ne cherchent plus. Beaucoup d’incroyants demeurent enfermés dans leurs certitudes et leurs préjugés : ils ne cherchent plus et empêchent certains de rencontrer la personne de Jésus le Christ. Comment ne pas rebuter les Zachée d’aujourd’hui ?...
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : " Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi". Zachée voulait voir et il est vu. Il entend un appel personnel : ne cherche pas dans les hauteurs, redescends sur terre, saisis l’occasion unique. Ce jour peut devenir pour toi l’ « aujourd’hui » de la grâce, le tournant capital de ta vie. Vite il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : " Il est allé loger chez un pécheur ! "
Non seulement il faut chercher et prendre les moyens de voir mais il faut aussi écouter l’appel et y répondre. Jésus n’est pas une vision curieuse, une émotion fugace : il veut entrer dans nos maisons, même, et surtout, chez un grand pécheur ! Joie de Zachée : il s’est laissé cueillir comme un fruit mûr. Jésus ne l’a pas accablé de reproches, écrasé de culpabilité, il n’a pas exigé au préalable confession, contrition et pénitence.

Quel cortège ! Dans Jéricho qui a repris ses occupations ordinaires, tout à coup on voit revenir Jésus et sa bande. Et en compagnie de qui ? Ce maudit Zachée, ce collabo, ce voleur promis à l’enfer ! Comment Jésus ose-t-il se compromettre à ce point jusqu’à pénétrer dans une maison infâme où nul pharisien n’aurait jamais mis les pieds ! A cet endroit, il y a un vide dans le texte : que se passe-t-il à l’intérieur de la maison ? Sans doute, Zachée a sonné le branle-bas pour organiser une grande réception. Quant aux disciples, ils doivent s’étonner de la conduite du maître, tout en se réjouissant du bon repas qu’ils vont déguster. Soudain le publicain se lève. Quel "toast" va-t-il porter ?
Mais Zachée s’avançant, dit au Seigneur : " Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus". L’invitation, l’hospitalité, le repas, la conversation, l’amour ont été premiers, avant un discours moralisateur. Leur effet ? La conversion, le changement total, la décision publique de réparer ses torts ! Jésus ne lui a pas demandé de vendre tous ses biens ni même de changer de métier. Zachée, de lui-même, a compris : il voit qui est Jésus. Non un héros que l’on admire, une vedette que l’on applaudit mais quelqu’un dont la seule présence déclenche l’ouverture du cœur.
Alors Jésus dit à son sujet : " Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison car lui aussi est un fils d’Abraham. Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu."

Le salut est donc la rencontre de deux recherches : de l’homme perdu à cause de son enchaînement à l’argent, et surtout celle de Jésus, devenu homme pour libérer les hommes entravés par leurs passions. Zachée un vrai "un fils d’Abraham" : comme le patriarche avait cru en la promesse de son Dieu, ainsi a-t-il cru que Jésus était celui qui pouvait le faire entrer « aujourd’hui » dans le Royaume de Dieu. Il devient un "grand" homme, libéré de son idolâtrie.
Le publicain rencontré dans le Temple la semaine dernière n’osait pas lever les yeux vers le ciel. Le publicain Zachée, croisé cette semaine sur la route de Jéricho, ne lève pas non plus les yeux vers Jésus pour la simple raison qu’il est prestement grimpé dans un arbre. Mais ces deux hommes aux yeux baissés ont croisé le regard de la Miséricorde. Le publicain du Temple a été pris en pitié ; le publicain de Jéricho a été sauvé. Les yeux, que les deux publicains tiennent baissés, ne les enferment pas en eux-mêmes. Simplement, ils atténuent l’accessoire pour se concentrer sur l’essentiel. Zachée baisse les yeux vers Jésus ; Jésus lève les yeux vers lui. Leurs regards se croisent et Zachée comprend que Jésus ferme les yeux sur son péché : il ne l’y enferme pas. Mais Lui, le Saint de Dieu, vient demeurer chez celui qu’il a purifié du regard. La transformation de Zachée est immédiate. Le voleur rend plus qu’il n’a volé : il entre dans la dynamique de la surabondance de Dieu.
Dans l’étourdissement des jours, mille et une choses retiennent notre attention et nous dispersent. Nous devenons, comme Zachée, trop petits pour voir Jésus. Alors prenons de la hauteur ! Que savons-nous de la grâce qui nous attend ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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