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samedi 30 octobre 2010

Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 5 septembre 2010

« C’est mon choix ! ». Qui d’entre nous n’a pas entendu parler, une fois au moins, de la soi-disante emblématique mais défunte émission de télévision ? « C’est mon choix ! », nous proposait de découvrir des anonymes ou des célébrités qui avaient fait un choix dans leur existence, choix souvent extravagant ou immoral, mais choix, parce qu’étant le leur, se trouvant de la sorte légitimisé.
« C’est mon choix ! », pourrions-nous dire aujourd’hui. « C’est mon choix que de suivre le Christ et de le préférer à tout ! ». « C’est votre choix, le choix que vous avez à faire ! », nous interpelle Jésus. Choix difficile, cornélien, incompréhensible, voire même scandaleux... Qui peut en effet comprendre les volontés du Seigneur ? « Les réflexions des mortels sont mesquines et nos pensées chancelantes ». Le Seigneur nous promet le bonheur et en même temps nous demande de renoncer à nos aspirations les plus naturelles, les plus légitimes, les plus vitales : l’amour des parents, d’un conjoint, d’un enfant, son amour-propre. Par le dépouillement de ce que nous avons et de ce que nous sommes, Il nous invite à aller au plus profond de nous mêmes, à aller jusqu’à faire don de notre vie pour qu’Il puisse vivre en nous.
Ainsi sommes-nous vivement interpellés par la radicalité demandée par Jésus, une radicalité qui va à l’encontre de nos sentiments habituels ; de même devant un tel choix, et pour le faire en vérité, il nous faut prendre du temps pour la réflexion ; enfin, il est nécessaire de bien saisir l’enjeu et la portée de cet engagement.

I.- Une radicalité qui va à l’encontre de nos aspirations communes.

A la foule nombreuse qui le suit, Jésus déclare : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, ses enfants, ses frères et soeurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Sûrement que la foule des disciples à suivre Jésus après ces paroles est moins nombreuse... L’auteur du Livre de la Sagesse identifie bien le problème : « Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ». Alors, effectivement, il n’est pas étonnant que nous peinions quelque peu à comprendre les volontés du Seigneur.
L’auteur biblique poursuit par une note d’un optimisme foncier : ce n’est pas une vaine entreprise que de vouloir saisir les projets divins. Pour cela, Dieu lui-même nous envoie d’en haut son Esprit-Saint. Et d’un trait, nous passons, vous l’aurez remarqué, d’une ambition humaine à une attitude spirituelle. On ne comprend vraiment la volonté du Seigneur que dans l’accueil de l’Esprit, qui n’est rien d’autre que l’œuvre même de la prière ! Quand nous sommes assoiffés de reconnaissance, d’amour, de richesse, de jouissance, quand nous nous livrons à une course effrénée vers tous ces plaisirs, dans la prière, il nous est possible de discerner que nous faisons fausse route, que le Christ, pour notre bonheur, nous invite sur un autre chemin.

II.- Prendre du temps pour la réflexion.

Un avocat connu et médiatique a un jour déclaré « Mon ego-centrisme, ma quête de reconnaissance, je les confesse. Après tout, tant qu’à faire, si je n’y ai pas droit un jour au ciel, au moins j’en aurai un peu profité ici ». Nos aspirations sont très souvent liées à l’immédiateté : nous voulons tout et tout de suite. C’est vrai, on ne sait pas de quoi l’avenir va être fait, alors autant en profiter abondamment ici et maintenant !
Saint Luc lie à l’exigence de radicalité – tout quitter pour suivre le Christ et ne rien préférer à lui – deux paraboles : l’une étant celle de l’homme qui désire construire une tour, l’autre celle du roi qui part en guerre, nous l’entendions. Ces deux paraboles ayant ceci en commun qu’elles nous interpellent sur la réflexion indispensable avant tout projet que l’on désire mener à son terme. Qui d’entre nous n’a jamais pris le soin et le temps, avant une décision importante de sa vie (un mariage, une réorientation professionnelle…) ou avant de s’engager financièrement, de s’asseoir, de prendre le temps de réfléchir, d’être conseillé, de budgétiser… ?
C’est encore l’œuvre de la prière que de nous laisser le temps du discernement, que de nous ajuster à la volonté de Dieu.

III.- L’enjeu et la portée de cet engagement.

La radicalité évangélique nous déroute ; nous avons besoin de temps, de prière pour ajuster nos vues humaines à la logique de Dieu. Une fois, cependant, que nous avons saisi la portée de ce à quoi nous invite le Christ, alors nous pouvons nous engager joyeusement à sa suite. Car la vie avec le Christ suppose des choix. Elle exige de nous d’établir des priorités et de nous y tenir.
Toute existence suppose des choix : celui qui voudrait tout faire ou tout avoir se retrouverait vite inoccupé, inefficace et sans rien faire. Il n’est donc pas étonnant qu’il en aille de même dans la vie chrétienne. Le Christ nous prévient : les choix sont clairs. Il nous faut, pour le suivre, ne rien aimer plus que Lui (c’est l’autre traduction possible du verbe « préférer »). Il est de notre vie et le sens et la finalité. Nos relations aux autres, à nos biens matériels, à nous-même doivent passer par le spectre de la relation avec lui. Nous ne pouvons aimer en dehors de son Amour. Nous ne pouvons rien désirer qui s’oppose aux valeurs de l’Evangile.


L’exigence abrupte posée par Jésus peut nous effrayer : nous nous disons peut-être que nous ne sommes pas capables ou désireux d’aller jusque là, qu’une vie fondée sur la privation n’est pas de notre goût ? Il faut alors nous rappeler que tout choix suppose que l’on se prive de ce qu’on délaisse. Dans le mariage, on épouse un conjoint pour délaisser tous les autres. En choisissant telle profession, on abandonne les autres.
N’oublions pas que le chemin de la Croix débouche sur la lumière de Pâques. Alors nos choix faciles ou douloureux sont tous orientés dans la même direction : ils nous conduisent à la vraie vie. Quand il nous semble que nous nous dépouillons, ne nous rendons-nous pas disponibles aux richesses du Royaume ?

AMEN.

Michel Steinmetz †

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