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samedi 30 octobre 2010

Homélie du 18ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 1er août 2010

Il était fier, cet homme de la parabole, légitimement fier ! Il avait travaillé, sa terre avait produit. Il entasserait son blé, il aurait des réserves pour de nombreuses années. Il pourrait se reposer, jouir de l’existence.
Jésus nous parle ainsi d’un riche fermier, tirant de ses biens fonciers un profit croissant. Habile homme d’affaires, il calcule ses revenus et décide de construire de nouveaux entrepôts. Il réinvestit ses bénéfices, au lieu de les partager avec ses ouvriers.
Jésus met donc le doigt sur l’instinct de propriété qui se cache derrière ce type d’entreprise, par ailleurs si naturelle : stocker pour se protéger des coups du sort, s’assurer contre les risques et les concurrents.
Aujourd’hui comme autrefois, il y a tant hommes parmi nous qui sont fiers eux aussi d’avoir réussi à la force du poignet. Ils ont acquis une situation stable. Leur avenir est assuré.

I.- S’assurer une situation

Parmi eux, il n’y a pas seulement des hommes et des femmes plus âgés qui ont acquis une bonne retraite, qui se sont assurés de gros revenus. Il y a tous ces hommes et ces femmes qui s’efforcent d’exceller dans leur profession, qui luttent sans cesse pour gagner plus, pour remporter des marchés, qui sont des « battants » dans notre société compétitive. Il y a aussi tous ces jeunes qui espèrent réussir mieux encore dans cette course au profit et à l’argent. S’il est vrai que l’argent ne fait pas le bonheur, du moins il y contribue considérablement. En tous cas aujourd’hui il est indispensable pour pouvoir consommer davantage.
Il y a aussi parmi nous tant d’hommes et de femmes qui ont lutté et luttent encore pour être et demeurer de bons chrétiens, pour rester fidèles, pour obéir aux lois et aux commandements de l’Eglise. Ils ont bien du mérite.
Mais voilà ! Jésus réagit autrement : « gardez-vous, dit-il, de toute âpreté au gain, car la vie d’un homme fut-il dans l’abondance ne dépend pas de ses richesses. »

II.- Avoir plus

En effet, ce qui intéresse le riche propriétaire de la parabole, c’est simplement avoir, entasser, engranger. De même, ce qui intéresse les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui réussissent, c’est non seulement de gagner, d’amasser pour assurer l’avenir, mais surtout d’avoir toujours plus. Il n’y a que les premiers millions qui coûtent. Il suffit de les placer à la banque, ils font des petits. Dans le monde nous passons souvent notre temps à thésauriser. Bon nombre de discours nous incitent d’ailleurs à développer le « chacun pour soi» et le « chacun chez soi ».
Et ce qui intéresse ceux qui ont obéi aux lois et aux commandements, c’est ce qu’ils ont acquis : nombreux mérites et vertus.
Tous ces gens ne sont plus eux-mêmes ; ils ne sont plus que ce qu’ils ont : un grenier bien rempli, une bonne situation ou un bon compte en banque, une conscience en paix ! C’est ainsi que Dieu leur dit : « Insensés ! » « Vous êtes fous : cette nuit même on vous redemande votre vie et ce que vous aurez mis de côté qui l’aura ? »
Ainsi, aux yeux de Dieu, ce n’est pas ce qu’il possède, même s’il en est fier, qui donne du prix à l’homme. Car tout cela est périssable. L’évangile oriente notre regard non vers une richesse matérielle de plaisirs éphémères, mais vers une richesse de l’être. Ce qui donne du prix aux yeux de Dieu, c’est ce que l’homme est.

III.- Finalement, être et non avoir.

L’être est bien plus important que l’avoir. Le riche propriétaire de l’évangile qui ne pense qu’à son grenier, est-il encore capable de voir autour de lui tous ceux-là qui ont faim ? Tous ceux qui sont malheureux et qui manquent de tout ? Et celui qui a réussi, comment regarde-t-il ceux qui ont échoué ? Sont-ils seulement à ses yeux des malchanceux, des minables ou des paresseux ? Le chrétien vertueux, quel regard porte-t-il sur ceux que l’on dit pécheurs ? Et cependant, nous dit Dieu, ce qui compte pour moi c’est l’homme. C’est lui qui a du prix et est impérissable.
Comment donc être riche aux yeux de Dieu ? Bien sûr en partageant. Nous croyons que nous nous enrichissons en amassant, en amusant avec les pièges tendus aux consommateurs que nous sommes et, tout en gardant bonne conscience, nous nous trompons d’itinéraire.
Le bonheur de l’homme, pour Dieu, passe nécessairement par le bonheur de l’autre ! Ne se sentons pas plus heureux quand on peut partager avec quelqu’un une joie personnelle ? Ces moments de partage et de rencontre resteront souvent inoubliables tandis que les plaisirs égocentriques disparaissent comme de la fumée. Nous pouvons donc comprendre très concrètement ce que signifie s’enrichir en partageant.

Si l’on ne cesse de nous dire depuis des mois que nous traversons une crise, la pire crise financière et économique de notre monde capitaliste, ou bien que nous en sortons pour les plus optimistes, chrétiens, nous osons nous laisser interpeller par des valeurs peut-être trop vite oubliées. Il y aurait donc une manière salutaire, pas forcément aisée mais heureuse, de traverser cette crise. Il y aurait là un moyen de nous recentrer sur l’essentiel. Essayons de casser l’isolement dans lequel la vie moderne nous enferme souvent, pour recréer le tissu communautaire et faire renaître le partage qui grandit l’homme et le rapproche de Dieu !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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