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samedi 30 octobre 2010

Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 octobre 2010

Homélie prononcée en l'église Notre-Dame de la Nativité de SAVERNE, à l'occasion de l'assemblée générale de l'Union Sainte Cécile

« Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours, et tu n’entends pas, crier contre la violence, et tu ne délivres pas ! ». Cette intense supplique du prophète Habacuc retentit à l’époque où Jérusalem est assiégée à plusieurs reprises, des Juifs sont déportés. Un drame se joue dans et pour la communauté des croyants. Par delà ce cri désespéré, le témoignage du prophète est d’abord celui du fidèle qui, désemparé, en appelle à Dieu dont l’action dans l’Histoire est devenue incompréhensible.
N’est-ce pas aussi la prière révoltée de notre humanité contemporaine ? Quand la haine de l’autre, la violence barbare, la justice du plus fort semblent l’emporter partout sur notre terre, quand les fanatismes et les idéologies se déchaînent ?
N’est-ce pas là la demande de toutes les époques ? N’est-ce pas là, tout compte fait, la demande des Apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi ! », donne-nous plus de foi, assez foi pour faire changer les choses ? Et n’est-ce pas là notre réaction : Seigneur, donne-nous la foi nécessaire pour tenir bon ?

I.- La vie est la même pour tout le monde

En mots très précis, le prophète Habacuc ose demander des comptes à Dieu. « Pourquoi m'obliges-tu à voir l'abomination et restes-tu à regarder notre misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. » Ce n'est pas « parce qu'on a la foi » que tout devient facile ou rose. La vie est et reste la même pour tout le monde. Celui ou celle qui vit dans la foi n'en n'attend rien d'autre que d'être en relation réelle avec lui. Et cette relation est vivante : chemin faisant, dans le déroulement même de la vie, elle se développe, elle se vit jusque dans le cri de la douleur, elle s'affine dans sa vérité.
La réponse du Seigneur, c’est l’invitation à la confiance, une invitation qui repose sur la justice et la fidélité : « le juste vivra par sa fidélité. » Le prophète, comme les croyants que nous sommes, peuvent crier leur révolte, mais c’est dans la justice et la fidélité – acte de confiance de l’homme droit – qu’ils trouveront la réponse du Seigneur. Un vaste programme pour le croyant qui cherche Dieu !

II.- Celui qui a la foi reçoit de la foi

Et si nous lisons la deuxième lettre à Timothée dans ce même esprit de simple serviteur, nous pouvons y trouver des motifs de confiance et d’espérance. Pour devenir toujours davantage de bons serviteurs de l’Évangile, il s’agit bien de nous laisser travailler par l’Esprit de Jésus pour réveiller et développer en nous les dons que nous avons reçus. Nous avons à faire place à l’œuvre de l’Esprit, à avoir une perspective d’humilité qui refuse l’autosatisfaction, mais qui rejette aussi la peur et la honte. À la naissance de l’Église comme aujourd’hui, le vrai serviteur de la communauté s’efface devant le Christ qu’il faut annoncer à temps et à contretemps. Pour grandir dans la foi, aimer comme il nous a aimés, enseigner comme il nous l’a commandé, nos forces n’y peuvent rien, seul l’Esprit assure cette mission en nous.
Peut-être qu’il est bon de se le redire ce matin, choristes et serviteurs de la liturgie rassemblés ici. Quand il s’agit de penser un travail en commun, il est certes nécessaire de se former mais la première disposition que l’on doit avoir, celle préalable et fondamentale, c’est l’ouverture à l’Esprit. Dans ce que je fais pour servir la liturgie, ai-je l’intention de le faire de manière évangélique ? Le fais-je avec foi et attention ou en échangeant des nouvelles du haut de la tribune ? Dans le service que je rends, est-ce que j’accepte d’être un serviteur parmi d’autres ? Serviteur important, mais serviteur avec d’autres, serviteur du même Seigneur et Maître ?

III.- Quelle que soit la grandeur de la foi …

Enfin, regardons le texte de l’Évangile de Luc dans la même perspective. Etre de simple serviteur, c’est sortir du possible de nos pensées et de nos actions mûrement réfléchies et que nous défendons avec conviction, pour nous en remettre à l’action de l’Esprit Saint qui peut bouleverser ce qui peut paraître comme immuable : habituellement, les arbres sont plantés dans la terre ! C'est se rendre libre et disponible à l’action de l’Esprit pour rendre possible ce qui ne l’était pas et par elle, avoir part à la force de Dieu.
À son retour des champs, le serviteur devra faire son service quotidien, avant de penser à lui. Il préparera la table et servira le maître. C’est seulement lorsque celui-ci aura mangé et bu qu’il pourra songer à se restaurer. En agissant ainsi, le serviteur n’aura fait que son devoir, il ne pourra revendiquer un supplément de salaire. Le serviteur n’en est pas inutile pour autant…
Les Apôtres doivent être dans l’état d’esprit de ce serviteur : quand ils auront accompli ce qui leur aura été commandé, ils n’auront pas à réclamer une récompense particulière, ni à se glorifier de leur œuvre : ils n’auront fait que ce qu’ils devaient faire. C’est à travers nos gestes d’amour et de service, les plus modestes soient-ils, que nos frères peuvent découvrir qu’ils sont aimés de Dieu. Les serviteurs de l’évangile ne sont pas inutiles, ils sont quelconques, mieux encore ils sont de simples serviteurs car Dieu agit en eux.

Reconnaître avec humilité que l’on n’a fait que son devoir, n’est pas méconnaître la valeur des œuvres : elles n’en sont pas moins méritoires, et le maître saura les récompenser. Quand nous désespérons de tout, puissions-nous nous souvenir que, comme les Apôtres, notre peu de foi ne nous dispense pas de rester les bras croisé ! Bien au contraire, nous avons le devoir de faire de grandes choses avec ce peu de foi. Quand nous aurons fait notre devoir, gardons-nous de la gloriole facile : nos chevilles n’ont pas à enfler … car « nous n’aurons fait que notre devoir ».
Dom Helder Camara disait : « N’oubliez pas que pour la plupart des gens, le seul évangile qu’ils liront sera le témoignage de votre vie». Si c’est cela être simple serviteur, nous devons et nous pouvons être les uns pour les autres chemins de l’amour de Dieu. Osons nous mettre en état de service !

Michel Steinmetz †

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