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mercredi 11 avril 2012

Homélie du Mercredi des Cendres - 22 février 2012

Notre monde a pris un goût de cendres. Les cendres ne signifient plus seulement la poussière de notre mortalité ; elles sont aujourd'hui le résultat de notre violence collective. Cendres d’une société qui se délite dans ses repères, dans sa quête de valeurs. Les cendres signent notre autodestruction, nos espoirs déçus. Elles marquent notre péché, le contraire même du projet de Dieu. Mais il n'y a pas de cendres sans feu ! Le mystère pascal commence par le Carême et s'accomplit à la Pentecôte. Comme toujours, la foi renverse l'ordre des choses : au début, les cendres ; à la fin, les langues de feu ! Il s'agit de passer de la nuit à la clarté du jour, de la servitude à la liberté, de l'errance à l'alliance, de l'offense au pardon, de l'angoisse à la paix, de la solitude à la communion, des ténèbres à la lumière, de la rupture à la réconciliation et, finalement de la mort à la vie ! D'êtres éteints, il s'agit de devenir lumières.
Chaque année la quarantaine du Carême ravive en nous la grâce du baptême. Accompagner un adulte, des jeunes enfants en âge scolaire, nous rappelle que notre engagement baptismal n’est pas scellé une fois pour toutes au-dessus d’une cuve baptismale ; il est un dynamisme, une puissance de vie divine qui nous est offerte. Parce que le péché, notre si maigre capacité à demeurer dans l’espérance finissent par avoir raison de cette grâce, il faut sans cesse en revenir à la source. « Rends-moi la joie d’être sauvé », nous faisait chanter le psalmiste (Ps. 50, 14).

I.- Le baptême, pour une identité nouvelle en Christ
Le carême est d'abord et avant tout un temps de transformation, de transmutation... Renaître à la vie, à la liberté, à la tendresse, à la compassion ! Il s'agit de se laisser attirer par un amour brûlant, envahir par un goût de la vie, par une passion pour l'homme, entraîner dans une communion qui transfigure tous les vivants. Il s'agit d'implanter l'Evangile dans le vif de nos vies ! Au baptême, notre identité spirituelle est modifiée : nous devenons enfants de Dieu de manière irrévocable. Nous entrons dans le mystère d’Alliance. Nous sommes membres du peuple des sauvés.
Nous recevons ce soir les cendres, en un signe d'humilité, signe de notre condition humaine, signe surtout, et avant tout, d'un malheur dont nous sommes aujourd'hui sauvés. « Rends-moi la joie d’être sauvé. »

II.- Le baptême, pour entrer dans la vie éternelle
Nous croyons que la braise couve sous la cendre, nous croyons que le feu renaîtra. Parce que nous avons été plongés dans le mystère d’amour de Dieu, parce au seuil de notre existence chrétienne, marqués du signe de la croix comme vous venez de l’être, Guillaume, nous sommes configurés à la croix du Christ, pour mourir à nous-mêmes et revivre en Lui. Le catéchumène demande le baptême à l’Eglise pour recevoir d’elle la foi et la vie éternelle. Nous savons dès lors que ce qui est éternel en nous, ce qui aura été fondé, au cœur de notre vie, dans l’amour et la présence de Dieu, cela passera la mort et sera sauf, préservé, c’est-à-dire sauvé.
Nous recevons les cendres, pour dénoncer nos multiples morts et renaître à notre propre vie. Nous recevons les cendres pour communiquer le feu. Il brûle et purifie, dans une passion de vie, toutes les mesquineries, manques de vitalité et complaisances avec le désespoir. « Rends-moi la joie d’être sauvé. »

III.- Le baptême, pour demeurer dans la foi
Le baptême nous rend capables de Dieu : nos fragilités et nos pauvretés ne sont plus un obstacle infranchissable pour vivre de Sa vie. Pour nous aider à demeurer en Dieu, à persévérer, l’Eglise nous donne en partage le Symbole de la Foi, le Credo, si court finalement et pourtant si riche. Nous le dirons tout à l’heure pour le confier à celui qui marche vers le baptême, à la rencontre du Sauveur. Parce que le Christ désire nous intégrer à la propre vie qu’il tient de son Père, il nous offre les mots de sa prière, à chaque fois qu’il nous permet de dire : « Notre Père ». Ce trésor de la prière, auquel toute prière personnelle doit se référer comme action de grâce, demande et confiance en la volonté de Dieu, nous le partagerons de même avec vous, Guillaume.
Auparavant, nous aurons reçu les cendres pour nous rappeler que nous tenons tout de Dieu lui-même. De même que la lumière blanche se diffracte en différentes couleurs, le mystère pascal présente des phases très contrastées, mais il n'est qu'un seul mouvement. « Rends-moi la joie d’être sauvé », c’est entrer déjà dans le salut.
Recevoir les cendres et communiquer le feu : c'est tout un. C'est entrer en un chemin où il n'y aura plus d'impasse, ni de mort... Mystère de notre foi. Alors notre geste de recevoir les cendres, les nôtres, celles de nos frères, celles des ruines de partout, a un sens. Solidaires du monde entier, nous sommes appelés à être transfigurés, à renaître de nos cendres, à recevoir les langues de feu ! Mais c'est à travers le feu au cœur même de la nuit, de la détresse parfois, de la souffrance, si proches alors de la croix victorieuse du Ressuscité. Ce Carême sera l’occasion pour nous de revenir à notre baptême et de « ne pas laisser sans effet la grâce venue de Dieu. » (2 Co 6, 1)

 
AMEN.

Michel STEINMETZ †

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