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samedi 14 avril 2012

Homélie du 2ème dimanche de Pâques "in albis - Profession de foi des jeunes - 15 avril 2012

Aujourd’hui, quand il s’agit de la religion, presque tout le monde doute. Mais c’est souvent un doute nébuleux, peu précis. Nous doutons mais, souvent, nous ne savons pas précisément de quoi nous doutons. Nous remettons peut-être même plus de choses en cause, que nous ne doutons véritablement. C’est parce que nous ne savons pas précisément ce que nous croyons. Nous croyons, peut-être, mais vaguement, donc nos doutes aussi sont aussi vagues que nos possibles assurances. Si nous croyons en Dieu, nous ne savons pas exactement en quoi nous croyons, et nous ne croyons pas avec certitude, nous hésitons ; le doute est, pour beaucoup de croyants, intégral à la foi.

C’est peut-être inévitable aujourd’hui. Nous avons perdu l’ancienne culture chrétienne qui favorisait une foi commune et solide. Nous sommes entourés de tant de voix différentes, de tant d’opinions divergentes et contradictoires, qu’il est difficile d’affirmer avec certitude une seule foi. Cette certitude peut nous sembler même très peu souhaitable, comme si le doute était un rempart contre le fanatisme. Nous savons très bien que ceux qui sont trop certains, qui croient que leur système religieux ou politique est le bon système, s’imposent souvent avec violence sur les plus faibles. Nous avons appris qu’un peu de doute, un peu d’hésitation, peut nous rendre plus humain, et le doute est devenu presque une vertu.

Thomas semble correspondre très bien à cette mentalité moderne. Pour certains, il est même devenu patron des « douteurs ». Mais, ne nous y trompons pas, le doute de Thomas n’est pas le nôtre. Thomas n’est pas vague. Il doute, mais il sait exactement de ce dont il doute. Plutôt, il ne doute même pas ; il nie, il nie que le Christ soit ressuscité des morts. C’est parce qu’il sait ce qu’il croit ; il croit fermement que le Christ est mort, mort à jamais. Et c’est une certitude très raisonnable, parce que tout le monde sait qu’il est impossible de ressusciter d’entre les morts. Thomas ne veux donc pas croire le témoignage des autres disciples qui prétendent avoir vu le Christ vivant. Il ne leur répond pas : « Oui, peut-être, c’est possible, mais j’en doute ». Il dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous... je ne croirai pas ».

Le Christ ressuscité se montre alors à tous les disciples quand Thomas aussi est là. Il n’approuve pas le doute de Thomas ; il lui dit : « cesse d’être incrédule, sois croyant ». Pour Jésus, le doute n’est pas une vertu, ce n’est pas un élément intégral de la foi ; au contraire, il s’oppose à la foi. Thomas voit Jésus, et il croit. Il ne nie plus la résurrection. Son doute disparaît ; plutôt, sa certitude négative est remplacée par la certitude de la foi ; il dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Pour Jésus, ce n’est pas que Thomas qui peut croire ainsi, mais toutes les générations suivantes aussi : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. », et c’est ainsi que s’achève l’évangile de Jean, sur cette invitation aux croyants que nous sommes. Pour Thomas et pour Jésus, il ne faut pas faire du doute une vertu, il ne faut pas en faire un élément de la foi. La foi implique la certitude.

Mais ne savons-nous pas que la certitude est dangereuse ? L’histoire de notre siècle et l’histoire des guerres de religion ne nous montrent-elles pas clairement cela ? Bien au contraire, ce que l’histoire nous montre est que la certitude sans charité est dangereuse, que la certitude de celui qui veut s’imposer et ne se met pas au service des autres est dangereuse. C’est ce manque de charité qui s’oppose à la foi chrétienne, pas la certitude. Sans charité, notre certitude ne vaut rien, c’est-à-dire que sans charité notre foi ne vaut rien. Si la foi et la charité vont ensemble, la certitude de la foi prête sa force à l’amour du croyant. Thomas croit, et dans la force de sa foi il finira, selon la tradition, par donner sa vie pour l’évangile. Aimons-nous les uns les autres et, si nous aimons, n’ayons pas peur de croire.

Chers jeunes, vous n’avez pas de mal à vous reconnaître en la figure de Thomas. Notre monde ne vous aide pas, à vrai dire, à enraciner votre foi et à faire croître en votre cœur la foi de l’Eglise. Je veux bien croire, mais tel ou tel point me semble obscur, me paraît dépassé « has been ». Telle exigence de l’Evangile me semble irréalisable, telle demande de l’Eglise s’oppose à ma prétendue liberté. Plutôt que de vous arrêter à des obstacles, commencez par revenir à votre baptême, à ce don de l’amour de Dieu. Vous avez, chacun, chacune, du prix aux yeux du Seigneur. Comme Thomas, acceptez la main tendue de Jésus, acceptez sa présence ! Alors vous pourrez croire parce que vous aimerez.

AMEN.
Michel STEINMETZ †

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