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mercredi 11 avril 2012

Homélie de la Célébration de la Passion et de la Mort du Seigneur - 6 avril 2012

Nous venons d’entendre le récit de la Passion et de la Mort du Seigneur. Depuis hier soir, en fait, nous sommes plongés dans ces heures d’angoisse, de tristesse et de souffrance. Jésus, après avoir célébré le repas pascal, qui sera son dernier repas, gagne Gethsémani et demeure dans la solitude de la prière. Cette prière sera un combat : Jésus devra y conformer sa volonté propre à celle de l’amour de Dieu. Les paroles qu’Il a prononcées quelques instants plus tôt, Il lui faudra les vivre : son Corps sera livré, son Sang versé pour le salut de tous.
A partir du moment de son arrestation, Jésus sera traîné d’un endroit à un autre, malmené, raillé, rejeté de tous y compris de ses plus proches qui l’abandonneront et le renieront tour à tour. Voilà que ce Jésus, petit enfant devant lequel nous prenons plaisir à nous émerveiller à Noël, prophète puissant par les paroles et les actes que nous suivons tant les merveilles accomplies sont grandes, maître de sagesse évangélique quand il enseigne les foules et annonce le Règne de Dieu son Père, ce Jésus prend aujourd’hui les traits du Serviteur souffrant annoncé par Isaïe. Il est si défiguré qu’il ne ressemble plus à un homme. Il n’a plus figure humaine. Les plaies, les souffrances, les tortures nous font détourner le regard. « Il n’était ni beau, ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire » (Is 53). Cet homme n’a rien d’un Dieu. Cet homme n’a plus rien d’un personnage qu’on a plaisir à suivre. Au contraire.

Parmi les « qualités » que nous exigeons de Dieu, sa toute-puissance est sans doute la première. Celle que, précisément, Il ne semble plus avoir alors qu’Il va vers sa croix, celle encore que nous Lui reprocherons ou que nous Lui refuserons : comment Dieu est-il tout puissant en laissant le mal se déchaîner dans notre monde, dans nos familles ? Est-il donc tout-puissant, Lui qui ne peut éviter à son propre Fils une telle humiliation ? Jésus est-il un usurpateur ? Pouvons-nous mettre notre confiance en Lui ?

« C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. » Jésus n’est pas pris en défaut, il n’est pas le laissé-pour-compte de la cause divine. Dieu son Père ne l’abandonne pas, mais va jusqu’à consentir que l’ensemble de nos péchés, de nos souffrances, de nos fragilités reposent sur lui. C’est jusque là que va l’amour de Dieu. Si certains extrémistes, ces jours encore dans les tragiques événements vécus à Toulouse et Montauban, s’imaginent que Dieu a besoin de la force de l’homme pour affermir son authenticité et se faire respecter, nous ne pouvons être de ceux-là. Le Messie, qui s’est révélé dans les évangiles et que nous célébrons au cours de cette Semaine Sainte, n’a pas imposé son appel à la conversion par la puissance armée ni même par une puissance dialectique, mais en reprenant le chemin du Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe. En le contemplant aujourd’hui, mort sur la croix, nous reconnaissons que ses souffrances crucifiées là au gibet, ce sont les nôtres. Nous croyons que le péché du monde mis à mort, c’est celui qui nous fait tant souffrir. Nous espérons que la mort vaincue par sa mort est pour nous gage de résurrection.

Ainsi, chers amis, sommes-nous prêts maintenant à ne pas détourner notre regard de cet homme ? Avons-nous assez de foi pour voir en Lui le Fils de Dieu, Dieu lui-même, fidèle à son amour ? Irons-nous jusqu’à l’action de grâce devant ce Dieu qui va jusqu’à s’abaisser pour nous relever en Lui ? « Par ses blessures, nous sommes guéris. »
AMEN.

Michel STEINMETZ †

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