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mercredi 11 avril 2012

Homélie du Dimanche des Rameaux et de la Passion (B) - 1er avril 2012

Le bout de buis que nous emportons ce dimanche n’est pas un porte-bonheur, un gris-gris qui nous assurerait les bienfaits de Dieu en le plaçant sur nos crucifix, une assurance pour le salut de nos défunts, en le plantant sur la tombe de nos défunts. C’est le souvenir des rameaux que les gens coupaient aux arbres et agitaient en criant de joie au passage de Jésus qui faisait, comme un roi, sa Joyeuse Entrée à Jérusalem. Cette foule avait bien des raisons d’être enthousiaste car l’homme qu’elle acclamait était un descendant du grand roi David ; il s’appelait Ieshouah (qui signifie Sauveur) et il était réputé pour accomplir des guérisons miraculeuses. On en concluait donc qu’il allait enfin bouter dehors les occupants haïs et rendre enfin à Israël son indépendance nationale. Nombreux étaient ceux qui détenaient des armes et étaient prêts à donner leur vie pour la patrie.
Il fallut vite déchanter : au lieu d’ameuter les troupes zélotes et de foncer vers la citadelle du gouverneur Pilate, Jésus monta vers le Temple, pénétra sur l’esplanade et se mit à en chasser quelques marchands qui y vendaient des animaux pour les sacrifices. « Enlevez tout cela d’ici, cria-t-il, ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de trafic ». Il y avait suffisamment d’autres lieux en ville et aux alentours où se tenaient de tels marchés de bestiaux. Pourquoi en avoir installé un là sur l’esplanade ? Parce que le Grand Prêtre louait des emplacements aux marchands et profitait largement de ce commerce très lucratif. L’esclandre commis par Jésus dépassait donc toute mesure. C’est sans doute à ce moment-là, quand il apprit ce que ce soi-disant prophète galiléen avait osé faire, que le Grand Prêtre décida qu’il fallait l’éliminer au plus tôt. Si possible avant les festivités qui allaient débuter. Et en essayant d’en faire endosser la responsabilité par le Romain. Et en effet lorsque, quelques jours plus tard, le prisonnier Jésus fut présenté, ligoté, minable, démuni, à la populace, plus personne ne se leva pour l’acclamer ou le défendre. Ni les malades qu’il avait guéris ni même ses apôtres ne prirent sa défense. Les « Hosanna au fils de David » firent place aux hurlements : « A mort ! A mort ! Crucifiez-le ».

Pour montrer que nous ne voulons pas basculer du côté de ceux qui renient le Christ, nous accrocherons notre brin de buis à notre crucifix. Ce geste peu banal manifestera que nous avons compris la scène de l’Entrée des Rameaux. Que nous apprend-elle ? Si Jésus avait pris comme monture un petit âne, c’était pour réaliser l’antique prophétie du Livre de Zacharie qui disait : « Tressaille d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi s’avance vers toi ; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne. Il supprimera le char de guerre et il proclamera la paix pour toutes les nations. Sa domination s’étendra partout... » (Za 9, 9sq) Nous vénérons Jésus comme notre Seigneur ; nous proclamons que sa royauté lui a été acquise au Golgotha et que l’instrument de son supplice est devenu effectivement son trône.

Nous entrons ce jour dans la Grande Semaine, la Semaine Sainte, qui nous rappelle cet itinéraire de Jésus afin d’apprendre quelle doit être notre propre conduite aujourd’hui. Les célébrations liturgiques de ces jours revêtent une importance capitale puisque nous ne pouvons prétendre être chrétiens si nous ne suivons pas notre Sauveur sur son chemin d’abaissement pour arriver à la victoire de la Résurrection. Il nous faut donc avoir le courage de nous démarquer de la foule des indifférents et demeurer dans l’Eglise. A partir d’aujourd’hui, cette Eglise va accompagner son maître au long des journées qui ont suivi l’Entrée des Rameaux et surtout elle s’arrêtera aux grands moments.

Sommes-nous prêts à revivifier notre foi en ces heures bénies ? Sommes-nous d’accord de faire cet itinéraire ? Aucun autre chemin ne peut nous sauver. Il ne faut pas agiter un rameau puis tourner le dos au Christ et à son Eucharistie ! Lentement, au pas de l’âne, laissons-nous convertir : chaque Pâque nous christianise.
AMEN.

Michel STEINMETZ †

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