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samedi 25 avril 2020

Homélie du Saint Jour de Pâques - dimanche 12 avril 2020

Ce matin, tout s’éclaire. Non pas d’une lumière ordinaire, aussi agréable que printanière, mais d’une lumière de foi. La Semaine sainte qui s’est achevée cette nuit dans la célébration de la Vigile pascale a été inédite par bien des aspects : la pandémie qui sévit dans la plupart des pays avec son cortèges d’angoisses, de souffrances et de mort ; les mesures prudentielles qui s’imposent à nous en restreignant nos libertés individuelles ; le besoin criant d’une plus grande solidarité entre nous, notamment dans l’attention portée à l’autre. Et le confinement nous a empêchés de nous retrouver en Eglise, d’être saisis dans et par ce peuple auquel nous appartenons et qui soutient notre foi personnelle. Pourtant nous avons vécu les jours saints. Pour beaucoup cependant il demeure une faim non rassasiée : celle de l’eucharistie.
 
« Deviens ce que tu as reçu : le corps du Christ », dit le grand saint Augustin. C’est en communiant que nous comprenons notre relation au Christ. Depuis une semaine, nous nous sommes efforcés de mettre nos pas dans les siens, de communier à ses souffrances et à sa mort pour avoir part en sa résurrection. Et il vous faut demeurer privés du pain de l’eucharistie. C’est-à-dire ce qui, en nous, fait croître nos vies déjà ressuscitées. Certains parlent en ces jours d’une communion spirituelle. Mais nos communions habituelles, celles qui dépassent la virtualité, ne seraient-elles pas déjà spirituelles ? C’est-à-dire remplies de l’Esprit qui fait se lever Jésus d’entre les morts et qui sanctifie le pain et le vin que nous apportons à la table eucharistique. Je l’espère bien. Il conviendrait mieux de parler d’une communion de désir qui entretient en nous la faim du Christ. On dit que l’absence creuse le désir. Peut-être ce jeûne ecclésial et eucharistique nous fera-t-il percevoir avec plus d’acuité encore ce que nous avons la chance non seulement de célébrer de manière ordinaire, mais de recevoir.
 
Là où les disciples eux-mêmes étaient restés dans le doute alors que Jésus, progressivement, les avait introduits au mystère de sa mort et de sa résurrection, le signe du tombeau vide vient donner du sens. La vie livrée de Jésus, le scandale de la croix, se comprennent à la lumière de sa résurrection. Il lui fallait battre la mort sur son propre terrain, passer au travers d’elle. C’est cela que Jean saisit et confesse devant le signe du tombeau vide. « Il vit et il crut ».    
 
L’unique sacrifice du Christ sur la Croix – non réitérable – s’articule avec la donation sans reste de la vie du Christ dans l’action de grâce qui constitue nos célébrations. Dit autrement : nous recevons, nous célébrons ce qui nous est déjà donné, en vertu du baptême. Et nous voilà placés dans une tension qu’instaure dès à présent la résurrection du Christ et dont les apôtres feront, en premier, l’expérience déroutante. Le Ressuscité se rend certes présent et ils le reconnaissent. C’est le même – il porte les marques de sa crucifixion – et il est pourtant tout différent. Et voilà pourquoi nos eucharisties confinées ne peuvent que faire écran (c’est le cas de le dire) à cette réalité qui se communique. Nous demeurons unis par la prière commune, mais nous restons sur notre faim. D’abord parce que nous ne faisons pas l’expérience de ce que nous sommes : un peuple convoqué et rassemblé par le Seigneur ; ensuite parce que vous ne pouvez recevoir ce corps eucharistique de gloire. Pâques triste ? Pâques lointaine et sans effet ? Non pour autant.
 
En attendant, les foyers chrétiens que vous formez, chez vous, peuvent devenir de petites églises domestiques – des Ecclesiola.  Si le Dieu chrétien a pour Nom « Dieu avec nous » (« Emmanuel »), il est aussi ce Dieu « pour nous », depuis toujours et pour toujours, demeure concrètement avec son peuple – avec tout son peuple. Comme à travers le tombeau, que la résurrection de Jésus le fasse traverser tous les écrans. Déjà vous rayonnerez de sa gloire ! Déjà il vous sera réellement présent. Déjà il vous réjouira de le recevoir dans son eucharistie prochainement ! Et ce soir, nous pourrons dire en vérité que « le soir étant venu ce jour-là, le premier jour de la semaine, les portes du lieu où étaient les disciples étant fermées par crainte du virus, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » (Jn 20, 19).            
             
AMEN.
               
Michel STEINMETZ †

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