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samedi 25 avril 2020

Homélie de la Vigile pascale - Samedi 11 avril 2020

La pierre a été roulée sur le tombeau et la foule s’est dispersée. « Circulez, il n’y a rien à voir ! », croit-on entendre. Et personne ne s’est fait prier. De toute façon, il faut songer à autre chose maintenant : l’heure est à la fête de la Pâque. Il n’est plus temps de se lamenter. L’« aventure Jésus » semble bel et bien achevée. L’effervescence passée, chacun reprendra son existence, car la mémoire est bien souvent fragile.  Alors que d’aucuns parlent déjà des « jours d’après », comprenez de l’après-confinement, cette nuit à Jérusalem, certains festoient et d’autres, les apôtres et les saintes femmes sont autant confinés dans leur peur des Juifs que dans leur désespoir. Au milieu d’eux, Marie, la mère des douleurs qui a tenu, il y a quelques heures, entre ses bras le cadavre de son enfant. Pensez donc : le sabbat n’a même pas permis de vivre une vraie séparation, un deuil serein. Tout est allé si vite. Précipitamment il a fallu s’occuper du corps. Heureusement Joseph d’Arimathie et Nicodème étaient là pour prendre les choses en main. La vie s’est arrêtée tout net.
 
Après le grand silence et la dispersion de tous – ou quasiment, au petit matin, Marie-Madeleine et l’autre Marie veulent accomplir ce qui n’a pu être fait. Le corps a droit à un minimum de dignité et de respect. Et là, un tremblement de terre se produit, répondant à celui qui accompagna la mort de Jésus, tel que Matthieu le relate dans son évangile. Dieu intervient. « L’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. » L’évangéliste ne décrit pas la stupéfaction des femmes, mais il nous informe que la secousse, tout autant sans doute que l’apparition de l’ange, fait trembler les gardes qui « devinrent comme morts ». Ils sont tétanisés alors que l’ange annonce que, désormais, ce n’est plus ici qu’il convient de chercher Jésus. La mort n’aura pas eu raison de lui. Elles s’empressent de courir pour retrouver les autres, mais Jésus se rend présent. Ici il n’y a plus qu’une rencontre personnelle, intime. Un cœur à cœur pour faire l’expérience de cette vie nouvelle, semblable et différente, inaliénable et éternelle. C’est la vie de Dieu qui se donne à voir.
 
La liturgie nous a fait parcourir toute l’histoire du salut à travers les sept lectures tirées de l’Ancien Testament. Nous nous sommes ainsi rappelés que Dieu, à l’origine, crée l’homme « à son image à sa ressemblance ». Le péché viendra entacher de dissemblance cette nature première. Pourtant Dieu ne se résoudra pas et choisira de faire alliance avec un peuple qu’il fera sien. Il le fera sortir de l’esclavage au pays d’Egypte pour le mener jusqu’à la terre promise. Peuple « à la nuque raide », ce peuple élu sera tenté par de nombreuses infidélités et même la parole des prophètes, tantôt appelant avec véhémence à la conversion, tantôt annonçant la douceur d’une alliance retrouvée, n’y fera rien.
 
Un engagement personnel est dès lors nécessaire. Ce qui se joue ici, dans le mystère pascal, convoque la volonté d’un chacun et ne peut plus se targuer de la fidélité ou se lamenter sur l’infidélité des générations passées. Car « nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. » Chacun est comme attaché personnellement au Christ.
« Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. »
 
C’est que la communion au Christ ne peut se vivre dans une réalité virtuelle. Pas plus qu’elle peut se dissoudre dans l’anonymat d’une foule. On n’est pas croyant, disciple de Jésus, en se dissimulant derrière d’autres ou en se donnant bonne conscience derrière un écran en période de confinement. L’expérience de foi qui nous est proposée, et même si nous la vivons de manière inédite, n’est pas pour autant édulcorée. Voulez-vous suivre, oui ou non, ce Christ Jésus que vous avez pu acclamer du bout des lèvres ou de manière enjouée ; ce Christ Jésus dont vous avez approuvé la mort au sein de la foule, par couardise ou confort ? Il est là, vivant, sorti du tombeau face à vous. Peu importe vos manquements, vos doutes ou même vos fautes, il vous convie à le suivre. Le ferez-vous ?
 
AMEN.
 
Michel STEINMETZ †

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