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samedi 25 avril 2020

Homélie de la célébration de la Passion et de la Mort du Seigneur - Vendredi-Saint 10 avril 2020

La foule se presse cet après-midi-là aux abords du Golgotha. A la veille de la Pâque, l’occupant romain et les autorités religieuses offrent un spectacle devant marquer profondément les esprits. Plus que d’habitude où il s’agit de faire régner l’ordre public par la terreur, il s’agit aujourd’hui de venir à bout d’un blasphème qui n’a que trop duré et de fermer, une bonne fois pour toutes, le dossier « Jésus ». C’est ainsi que, depuis la nuit et l’aube, l’affaire a été rondement menée.  Alors que la Ville grouille de monde avec des gens venus d’un peu partout, les gibets dressés au somment du monticule, juste avant les portes de Jérusalem, près d’une voie de passage, impressionnent et rappellent que l’ordre établi ne saurait être mis à mal. C’est tout du moins ce que s’imaginent les organisateurs de cette mort et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, les suivent.
 
Car, si la mort de Jésus n’a rien d’un spectacle pour lequel on se presserait et on se serrerait les uns aux autres, la foule est présente. Sans doute la même qui l’a acclamé dimanche lors de son entrée triomphale, la même encore que celle de ce matin, réclamant la mise à mort par ses cris devant le palais de Pilate. Et, à nouveau, cette foule n’existe que parce qu’elle est composée d’individus. On trouve là des faibles, des tièdes, des curieux, des lâches, des déçus.  Des faibles, qui n’arrivent pas à penser par eux-mêmes et qui préfèrent croire ce que d’autres veulent qu’ils croient. De tièdes, qui par peur, n’osent pas exprimer leur refus de l’abjecte ; sait-on jamais, il pourrait y avoir des représailles. Des curieux, voyeurs, avides de sang et de violence, qui, peut-être dans le secret de leur cœur, estiment que c’est bien fait pour Jésus. Des lâches qui avaient suivi Jésus avec empressement mais sont tout aussi prompts, maintenant, à l’abandonner car ils ne croient plus en lui. Des déçus qui avaient sincèrement penser que Jésus pouvait être leur espérance et ne peuvent que constater, là, son impuissance sur la croix.
 
Bien que nous ne puissions être rassemblés, la mort de Jésus et ses souffrances ne sont pas un spectacle morbide que, pour les uns, nous manquerions, ou auquel, pour les autres, nous échapperions. La violence de sa mort, à laquelle se rajoute celle des insultes et des moqueries – comme si le supplice ne suffisait pas ! – est mise devant nos yeux. Nous contemplons jusqu’où va la bêtise et la barbarie des hommes et jusqu’à où va l’amour de Dieu dans le don de lui-même. Car aussi basse et profonde que peut être la souffrance aussi puissante et exaltante est la grâce. La mort de Jésus rejoint chacun de nous, quel que soit celui en qui nous nous reconnaissons dans la foule. Les bras étendus de Jésus saisissent chacun et chacune dans l’infini de l’amour livré. Si l’amour est ainsi exposé, il n’est pas un objet de musée ou de vénération. L’acte que pose Jésus dans sa mort ne s’expose pas dans une vitrine ou un reliquiaire, quand bien même des crucifix nous saisissent par leur beauté ou leur réalisme. Jésus nous invite à mourir avec lui, comme lui, dans le même abandon et la même confiance. Et saint Basile d’affirmer dans son Traité sur le Saint-Esprit :
« Comment donc lui ressembler dans sa mort ? En nous ensevelissant avec lui par le baptême. Mais de quelle manière s'ensevelir ? Et quel avantage tirer de cette imitation ? D’abord, il est nécessaire de briser le cours de la vie passée. Cela est impossible à moins de renaître, selon la parole du Seigneur. La seconde naissance, comme le mot l’indique, est le commencement d’une autre vie. Si bien que, pour commencer cette autre vie, il faut mettre fin à la précédente. […] Comment donc réussir à descendre au séjour des morts ? En mimant l’'ensevelissement du Christ par le baptême. En effet, le corps du baptisé est en quelque sorte enseveli dans l’eau. Par conséquent, c'est l'abandon d’une vie selon la chair que le baptême suggère symboliquement. »
 
Peut-être pensez-vous être ensevelis dans votre confinement ? N’oubliez pas que la pierre qui se roule sur vous ne l’est que pour un moment. Car, déjà vous êtes vivants par votre baptême et bientôt le Christ vous fera sortir de la torpeur qui vous engourdit encore !
 
AMEN.
               
Michel STEINMETZ †

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