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samedi 21 décembre 2019

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent (A) - 22 décembre 2019

Ces jours-ci, un ami avait posté une information sur un réseau social. Il se moquait de lui-même devant une bourde qu’il venait de faire. Rien de bien grave. Beaucoup ont commenté les choses avec humour et amitié. Cependant il s’est trouvé une personne pour mettre méchamment en cause un tiers. Cet ami a dû supprimer ce commentaire désobligeant. Souvent je demeure stupéfait par ce genre de propos ; ils ont souvent pour auteurs des personnes parfaitement non-informées sur le sujet qu’elles se croient en capacité de commenter. Mais le plus grave est que tout aussi souvent des propos hargneux et blessants viennent se mêler à tout cela. Jadis, ces paroles étaient l’œuvre des piliers de bar au bistrot du coin, et ne portaient finalement pas plus à conséquence que cela ; aujourd’hui, elles sont écrites et diffusées très largement. Il y a de quoi être affligé.
Imaginez dans la Palestine du Ier siècle, l’histoire de Joseph. Elle a probablement scandalisé les habitants du petit village de Nazareth : le récit de Marie, fiancée à Joseph et enceinte avant son mariage, a dû certainement alimenter des ragots... et les commentaires déplacés !
Il est facile d’attaquer pour ne pas se remettre en question. Dans nos familles, dans nos lieux de vie, nous aussi, nous alimentons souvent, involontairement, la suspicion, les intrigues... Nous discutons, convaincus parfois d’avoir certaines clés, alors que celles-ci nous manquent. Les murmures sont souvent des moyens de ne pas se remettre en question, de ne pas faire face à la réalité. Les murmures sont aussi des signes d’orgueil car nous croyons savoir. Et l’histoire de Joseph nous montre précisément que nous ne savons pas tout. Que l’intimité ne peut jamais nous appartenir. Joseph, lui non plus, ne savait pas tout et il n’était pas prêt. Mais il a accueilli simplement et sans juger la vie qui lui était confiée. Accueillir sans juger : voilà ce qui fait de lui un homme juste. Et comme Joseph, nous pouvons entendre une voix nous dire : « Ne crains pas ». « N’aie pas peur de ce qu’on dit de toi ». C’est parce que tu ne connais pas l’intimité des histoires de ceux que tu rencontres que tu es invité à ne pas juger. Juger, c’est avant tout ne pas connaître. Voilà pourquoi la justice dans l’antiquité grecque  souvent représentée avec un  voile sur les yeux. Comme si tout jugement s’accompagnait toujours d’un mouvement d’inconnaissance, qui peut restaurer la confiance.
 
Dans l’Evangile, alors que Luc nous présente l’histoire de Jésus à travers les yeux de Marie, Matthieu nous présente la même histoire, la naissance de Jésus, à travers les yeux de Joseph. Joseph ne comprend pas ce qui lui arrive. Deux possibilités s’offrent alors à lui : la suspicion qui murmure ou la confiance qui ne juge pas. Joseph est un homme juste, c’est aussi un homme religieux. Il connaît les Ecritures et il est pétri de l’attente de son peuple. Un jour, Dieu enverra un Sauveur. Il va naître d’une vierge. Elle sera enceinte et on lui donnera le nom d’Emmanuel. Voilà le signe que Dieu donnera. Joseph, pas plus qu’Acaz, n’exigera de signe. Il l’accueillera, tout simplement, et fera confiance. Confiance à Marie, confiance à l’ange, confiance à Dieu.
 
Le temps de l’Avent est donc bien plus qu’un temps d’attente. C’est un temps qui nous invite à transformer notre regard, pour accueillir avec confiance l’imprévu, ce que nous n’avons pas choisi, ce que nous n’avons pas décidé pour nous-mêmes. Cela prend du temps de discerner qui nous pouvons devenir, ce que Dieu nous invite à être.  Parfois nous prenons des décisions, et nous ne comprenons nos choix que bien plus tard. Il ne s’agit pas de tout justifier, mais où que nous soyons, il est toujours possible de relire sa vie. Nous ne pouvons changer notre histoire, mais nous pouvons changer sa lecture pour intégrer dans nos vies ce qui semble impossible à accepter ou à digérer. Voilà la liberté des enfants de Dieu. C’est cette liberté que nous montre Joseph : un chemin d’humilité et d’inconnaissance. Joseph, en ne craignant pas de prendre Marie pour épouse, veut ainsi le non-voulu. Comme le dit le poète, « Lorsque tu désires ce que tu as, tu as ce que tu désires. »  
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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